mercredi 26 mai 2021

DYNAMISER la Municipalité de Lac-Simon

 


DYNAMISER la municipalité de Lac-Simon
Jean-Matthieu Laporte
La Journal Les 2 vallées
Mercredi 26 mai 2021
1) le mini-put (ouverture 2020)
2) des terrains de pétanque, pickleball, basketball et deux terrain de tennis (avril 2021)
3) un parc canin (mai 2021)
4) un parc pour enfant et pavillon d’accueil (août 2021)

La municipalité de Lac-Simon continue de développer ses aménagements, ses services et ses projets afin de dynamiser son territoire.
Dans le but de répondre aux besoins de plusieurs contribuables exprimant leur désir de bénéficier d’un terrain clôturé afin de laisser courir librement leur chien, le conseil municipal à procéder à l’aménagement d’un nouvel espace public.
Situé à l’intersection de la route 321 et du chemin du Parc, le parc canin est gratuit et accessible tous les jours de 7 h jusqu’au crépuscule. De plus, un grand stationnement permet aux visiteurs de s’y garer en toute tranquillité.
« Le parc est achalandé, il y a même des groupes sur Facebook, les gens s’envoient des photos, se donnent rendez-vous. C’est un très beau succès », s’enchante la conseillère municipale de Lac-Simon, Chantal Crête.
À cela s’ajoute la réouverture du mini-putt pour la saison estivale.
La municipalité a en effet acheté un terrain pour permettre aux citoyens de profiter de leur région. « Ce sera la deuxième année que nous offrons cette activité. Comme nous avons déjà obtenu un grand succès, nous espérons conserver cet engouement », indique Mme Crête.
« Les bâtons et les balles sont disponibles auprès du préposé en poste au coût de 2 $ par personne par partie, montant symbolique pour rendre l’endroit le plus accessible possible. »
« De plus, l’été dernier a eu lieu l’inauguration de notre nouveau parc récréatif qui regroupe plusieurs activités telles qu’un terrain de tennis, de pétanque, de pickleball et de basketball », mentionne-t-elle.
« Aussi, nous avons d’autres projets de construction, d’agrandissements et d’aménagements. Nous souhaitons, par exemple, faire la construction d’un parc pour enfant et d’un pavillon d’accueil. Nous voulons faire profiter ces offres à la population. » 
 
INCERTITUDE
Si les choses vont bon train pour les activités récréatives, la municipalité ne sait pas encore ce qui se passera pour sa soirée de feux d’artifice annuelle. « Bien qu’il y a eu une résolution pour qu’on organise cette soirée, nous allons devoir en rediscuter, précise Mme Crête. Ça va être difficile cette année. »
En contrepartie, la municipalité souhaite tout de même organiser des festivités pour la Fête nationale du Québec. « Nous avons prévu un circuit en automobile pour retracer les lieux importants de l’histoire de la municipalité. »
 
COUVERTURE DU RÉSEAU WIFI
D’autre part, les résidents pourront bénéficier d’une plus grande couverture du réseau WiFi public. « Certains secteurs de Lac- Simon n’étaient pas desservis. Nous avons pris une résolution en début d’année, ça devrait être plus accessible prochainement. »

vendredi 21 mai 2021

La facture pour les sites miniers du Québec reste salée

NON à la mine La Loutre de Lomiko !   

Environ 400 sites qui sont encore « sous responsabilité réelle et probable » de l’État québécois


La facture pour les sites miniers du Québec reste salée
Alexandre Shields
25 mai 2021

Malgré des dépenses de plus de 180 millions de dollars de fonds publics depuis 2006, la facture de la restauration des sites miniers abandonnés au Québec ne diminue pas, selon ce qui se dégage des plus récentes données officielles. Elle avoisine toujours 1,2 milliard de dollars, soit pratiquement le même montant qu’il y a 10 ans. À l’instar des gouvernements précédents, celui de François Legault promet toutefois d’agir pour venir à bout d’un des pires héritages toxiques de la province.

Au fil des décennies, des entreprises minières ont laissé derrière elles des centaines de sites miniers abandonnés, qui sont aujourd’hui à la charge de l’État québécois, un peu partout sur le territoire. Certains sites d’exploration nécessitent des travaux de nettoyage sommaires, alors que d’autres, essentiellement d’anciens sites d’exploitation, doivent faire l’objet d’importants travaux de décontamination.

Selon les données fournies au Devoir par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), on compte aujourd’hui un peu plus de 400 sites « sous responsabilité réelle et probable » de l’État, alors qu’on en recensait 729 en 2011. Cette baisse du nombre de sites miniers orphelins à inspecter et à restaurer est essentiellement due au fait que le gouvernement injecte, année après année, des millions de dollars pour tenter de venir à bout de ce passif environnemental.

Le plus récent bilan disponible auprès du MERN, soit celui du 31 mars 2020, fait ainsi état d’investissements publics de 178,5 millions de dollars depuis 2006 pour la restauration et le suivi des sites inscrits au « passif à titre de terrains contaminés ».

Or, malgré les dizaines de millions de dollars de fonds publics dépensés depuis 15 ans, le montant de l’évaluation du « passif » n’a pas reculé. En date du 31 mars 2020, il était estimé à 1,2 milliard de dollars, soit essentiellement le même montant estimé en 2010-2011.

Cela signifie-t-il que la facture n’a pas diminué, malgré les dépenses et les travaux de la dernière décennie ? « La valeur du passif évolue annuellement. La variation du nombre de sites miniers, la réévaluation des coûts de restauration, l’évolution de l’état de contamination ou des connaissances de cet état d’un site viennent notamment expliquer cette situation », indique le MERN, par courriel. On précise également que « la valeur du passif évolue aussi en fonction de divers facteurs économiques : les coûts de restauration, les conditions du marché immobilier, les coûts de main-d’œuvre, le marché du travail, l’évaluation municipale ».

En ce qui a trait à la facture totale estimée pour les contribuables québécois, le MERN souligne que le montant est de 1,15 milliard de dollars en 2019-2020, une somme que le ministère prend soin d’arrondir à 1,2 milliard de dollars. On affirme qu’il s’agit donc du montant « le plus bas » depuis 2010-2011, alors que la facture pour l’État était évaluée à 1,23 milliard de dollars. Concrètement, cela équivaudrait donc à un recul de 30 millions de dollars en 10 ans.

Plan à venir

Le MERN dit par ailleurs poursuivre les travaux en matière de restauration des sites miniers. « Un plan de travail pour 2021-2022 sera d’ailleurs publié ce printemps. » Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, pense-t-il pouvoir un jour terminer la restauration de tous les sites ? Le cabinet du ministre n’a pas répondu aux demandes répétées du Devoir pour obtenir une réponse à cette question.

Il faut aussi noter que la « caractérisation » des sites miniers abandonnés n’est toujours pas achevée. Concrètement, cela signifie que la facture pourrait encore s’alourdir, une fois que le gouvernement aura terminé l’évaluation de tous les sites d’exploration et d’exploitation problématiques, au plus tard en mars 2023.

Porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, Ugo Lapointe n’est pas surpris de voir que la facture du passif minier n’a pas diminué depuis 10 ans. « Le montant de 1,2 milliard est une estimation, mais plus on évalue l’état des sites abandonnés, plus la facture augmente. Il n’est pas impossible que la facture double. »

M. Lapointe déplore depuis plusieurs années le fait que la facture soit assumée entièrement par les contribuables québécois, « alors qu’ils ne sont pas responsables du problème ». La Coalition pour que le Québec ait meilleure mine plaide pour l’imposition d’une taxe de moins de 1 % sur la « valeur brute » du minerai exploité au Québec pour payer au moins 50 % de la facture totale de la restauration des vieux sites miniers orphelins. Une idée rejetée par le gouvernement Legault.

Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, la valeur brute des ressources minières exploitées au Québec a atteint 10,9 milliards de dollars en 2019 et 10,7 milliards en 2018. À titre de comparaison, les « revenus miniers » du gouvernement ont atteint 279 millions de dollars en 2019-2020, soit 2,5 % de la valeur brute.

Pour éviter de répéter les erreurs du passé qui coûtent aujourd’hui très cher au trésor public, le MERN rappelle que, depuis la réforme dela Loi sur les mines, en 2013, les entreprises minières doivent déposer au gouvernement « une garantie financière correspondant à 100 % des coûts anticipés pour la restauration de l’ensemble du site ». Selon le ministère, « les sociétés minières remplissent leur obligation de garanties financières exigibles ».

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Québec veut devenir un acteur dans les minéraux stratégiques
Julien Arsenault 
30 octobre 2020

Le gouvernement Legault cible 22 minéraux critiques et stratégiques — prisés notamment par les fabricants d’appareils électroniques et de batteries — dans sa stratégie visant à faire de la province un fournisseur d’envergure dans un contexte où la demande pour ces ressources est appelée à croître rapidement.

Si les 11 objectifs présentés jeudi ratissent large, il faudra vraisemblablement s’armer de patience avant l’annonce d’une première pelletée de terre. La première étape consistera à avoir une meilleure idée de ce qui se trouve dans le sous-sol québécois par l’entremise d’une cartographie, qui devrait surtout s’effectuer dans le Nord-du-Québec ainsi que dans l’est de la province.

Les détails entourant l’enveloppe de 90 millions échelonnée sur cinq ans qui était prévue ont été dévoilés en conférence de presse par le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, accompagné de ses collègues à l’Économie, Pierre Fitzgibbon, aux Relations internationales, Nadine Girault, et à l’Environnement, Benoit Charette.

« Nous sommes en avance sur les autres provinces de cinq à six mois certainement, a estimé M. Julien. Si nous voulons participer à ce boom, on doit y être aujourd’hui. Oui, on a un certain retard sur la Chine et la Corée, mais en Amérique du Nord, on se positionne au bon moment. »

Le lithium, le graphite et le cobalt sont au cœur de la stratégie. On retrouve aussi le cuivre, le titane, le zinc, le magnésium et le niobium. Les minéraux figurant sur la liste sont prisés dans des secteurs comme les télécommunications, l’aérospatiale, le domaine médical ainsi que l’électrification des transports. À terme, bien plus de fonds publics risquent d’être injectés dans cette stratégie, puisque différents ministères, dont celui de l’Économie et de l’Innovation, disposent de jusqu’à 1 milliard pour investir dans des projets miniers, par exemple.

En forte hausse

Selon les données gouvernementales, d’ici 2050, la demande pour le cobalt, le lithium et le graphite — au cœur de la stratégie — pourrait quintupler à l’échelle mondiale. Alors que la plupart des minéraux critiques et stratégiques utilisés en Amérique du Nord proviennent de l’Asie, Québec souhaite que sa stratégie se traduise par de nouveaux projets et la construction d’infrastructures pour améliorer l’accès au territoire.

La stratégie souhaite aussi mettre l’accent sur la transformation et le recyclage. Par exemple, avec un nombre croissant de véhicules électriques sur les routes, on veut pouvoir recycler les batteries qui contiennent des minéraux. La stratégie s’ajoute déjà aux efforts déployés par le gouvernement Legault pour créer une filière des batteries électriques.

« Lorsque l’on regarde la croissance [prévue] au cours des 20 prochaines années, je pense qu’il est impératif pour les producteurs de véhicules [automobiles] que la chaîne d’approvisionnement soit le plus proche possible, a expliqué M. Fitzgibbon. Le Québec [a] un avantage concurrentiel. »

M. Fitzgibbon a également souligné qu’à l’heure actuelle, le lithium ainsi que le graphite disposaient d’une longueur d’avance en matière de projets — qui ont parfois fait face à d’importants défis. Par exemple, Nemaska Lithium s’est protégée de ses créanciers en raison d’importantes difficultés financières avant d’être reprise par Québec et un partenaire privé.

Premières Nations

Par ailleurs, des négociations sont à prévoir avec les Premières Nations puisque les endroits ciblés pour la cartographie ainsi que les projets potentiels se trouvent sur les territoires des communautés autochtones. M. Julien a précisé que des consultations avaient eu lieu dans le cadre de la stratégie, mais qu’aucune entente officielle n’avait été annoncée.

Dans l’ensemble, la stratégie gouvernementale a reçu un accueil favorable de la part de l’industrie minière ainsi que du milieu des affaires. Pour sa part, si une coalition de citoyens, d’élus municipaux, de syndicats et d’organismes environnementaux a vu d’un bon œil l’aspect entourant le recyclage, elle a déploré les commentaires du ministre de l’Environnement, qui ne semble pas vouloir revoir l’encadrement des projets miniers.

« Une mine, ce n’est pas comme ouvrir un dépanneur au coin de la rue, a lancé le co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, Ugo Lapointe, en entrevue téléphonique. On ne peut pas prétendre faire une filière de batteries pour des véhicules électriques verts si on ne fait pas une évaluation environnementale des mines qui vont l’alimenter. »

Cette coalition a notamment demandé que tous les projets miniers soient assujettis à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. 

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Les États-Unis lancent un plan pour garantir l’approvisionnement en minéraux stratégiques
Christophe Vogt
4 juin 2019

Les États-Unis ont dévoilé mardi un plan pour garantir l’approvisionnement du pays en minéraux stratégiques et notamment en terres rares, indispensables à tous les équipements électroniques et auxquels la Chine a menacé de restreindre l’accès.

« Ces minéraux critiques sont souvent ignorés, mais sans eux la vie moderne serait impossible », a déclaré Wilbur Ross le secrétaire américain au Commerce, affirmant que le gouvernement fédéral « prend des mesures sans précédent pour s’assurer que les États-Unis ne seront pas coupés de ces matériaux vitaux ». Le plan d’action identifie 35 éléments stratégiques dont l’uranium, le titane et les terres rares, pour lesquels les États-Unis sont particulièrement dépendants de l’étranger.

Le rapport rappelle que pour 14 des 35 matériaux détaillés sur la liste, les importations représentent plus de 50 % de la consommation annuelle des États-Unis. Pour 14 des minéraux listés, « les États-Unis n’ont aucune production nationale et dépendent complètement des importations », note le rapport.

La Chine produit l’essentiel des terres rares de la planète, un ensemble de 17 métaux indispensables aux technologies de pointe et que l’on retrouve dans les téléphones intelligents, les écrans plasma, les véhicules électriques, mais aussi dans l’armement. Et Pékin s’est plu à rappeler cette dépendance — pas seulement des États-Unis — le 22 mai quand Xi Jinping est allé visiter une usine de traitement de ces métaux stratégiques. Une manière subtile de laisser planer la menace de bloquer les exportations.

Ce geste fait suite à l’intensification de la guerre commerciale menée par Donald Trump contre la Chine, mais aussi des lourdes sanctions prises contre le géant chinois des télécoms Huawei, que Washington soupçonne de favoriser l’espionnage par le régime. Une semaine plus tard, le message était encore plus clair. « Si quelqu’un veut utiliser des produits fabriqués à partir de nos exportations de terres rares pour freiner le développement de la Chine, alors je pense que [...] le peuple chinois sera mécontent », a mis en garde un responsable de la puissante agence de planification économique.

En 2010, en représailles à un différend territorial, Pékin avait brutalement interrompu ses exportations de terres rares vers le Japon mettant les entreprises de hautes technologies nippones en grandes difficultés.

Jusqu’au milieu des années 80, les États-Unis dominaient la production mondiale de terres rares, mais une catastrophe écologique dans la seule mine du pays a mené à sa fermeture en 2003, avant sa réouverture en 2011 après une flambée des prix.

Pour éviter de se retrouver dans la même situation que le Japon, l’administration Trump a bâti sa stratégie sur six plans d’action. Washington compte ainsi accélérer la recherche, le développement et le déploiement de méthodes de recyclage et de réutilisation de ces minéraux stratégiques, trouver des alternatives et aussi diversifier l’approvisionnement et améliorer les processus d’extraction, de séparation et de purification.

De fait pour certains des minéraux concernés, les États-Unis disposent bien de la matière première, mais pas du savoir-faire pour les rendre utilisables par l’industrie.Washington compte aussi renforcer la coopération et améliorer le commerce international de ces minéraux avec ses alliés.

Le plan stratégique prévoit également de faire un recensement précis des ressources naturelles disponibles dans le pays pour pouvoir les exploiter, mais il compte aussi faire la nomenclature de sources d’approvisionnement moins traditionnelles, comme l’extraction à partir de l’eau de mer ou de déchets du charbon. Et comme elle l’a fait pour d’autres industries, l’administration veut déréguler pour accélérer les choses. Le gouvernement veut enfin s’assurer qu’il disposera de la main-d’oeuvre qualifiée nécessaire pour mener à bien son projet et bâtir une base industrielle nationale solide.

mercredi 12 mai 2021

La perte de terrain du touladi dans certains lacs de l'Outaouais inquiète

 


La perte de terrain du touladi dans certains lacs de l'Outaouais inquiète
Benoit Sabourin
8 mai 2021

 
Face à une baisse préoccupante des taux de population de touladis observée ces dernières années dans les lacs Simon et Gagnon, en Outaouais, de même que dans les lacs Montjoie et Sept Frères, dans la portion de la réserve faunique de Papineau-Labelle, située dans les Laurentides, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) du Québec sollicite la collaboration des pêcheurs dans le cadre d’un projet de recherche.

L’étude coordonnée par la direction de la gestion de la faune de l’Outaouais a pour objectif de vérifier si la ouananiche et le touladi, mieux connu sous le nom de truite grise, sont en compétition pour la même nourriture.

Les quatre plans d’eau à l’étude font tous partie du bassin versant de la rivière Petite-Nation dans lequel la ouananiche a été introduite par ensemencement au fil des ans.

Des rapports réalisés dans trois des quatre lacs visés par l’analyse du MFFP ont démontré dans les dernières années que les populations de touladis étaient en baisse. Selon la biologiste à la direction de la gestion de la faune en Outaouais, Julie Deschênes, la présence de plus en plus importante de la ouananiche, qui a un régime alimentaire similaire à celui du touladi, pourrait représenter une hypothèse à ce phénomène.

«À ce moment, les objectifs étaient différents et nous n’avions pas nécessairement toute l’information par rapport à ce que ça pourrait avoir comme impacts, explique cette dernière à propos de l’ensemencement de ouananiche qui a été faite à une certaine époque dans le bassin versant de la rivière Petite-Nation. C’est sûr que les connaissances changent au fil du temps. On se rend compte aujourd’hui qu’il y a peut-être une problématique d’alimentation. Il y a certains lacs à touladis qui ont une baisse d’abondance, mais qui ont aussi d’autres problèmes reliés à la croissance. La proie de prédilection de la ouananiche, c’est l’éperlan arc-en-ciel qui est aussi une proie que le touladi affectionne particulièrement parce que c’est un poisson qui est gras et qui procure beaucoup d’énergie. On sait qu’il pourrait y avoir une compétition, mais on veut voir si c’est un problème.»

«Situation critique» dans le lac Gagnon

Le lac Gagnon, à Duhamel, est le plan d’eau faisant partie de l’étude où la présence de la truite grise s’est la plus détériorée dans les dernières années. Un rapport sommaire réalisé en 2017 sur ce lac avait démontré des données inquiétantes, souligne Mme Deschênes.

«Le lac est tout près du seuil qui dit que la valeur de touladis n’est pas suffisante pour que la réglementation puisse à elle seule remettre sur pied la situation. Il faudrait soit fermer la pêche pour cette espèce, soit faire des ensemencements de repeuplements. C’est quand même assez critique comme situation, mais pour aller de l’avant avec ces solutions, il faut trouver le problème qui cause les baisses de population», affirme la biologiste.

La recherche qui s’amorce a aussi pour but «d’évaluer certains enjeux socioéconomiques liés à la pêche de ces deux espèces, notamment ce que les pêcheurs recherchent et leur degré de satisfaction», précise Mme Deschênes.

Collaboration des pêcheurs

Pour mener à terme son étude, la direction de la gestion de la faune de l’Outaouais postera des spécialistes du MFFP sur les lieux de mise à l’eau des différents lacs visés, ces prochaines semaines.

Ce dimanche 9 mai, à la marina du lac Simon, de 11h à 18h, les pêcheurs de ouananiches et de touladis sont invités à aller présenter leurs prises aux experts du ministère.

«Les spécialistes analyseront les poissons et prélèveront l’estomac et les os de l’oreille interne (otolithes) afin de déterminer leur âge et ce qu’ils ont mangé. Les pêcheurs seront également invités à remplir un questionnaire en ligne. À la suite des analyses du MFFP, les pêcheurs qui le souhaitent pourront recevoir de l’information sur leurs prises», explique le MFFP, dans un communiqué de presse.

Pour le lac Montjoie, dans la réserve faunique de Papineau-Labelle, les spécialistes du MFFP seront présents les samedis 15, 22 et 29 mai, de 11h à 18h.

Finalement, pour le lac des Sept Frères, il sera possible pour les pêcheurs d’aller présenter leurs prises aux intervenants du ministère les dimanches 16, 23 et 30 mai, de 11h à 18h.

Puisque l’étude se poursuivra jusqu’à la fin de la période de la pêche, en septembre, il faudra durant la période estivale «prélever la tête et les viscères de chaque ouananiche et de chaque touladi pêchés et les conserver au congélateur, dans des sacs hermétiques individuels, indiquant la date, le nom du lac et de l’espèce (touladi ou ouananiche)» et ensuite communiquer avec Mme Deschênes par courriel au julie.deschenes@mffp.gouv.qc.ca «pour convenir d’une méthode sécuritaire pour transmettre vos échantillons».

Les pêcheurs devront finalement remplir un questionnaire en ligne sur le site du MFFP.


 

lundi 3 mai 2021

Au tour de la Fédération histoire Québec de demander la préservation du Lodge du lac Simon

 


Au tour de la Fédération histoire Québec de demander la préservation du Lodge du lac Simon
Benoit Sabourin
3 mai 2021

La Fédération histoire Québec (FHQ) joint sa voix à celle de la Société d’histoire de l’Outaouais afin de demander à la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) de sauvegarder, de restaurer et de mettre en valeur le Lodge du lac Simon, à Duhamel, ce chalet en bois qui a autrefois servi d’auberge et de salle de réception pour les dirigeants de la compagnie Singer.

Le bâtiment, qui était utilisé dans l’ère moderne par le Centre touristique du Lac-Simon, est fermé depuis 2019 après que de l’amiante ait été découvert à l’intérieur des lieux. La Sépaq étudie depuis l’automne 2020 ses options quant à l’avenir de l’immeuble construit dans les années 1940.

«La Fédération Histoire Québec (FHQ) appuie sans réserve l’offensive menée par la Société d’histoire de l’Outaouais, le comité de conservation du Lodge du lac Simon et nombre de citoyens de la région afin d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel. Il nous apparaît que la question de choix entre la destruction ou la sauvegarde et la mise en valeur ne devrait pas se poser pour un élément de cette valeur. Ce lodge, d’une grande richesse architecturale est inspiré de la tradition des bâtiments rustiques des clubs de chasse et pêche. Il témoigne de la villégiature, d’abord comme auberge de compagnie, puis comme bâtiment de service du Centre touristique du Lac Simon», écrit le président du comité du patrimoine de la FHQ, Clément Locat, dans une lettre envoyée lundi à André Despatie, directeur général des parcs nationaux et campings à la Sépaq.

(...)

 

dimanche 2 mai 2021

L’épopée Industrielle de la Singer en Outaouais

L’épopée Industrielle de la Singer en Outaouais
Benoit Sabourin
1 maie 2021

La Singer Manufacturing Company, réputée pour ses machines à coudre au XIXe et XXe siècle, avait beau être américaine, une partie de ses opérations s’est déroulée entre Thurso et Duhamel, de 1926 à 1964. Le Droit vous propose cette semaine un retour dans le temps afin de revisiter une épopée industrielle importante ayant marqué l’histoire de la Petite-Nation, en Outaouais.

C’est en 1923 que la compagnie Singer fait l’acquisition, pour 500 000 $, des concessions forestières que la compagnie W.C. Edwards avait vendues quelques années auparavant à la Gatineau Company, l’une des succursales prête-noms de la International Paper Company. La transaction inclut plus de 500 miles carrés de terres forestières qui s’étalent un peu au nord de Thurso jusqu’au sud de Mont-Laurier.

 

 
« Vers 1923, la International Company, celle qui va donner naissance à la CIP, va avoir des problèmes financiers. Ils sont pris avec des concessions forestières et des pouvoirs d’eau. La compagnie risquait de tout perdre parce qu’elle était en défaut de paiement. C’est à ce moment-là que la Singer, qui avait de l’argent, a flairé le bon coup. Ils cherchaient depuis longtemps à avoir leur propre scierie et pas pour n’importe quelle sorte de bois. Ce qu’ils recherchaient, c’était du bois franc. Pour un demi-million comptant, la Singer va réussir à mettre la main sur la plupart des concessions forestières qui sont dans le bassin de la rivière Blanche et Petite-Nation, jusqu’à l’intérieur des terres », explique l’historien Pierre Louis Lapointe, auteur de Thurso : sa rivière et son domaine forestier (1807-2017).
 
Une exemption de taxes de 20 ans comme appât

Dès lors, plusieurs localités situées en bordure de la rivière des Outaouais se font la lutte pour tenter d’attirer l’entreprise dont le siège social était établi au New Jersey. La Singer projette la construction d’une ligne de chemin de fer, d’une scierie, d’une cour à bois et éventuellement d’autres usines. 

Des travailleurs chargent des billes de bois sur les wagons de la Thurso and Nation Valley Railway, en mai 1929, à la baie de l’Ours, sur le lac Simon. 

COLLECTION PIERRE LOUIS LAPOINTE, SÉRIE «GATINEAU POWER»

« Quand on parle des compétiteurs possibles de Thurso, il y avait Fassett qui avait beaucoup de maisons inoccupées parce qu’on avait perdu énormément de monde lorsque la Fawcett Lumber Company avait transféré ses opérations en Ontario quelques années auparavant », note au passage M. Lapointe.

Le maire de Thurso, Gonzague Gagnon, et ses échevins convoquent en février 1924 une assemblée spéciale. Le conseil adopte une résolution qui propose notamment aux dirigeants de la Singer une exemption de taxes municipales sur 20 ans si la compagnie décide de s’établir dans le village. En échange, on demande que l’entreprise « emploie 200 hommes dans les trois années de la présente date ».

 


Pierre Louis Lapointe souligne que même le curé Joseph-Gustave Desrosiers va signer une promesse de vente exclusive à la compagnie Singer d’un lot qui avait été donné aux catholiques de Thurso par John Fraser de Berry, ancien Seigneur de Contrecœur et de Cournoyer. Une entente sera finalement conclue entre les instances municipales et la compagnie.

La nécessité d’un chemin de fer

Ce que la Singer veut aller récolter en forêt, c’est le bouleau jaune (merisier), un bois dur qui sert à la confection des meubles de machines à coudre. Puisque ce bois ne flotte pas, la drave n’est pas une option pour rapatrier les billes vers les installations de sciage de Thurso et il n’existe aucun système de transport routier en forêt à cette époque, rappelle M. Lapointe.



La solution passe par la Thurso and Nation Valley Railway (TNVR) qui est incorporée en mars 1925. Cette filiale de la Singer va assurer la gestion de la future voie ferrée et de la locomotive qui transportera le bois vers Thurso. La construction des rails vers Duhamel, qui deviendra le quartier général forestier de la compagnie, s’amorce à l’été 1925. À l’automne 1926, déjà 51 kilomètres de voie ferrée sont aménagés.

Le train forestier se rend jusqu’au lac Simon, à la fin de la décennie. Toutefois, la Grande Dépression de 1929 vient stopper les travaux de la ligne ferroviaire. La locomotive atteindra Duhamel seulement en 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale stimule les activités de la Singer. « La Singer va ouvrir une usine de fabrication de contreplaqués pour sa fabrication de meubles à Thurso, notamment pour ses machines à coudre. La guerre et l’après-guerre, c’est une période de prospérité pour la compagnie. On va même prolonger la voie ferrée un peu plus loin que Duhamel. Signe de la bonne santé de la compagnie, les locomotives à vapeur sont remplacées par des locomotives au diesel en 1946 », précise l’historien Michel Prévost, en entrevue. À terme, la ligne du train s’étendra sur 90 kilomètres.


 
Déclin et rachat par la James Maclaren

À la fin des années 1960, le marché des machines à coudre est de plus en plus compétitif à l’échelle mondiale. La Singer tente de diversifier son marché. En 1959, on rapatrie à Thurso les opérations de fabrication et de finition des cabinets de machines à coudre qui se faisaient auparavant à l’usine de Saint-Jean.

En 1956, la compagnie fait même construire, au coût de 21 millions de dollars, une usine de pâte kraft à Thurso. Le 16 mars 1958, une première fumée sort des cheminées de la Thurso Pulp and Paper Company qui deviendra au fil des décennies l’usine Fortress qu’on connaît aujourd’hui.

Le règne de la Singer tire cependant à sa fin. « En 1964, tous ces actifs, incluant le chemin de fer et ses concessions forestières, passent aux mains des Industries James Maclaren de Masson », souligne M. Lapointe.

En 1986, alors que le camionnage est de plus en plus utilisé pour transporter le bois, la compagnie James Maclaren décide de fermer définitivement la voie ferrée reliant Thurso à Duhamel. Les rails seront par la suite démantelés.

« Aujourd’hui, beaucoup de motoneigistes et de gens qui font du V.T.T. à Duhamel ignorent qu’ils circulent sur l’ancienne voie ferrée de la Singer, souligne l’historien Michel Prévost. On parle d’une voie ferrée qui été opérée durant 60 ans, ce qui est quand même très important. À part la ligne du Canadien Pacifique, qui reliait Montréal à Hull et qui suit la rivière des Outaouais, la voie ferrée de la Singer a été la seule qui entrait dans le territoire de la Petite-Nation. » (...)

 



À 15 ans sur les chantiers, six jours sur sept
Benoit Sabourin
1 mai 2021

Émile Brodeur n’avait que 15 ans quand il a débarqué sur les chantiers forestiers de la compagnie Singer, à Duhamel. L’homme natif de Montréal a 89 ans aujourd’hui et il a encore bien frais en mémoire les souvenirs de cette époque.

« On ne faisait pas un gros salaire. Je faisais 78 $ par mois. Dans ce temps-là, on était tous pauvres. Quand j’ai reçu ma première paie à moi, je me suis rendu au magasin à Chénéville et je me suis habillé des pieds à la tête avec ça », raconte au bout du fil celui qui habite toujours Duhamel.

Quand M. Brodeur a été embauché par la Singer, en 1946, le premier emploi qu’il a occupé, c’était celui de bûcheron. Sous les ordres du contremaître, lui et ses confrères faisaient la coupe pour défricher les chemins en forêt et récolter le Saint Graal tant convoité par la Singer : le bouleau jaune, mieux connu sous le nom de merisier au Québec.

À grands coups de haches et de godendards, ces grandes scies maniées par deux personnes, les ouvriers, jeunes et moins jeunes, travaillaient à la sueur de leur front de longues journées, des mois durant, été comme hiver. Les chantiers étaient fermés à peine quelques mois durant le printemps.

« On partait le dimanche au soir ou le lundi matin et on revenait à la maison juste le samedi soir. On dormait sur le chantier, dans des camps. Toutes les semaines, c’était de même. Pour un jeune, c’était quelque chose, mais c’était la vie de ce temps-là », confie M. Brodeur.

Cordés dans de petits chalets, entre 50 et 60 employés dormaient dans des lits superposés. L’hiver, un homme était payé la nuit seulement pour chauffer le poêle, se souvient M. Brodeur.

Dans la forêt, le travail n’était pas sans risque. La machinerie n’était pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui. « Dans ce temps-là, les bulldozers étaient petits. Ils n’étaient pas assez forts pour arracher les souches. Pour les casser, ça prenait de la dynamite », explique M. Brodeur.

Et les accidents de travail ? « Ça arrivait, c’est sûr, mais c’était comme ça. Ça ne nous faisait pas peur. Il fallait faire attention. Quand tu en mettais quatre ou cinq (bâtons de dynamite) ensemble, il fallait mettre les mèches plus longues et aller se cacher, sinon tu te faisais tuer », répond le principal concerné, rire à l’appui. (...)

M. Brodeur a aussi travaillé à l’entretien du chemin de fer. Il a également été assistant au chef cuisinier sur les chantiers.

« On avait toujours quatre sortes de menus sur la table. On était très bien nourri. Fèves, ragoût, tourtière, patates, on mangeait toutes sortes d’affaires », dit-il, à propos de la nourriture qui était servie aux ouvriers.

Après une vingtaine d’années à avoir donné tout son cœur à l’ouvrage pour l’entreprise, M. Brodeur a quitté son emploi pour devenir gardien du Club des 12, un club privé de chasse et pêche qui régnait sur le territoire de Duhamel. C’était dans les années 1960, à l’âge d’or des clubs privés, avant que l’accès aux terres du domaine de l’État soit démocratisé avec la création des réserves fauniques.

Il a par la suite fondé son entreprise de construction et a fait une longue carrière de contremaître et entrepreneur jusqu’à sa retraite. (...)