mardi 4 juin 2024

ACTIVITÉS MINIÈRES: La Défense américaine verse 8,35 millions US à la minière Lomiko


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La Défense américaine veut nos minéraux: choc et consternation pour les opposants à une mine de graphite en Outaouais
Martin Jolicoeur 
4 juin 2024

L’opposition à un projet de mine de graphite, à ciel ouvert, dans la MRC de Papineau en Outaouais, vient de grimper d’un cran important alors que les citoyens, déjà fermement opposés au projet, apprenaient la semaine dernière qu’il sera financé en grande partie par le département américain de la Défense.
«Ça fait cinq ans qu’on nous répond que cette mine sera associée à un projet de transition écologique, s’insurge Louis Saint-Hilaire, un des résidants de Duhamel et co-porte-parole de la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière (QLAIM). Et voilà qu’on découvre dans vos pages que cette mine dont personne ne veut servira à l’industrie militaire. C’est absolument inacceptable.»
La semaine dernière, Le Journal révélait que le département américain de la Défense entendait investir 11,4 M$ dans le projet de mine à ciel ouvert de graphite, développé par Lomiko Metals, une société canadienne cotée à la Bourse de Toronto. Loin d’en prendre ses distances, Ottawa se joint au projet en ajoutant 4,9 M$ à l’entreprise.
Et ce n’est pas tout. Hier encore, le consul général des États-Unis à Montréal nous confirmait que d’autres projets liés aux minéraux critiques risquaient d’être financés par Washington. «Il y en a d’autres dans le processus», a-t-il laissé tomber. Et toujours avec le même objectif en filigrane: réduire sa «dépendance envers la Chine». (Voir autre article, ci-contre.)
En guerre froide
«Jusqu’ici, la population s’était surtout mobilisée pour des raisons environnementales et le risque réel que constitue ce projet pour les lacs environnants (lac Simon, lac Doré, lac des Plages, etc.)», explique Claude Bouffard, coordonnateur du Comité citoyen d’opposition au projet minier La Loutre.
«Mais là, on parle de complètement autre chose. C’est rendu que nos ressources serviront aux besoins de l’armée américaine et qu’elles se retrouvent impliquées dans la guerre froide qui oppose la Chine aux États-Unis. Ce n’est plus du tout la transition énergétique et l’électrification des transports dont on nous parlait.»
En août dernier, pas moins de 450 personnes avaient manifesté dans les rues de Lac-des-Plages contre ce projet minier. L’annonce d’investissements étrangers pour des fins militaires a eu pour effet immédiat d’amplifier le sentiment de colère de la population de l’endroit. Il l’est d’autant plus, nous dit M. Saint-Hilaire, qu’aucune évaluation environnementale du projet n’a encore été faite.
L'armée avant l'acceptabilité?
Le département américain de la Défense est également impliqué financièrement dans un projet de mine de cobalt de la minière Fortune Minerals dans les Territoires du Nord-Ouest. Ce projet, s'ajoutant à celui de La Loutre, de Lomiko, fait craindre à ses opposants que d’autres projets semblables, actuellement en phase exploratoire (Lanaudière, Mauricie, etc.), reçoivent le même accueil favorable au détriment des populations locales.
La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a décliné notre demande d’entrevue. Mais dans une déclaration transmise par son cabinet, cette dernière semble avoir été aussi surprise par les révélations du Journal que la population de la MRC de Papineau.
«Le Québec est un acteur clé des minéraux critiques et stratégiques et de leur intégration (...). Nous déplorons toutefois le fait de ne pas avoir été consulté dans ce dossier. Il aurait été plus que souhaitable que le gouvernement fédéral consulte le Québec avant d’aller de l’avant avec cette annonce de financement.»
La ministre ne prend pas l’engagement de s’opposer au projet, mais rappelle tout de même l’importance de la prise en compte de l’avis des collectivités locales. «Pour le Québec, poursuit-elle, le développement de projets miniers doit aller de pair avec l’acceptabilité sociale. Ce dossier démontre toute l’importance de respecter notre champ de compétence (...)»


Plusieurs municipalités de la MRC de Papineau, à l'image de Lac-des-Plages, s'opposent toujours au projet minier La Loutre de la compagnie Lomiko Metals.

PHOTO : RADIO-CANADA / REBECCA KWAN


Le terrain exploré par l'entreprise minière est situé à 5 km de Duhamel, entre plusieurs lacs habités.

PHOTO : SITE WEB LOMIKO METALS


Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson (Photo d'archives)

PHOTO : RADIO-CANADA / PATRICK BUTLER


La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maité Blanchette Vézina (Photo d'archives)

PHOTO : RADIO-CANADA / FRANCOIS GAGNON


David Pharand est le maire de la municipalité de Duhamel. (Photo d'archives)

PHOTO : RADIO-CANADA


Projet minier La Loutre et armée américaine : « On nous prend pour des c… »
Nelly Albérola
4 juin 2024

Le coup est dur pour les opposants au projet minier La Loutre, en Outaouais, après la nouvelle de son financement par l’armée américaine et le gouvernement canadien.
« L’annonce est accueillie avec consternation et colère. » Le co-porte-parole de la coalition Québec meilleure mine (QMM) et coresponsable du programme national chez Mining Watch Canada, Rodrigue Turgeon, n’en revient pas.
Il y a deux semaines, le gouvernement fédéral et le département de la Défense des États-Unis (DOD) ont annoncé investir plus de 15 millions de dollars pour développer le projet de mine de graphite de la Haute-Gatineau.
L’avocat de profession dénonce le détournement de la transition énergétique à des fins militaires américaines. C'est un projet minier qui, depuis plusieurs années, est présenté comme une soi-disant solution à la crise climatique. Or, aujourd'hui, on apprend que l'intérêt manifeste envers ce projet est dédié à soutenir la course aux armements et finalement le soutien de la guerre dans le monde.
« Militariser un projet minier nocif et rejeté par la population avant même de procéder à une évaluation environnementale est un acte de violence inouï du système envers les gens et la nature que nos gouvernements sont censés défendre et non attaquer. » ~ Une citation de Me Rodrigue Turgeon, co-porte-parole coalition QMM et coresponsable du programme national MiningWatch
Canada
À ses côtés, plusieurs représentants d'organismes de protection de l’environnement et d’une municipalité locale veulent alerter la population sur cette situation qu’ils estiment honteuse. Dans un communiqué de presse diffusé lundi, ils accusent le gouvernement de mentir à la population.
« On nous dit qu’en fin de compte il n’y aura pas de mine s’il n’y a pas d’acceptabilité sociale. L’arrivée de ce financement est une grande déception dans le message qu’on nous a donné à date », regrette David Pharand, maire de Duhamel, l’une des municipalités voisines du projet La Loutre.
En août 2022, le gouvernement provincial a assuré qu’aucun projet minier ne se ferait sans acceptabilité sociale. L’appui financier est ici fédéral et étranger, ce qui laisse un goût amer à l’élu local.
« Si on me dit qu’il y a eu 11 millions de dollars canadiens qui ont été donnés par la défense américaine et qu’il n'y a aucun engagement attaché à ces sommes-là : encore une fois, je pense qu'on nous prend pour des c…! »
De son côté, Rodrigue Turgeon estime également que la procédure de développement des projets miniers a été court-circuitée.
« C’est un projet qui n’a, encore à ce jour, fait l’objet d’aucune évaluation environnementale. Ce n’est pas simplement qu’on s’explique mal la situation, on est en colère face à la manière dont les choses se profilent. »
Contactée par Radio-Canada, la cheffe du développement durable de Lomiko Metals, Cindy Valence, précise que la subvention du DOD s’inscrit dans le cadre du programme Accord d’investissement technologique, qui vise justement « la réalisation d’études environnementales, d’études de préfaisabilité, d’études de faisabilité en plus d’accélérer la recherche et [le] développement pour les avancées sur les anodes qui serviront à la fabrication des batteries pour les véhicules électriques. »
Ces études prévoient également l’intégration d’un modèle de mine décarbonisée et la remise en état progressive.
« Le projet La Loutre sera soumis à toutes les lois et procédures des gouvernements fédéraux et provinciaux. » ~ Une citation de Cindy Valence, cheffe du développement durable de Lomiko Metals, Inc.
Le fait que le département américain de la Défense dépense de l'argent public pour financer des projets miniers du secteur privé au Canada est une première depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le projet de mine de graphite de la Haute-Gatineau s’inscrit dans le plan d'action canado-américain pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques, présenté par les deux pays en janvier 2020.
Avec cet accord, le gouvernement fédéral rappelle son intérêt de renforcer la production nord-américaine de minéraux critiques nécessaires à d'importants secteurs, dont la défense.
« En collaborant avec les États-Unis et d’autres alliés, nous travaillons au développement de chaînes de valeur des minéraux critiques sûres, qui façonneront un avenir prospère et durable » , avait déclaré le ministre canadien de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, lors de l’annonce de financement, en mai dernier.
« Il ne faut pas se leurrer, on le sait qu’il y a un fort intérêt à soutenir l’approvisionnement américain. Les différents départements de défense, qu’ils soient canadiens, américains ou d'autre part ailleurs dans le monde, sont de grands consommateurs de métaux » , souligne Rodrigue Turgeon.
« Là, c’est la démonstration claire que les ressources minérales québécoises ne sont pas simplement convoitées pour faire une transition juste, mais plutôt faire une transition guerrière, militaire. »
Dans une déclaration écrite, la ministre québécoise des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, déplore que le gouvernement fédéral n’ait pas consulté le Québec avant d’aller de l’avant avec l’annonce de financement.
« Pour le Québec, le développement de projets miniers doit aller de pair avec l’acceptabilité sociale. Ce dossier démontre toute l’importance de respecter notre champ de compétence pour s’assurer de la meilleure intégration possible des projets dans les milieux dans lesquels ils s’implantent. »
Séances d'information à venir
Une position provinciale qui redonne confiance au maire de Duhamel, notamment depuis le passage en Outaouais, il y a quelques jours, de Virginie Proulx, la conseillère politique de la ministre québécoise des Ressources naturelles et des Forêts.
« Le geste qui a été posé par le bureau de la ministre me donne espoir que le gouvernement souhaite rééquilibrer les forces », affirme David Pharand.
En attendant, l’Alliance municipalités de Petite-Nation Nord, un regroupement de cinq municipalités du nord de la région de Petite-Nation, travaille à la mise en place de séances d’information estivales autour du projet La Loutre en présence de représentants de Lomiko Metals. La première réunion publique est prévue pour le 21 juillet à Duhamel.




Un projet minier subventionné par le Pentagone suscite des craintes en Outaouais
Joe Bongiorno - La Presse canadienne
9 juin 2024

Des résidents des régions de l’Outaouais et des Laurentides craignent qu’un projet minier près de la municipalité de Duhamel cause des torts à l’environnement. L’opposition a même pris de l’ampleur après avoir appris l’implication possible du Pentagone américain.

Le mois dernier, la société canadienne Lomiko Metals a annoncé avoir reçu une subvention de 8,35 millions $US (14,26 millions $CA) du ministère de la Défense des États-Unis et un financement de 4,9 millions $CA de Ressources naturelles Canada pour soutenir des études supplémentaires sur un projet de graphite naturel en paillettes.

Ce minéral pourrait être utilisé dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques.

Selon le Pentagone, l’exploitation d’une mine de graphite pourrait renforcer la chaîne d’approvisionnement énergétique nord-américaine. Le produit pourrait être utilisé « à des fins militaires ».
Cette expression rend mal à l’aise des résidents, comme Louis Saint-Hilaire, un porte-parole de la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière (QLAIM).

« Au début, on nous disait qu’il s’agissait d’un projet écologique pour faire des batteries pour les véhicules électriques, mais aujourd’hui, nous avons de sérieux doutes », dit-il.

M. Saint-Hilaire craignait que la future mine pollue plusieurs lacs de la région. Aujourd’hui, il est préoccupé par la possibilité que le graphite soit transformé en équipement militaire américain.

Claude Bouffard, coordonnateur de l’Association pour la protection de l’environnement du lac des Plages, rappelle que la collectivité n’a pas donné son consentement au projet minier.

« C’est presque comme une invasion. C’est en quelque sorte une trahison de la société minière, du gouvernement du Québec, et pis encore, du gouvernement du Canada », souligne-t-il.

Lomiko Metals dit qu’elle va mener des études de rentabilité et des études de métallurgie au cours des cinq prochaines années. Le tout sera soumis au BAPE. Elle prévoit lancer les travaux de construction d’ici 2027.

La ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, refuse de dire ce qu’elle pense de la subvention du Pentagone, mais le projet devra être accepté par la population locale avant d’aller de l’avant.

« Le projet minier doit aller de pair avec l’acceptabilité sociale », a-t-elle indiqué dans une déclaration écrite.

Le ministère américain de la Défense et le consulat général des États-Unis n’ont pas répondu à une demande d’entrevue.

Jean-François Boulanger, professeur en métallurgie extractive des éléments critiques et stratégiques de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, dit que le type de graphite purifié dont parle Lomiko sert à la fabrication de batteries, mais la version non purifiée de ce minéral peut être utilisée dans la fabrication de l’acier.

Le graphite est un minéral essentiel dans la fabrication d’équipements militaires lourds, comme les avions et les véhicules blindés de combat.

M. Boulanger dit qu’il est inhabituel qu’un gouvernement annonce ouvertement qu’il investit dans un projet minier pour des raisons de défense nationale.

Teresa Kramarz, du Environmental Governance Lab de Toronto, dit ne pas être surprise par l’implication du Pentagone. Les gouvernements nord-américains et européens investissent massivement dans l’exploration des minéraux critiques comme le graphite, afin d’être moins dépendants des exportations chinoises.

Elle ajoute que les pays alliés cherchent à renforcer leurs relations commerciales pour garantir leurs chaînes d’approvisionnement.

Dans une déclaration, le ministère canadien des Ressources naturelles dit que le financement ne signifie pas que Lomiko Metals donnera un accès privilégié à la production de graphite aux gouvernements américain et canadien.

Le professeur Boulanger dit qu’il serait « très surpris » si ces gouvernements ne négocient pas à ce sujet avec l’entreprise.

Mme Kramarz rappelle que les collectivités avoisinantes craignent que les activités minières perturbent les écosystèmes et les rendent trop dépendantes économiquement. Elle ajoute que la peur d’être obligé de déménager joue aussi un rôle dans leur opposition.

« Les gens doivent avoir leur mot à dire sur ce qui se passe chez eux. Ce sont les règles démocratiques. »



Duhamel: un projet minier subventionné par le Pentagone ne fait pas l’unanimité
Joe Bongiorno - La Presse canadienne
9 juin 2024

Des résidents des régions de l’Outaouais et des Laurentides craignent qu’un projet minier près de la municipalité de Duhamel cause des torts à l’environnement. L’opposition a même pris de l’ampleur après avoir appris l’implication possible du Pentagone américain.

Le mois dernier, la société canadienne Lomiko Metals a annoncé avoir reçu une subvention de 8,35 millions $US (14,26 millions $CA) du ministère de la Défense des États-Unis et un financement de 4,9 millions $CA de Ressources naturelles Canada pour soutenir des études supplémentaires sur un projet de graphite naturel en paillettes.

Ce minéral pourrait être utilisé dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques.

Selon le Pentagone, l’exploitation d’une mine de graphite pourrait renforcer la chaîne d’approvisionnement énergétique nord-américaine. Le produit pourrait être utilisé « à des fins militaires ».

Cette expression rend mal à l’aise des résidents, comme Louis Saint-Hilaire, un porte-parole de la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière (QLAIM).

« Au début, on nous disait qu’il s’agissait d’un projet écologique pour faire des batteries pour les véhicules électriques, mais aujourd’hui, nous avons de sérieux doutes », dit-il.

M. Saint-Hilaire craignait que la future mine pollue plusieurs lacs de la région. Aujourd’hui, il est préoccupé par la possibilité que le graphite soit transformé en équipement militaire américain.

Claude Bouffard, coordonnateur de l’Association pour la protection de l’environnement du lac des Plages, rappelle que la collectivité n’a pas donné son consentement au projet minier.

« C’est presque comme une invasion. C’est en quelque sorte une trahison de la société minière, du gouvernement du Québec, et pis encore, du gouvernement du Canada », souligne-t-il.

Lomiko Metals dit qu’elle va mener des études de rentabilité et des études de métallurgie au cours des cinq prochaines années. Le tout sera soumis au BAPE. Elle prévoit lancer les travaux de construction d’ici 2027.

La ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, refuse de dire ce qu’elle pense de la subvention du Pentagone, mais le projet devra être accepté par la population locale avant d’aller de l’avant.

« Le projet minier doit aller de pair avec l’acceptabilité sociale », a-t-elle indiqué dans une déclaration écrite.

Le ministère américain de la Défense et le consulat général des États-Unis n’ont pas répondu à une demande d’entrevue.

Jean-François Boulanger, professeur en métallurgie extractive des éléments critiques et stratégiques de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, dit que le type de graphite purifié dont parle Lomiko sert à la fabrication de batteries, mais la version non purifiée de ce minéral peut être utilisée dans la fabrication de l’acier.

Le graphite est un minéral essentiel dans la fabrication d’équipements militaires lourds, comme les avions et les véhicules blindés de combat.

M. Boulanger dit qu’il est inhabituel qu’un gouvernement annonce ouvertement qu’il investit dans un projet minier pour des raisons de défense nationale.

Teresa Kramarz, du Environmental Governance Lab de Toronto, dit ne pas être surprise par l’implication du Pentagone. Les gouvernements nord-américains et européens investissent massivement dans l’exploration des minéraux critiques comme le graphite, afin d’être moins dépendants des exportations chinoises.

Elle ajoute que les pays alliés cherchent à renforcer leurs relations commerciales pour garantir leurs chaînes d’approvisionnement.

Dans une déclaration, le ministère canadien des Ressources naturelles dit que le financement ne signifie pas que Lomiko Metals donnera un accès privilégié à la production de graphite aux gouvernements américain et canadien.

Le professeur Boulanger dit qu’il serait « très surpris » si ces gouvernements ne négocient pas à ce sujet avec l’entreprise.

Mme Kramarz rappelle que les collectivités avoisinantes craignent que les activités minières perturbent les écosystèmes et les rendent trop dépendantes économiquement. Elle ajoute que la peur d’être obligé de déménager joue aussi un rôle dans leur opposition.

« Les gens doivent avoir leur mot à dire sur ce qui se passe chez eux. Ce sont les règles démocratiques. »




A Pentagon-funded Quebec mining project does not meet with unanimous approval in Duhamel
June 9 2024

Residents of Quebec's Outaouais and Laurentians regions fear that a mining project near the municipality of Duhamel will harm the environment.

Opposition has even gained momentum following news of the U.S. Pentagon's possible involvement.
Last month, Canadian company Lomiko Metals announced that it had received a US$8.35 million (CAD$14.26 million) grant from the U.S. Department of Defense and CAD$4.9 million in funding from Natural Resources Canada to support further studies on the natural flake graphite project.

This mineral could be used in the manufacture of batteries for electric vehicles.

According to the Pentagon, the development of a graphite mine could strengthen the North American energy supply chain. The product could also be used "for military purposes".

The phrase is making residents like Louis Saint-Hilaire, a spokesperson for the Quebec Coalition of Lakes Incompatible with Mining, uncomfortable.

"At first, we were told it was an ecological project to make batteries for electric vehicles, but now we have serious doubts," he said.

Saint-Hilaire feared that the future mine would pollute several lakes in the region. Today, he's concerned about the possibility of the graphite being transformed into American military equipment.

Claude Bouffard, coordinator of the Association pour la protection de l'environnement du lac des Plages, recalled that the community did not give its consent to the mining project.

"It's almost like an invasion. It's a kind of betrayal by the mining company, the Quebec government, and worse still, the Canadian government," he said.

Lomiko Metal said it will conduct profitability and metallurgy studies over the next five years. All will be submitted to Quebec's environmental assessment agency (BAPE). Construction is scheduled to begin by 2027.

Natural Resources Minister Maïté Blanchette Vézina refused to comment on the Pentagon grant, but the project will have to be accepted by the local population before it can go ahead.

"The mining project must go hand in hand with social acceptability,” she said in a written statement.
The U.S. Department of Defense or the U.S. Consulate General did not respond to a request for an interview.

Jean-François Boulanger, professor of extractive metallurgy of critical and strategic elements at the Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, says the type of purified graphite Lomiko is talking about is used to make batteries, but the unpurified version of the mineral can be used in steelmaking.

Graphite is an essential mineral in the manufacture of heavy military equipment, such as aircraft and armoured fighting vehicles.

Boulanger said it is unusual for a government to announce openly that it is investing in a mining project for reasons of national defence.

Teresa Kramarz of Toronto's Environmental Governance Lab says she's not surprised by the Pentagon's involvement. North American and European governments are investing heavily in the exploration of critical minerals such as graphite in order to reduce their dependence on Chinese exports.

She adds that allied countries are looking to strengthen their trade relations to secure their supply chains.
In a statement, the Canadian Ministry of Natural Resources said the funding does not mean that Lomiko Metals will give privileged access to graphite production to the US and Canadian governments.

Boulanger said he would be "very surprised" if these governments did not negotiate with the company on this matter.

Kramarz recalled that neighbouring communities fear that mining activities will disrupt ecosystems and make them too economically dependent. She added that the fear of being forced to move also plays a role in their opposition.

"People have to have a say in what happens to them. That's the democratic way," she said.




Quebec residents against graphite mine fear powering Pentagon, environmental ruin: Mining company Lomiko Metals Inc. plans to begin construction in Laurentians by 2027 
Joe Bongiorno
June 9 2024
In Quebec's Laurentians region, a few kilometres from a wildlife reserve and just outside the town of Duhamel, lies a source of one of the world's most sought after minerals for manufacturing electric vehicle batteries: graphite.
Since Lomiko Metals Inc., a mining company based in Surrey, B.C., announced plans to build a graphite mine in the area, some residents living nearby have protested the project, fearing the potential harm to the environment.
But opposition has only gained steam after locals found out last month that the Pentagon is involved in the project.
In May, Lomiko announced it received a grant of $11.4 million from the U.S. Department of Defence and another $4.9 million from Natural Resources Canada to study the conversion of graphite into battery-grade material for powering electric vehicles.
In its own announcement, the Pentagon said Lomiko's graphite will bolster North American energy supply chains and be used for "defence applications," words that make Duhamel resident Louis Saint-Hilaire uneasy.
"They were telling us it was an ecological project for making electric batteries but now we have serious doubts," said Saint-Hilaire, co-spokesperson for environmental activist group Coalition québécoise des lacs incompatibles à l'activité minière.
Saint-Hilaire had feared the proposed mine would pollute the region's many lakes; now he's concerned the graphite in his town's backyard could end up in American military equipment.
Claude Bouffard, co-ordinator of a separate environment group, the Association pour la protection et l'environnement du Lac-des-Plages, says he isn't necessarily against graphite mining, but he says his community hasn't given its consent for Lomiko's project.
"It's almost like an invasion, a betrayal in some ways by the mining company, the government of Quebec and even worse, the government of Canada," he said.
Responding to concerns, the company says it will be conducting feasibility and metallurgical studies over the next five years and will be subject to a review by Quebec's environment consultations office, known as the BAPE. It says it plans to begin construction by 2027.
Unclear how graphite will be used
Quebec Minister of Natural Resources Maïté Blanchette Vézina didn't say whether she approves of the Pentagon funding but says mining proposals have to be accepted by locals to go forward.
"Mining projects must go hand in hand with social acceptability," Blanchette Vézina wrote in a statement.
Neither the Department of Defence nor the U.S. Consulate General responded to requests for comment about exactly how the Pentagon is involved in the project, or how the graphite will be used.
Jean-François Boulanger, mineral engineering professor at Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, says that the type of purified graphite Lomiko Metals plans to produce is indeed used for batteries; non-purified graphite can be used for a host of other applications, he said, including in steel production.
Graphite is a key mineral for manufacturing military equipment. A 2023 report by the Hague Centre for Strategic Studies, a defence and security think tank based in the Netherlands, lists graphite as a critical mineral whose supply chain is under threat. The report said European militaries need graphite for fighter aircraft, battle tanks, submarines, artillery and ammunition.
Boulanger says it's "unusual" in recent history for governments to openly declare that they are investing in a mine for defensive purposes.
Teresa Kramarz, co-director of the University of Toronto's Environmental Governance Lab, says she isn't surprised about the Department of Defence funding, adding that North American and European governments are investing heavily in critical minerals like graphite to be less dependent on Chinese exports. She says it's part of a policy of establishing trade relationships with allies to secure supplies.
China is far and away the leader in graphite production. In 2022 Canada was ranked sixth, mining about one per cent of global production; China was at 66 per cent, according to Natural Resources Canada.
In a statement, Natural Resources Canada said the funding doesn't mean Lomiko Metals will have to give the Canadian and American governments privileged access to the material produced.
But Boulanger said he would be "very surprised" if the governments of Canada and the United States aren't in discussions with the company about securing its graphite.
Whatever the graphite is used for, Kramarz says people living near mines fear that the operations will displace ecosystems and lead surrounding communities to be economically dependent on them. As well, she said, residents also fear being displaced themselves when land is cleared for mines.
"People need to have a serious say in what happens in their communities," she said. "Those are the rules of democracy."


Laurentian residents against graphite mine fear powering Pentagon, environmental ruin The Pentagon said Lomiko Metals' graphite will be used for "defence applications" — words that make those who live near the site of the Quebec mine uneasy.
June 9 2024

In Quebec’s Laurentians region, a few kilometres from a wildlife reserve and just outside the town of Duhamel, lies a source of one of the world’s most sought-after minerals for manufacturing electric vehicle batteries: graphite.

Since Lomiko Metals Inc., a mining company based in Surrey, B.C., announced plans to build a graphite mine in the area, some residents living nearby have protested the project, fearing the potential harm to the environment. Opposition has only gained steam after locals found out last month that the Pentagon is involved in the project.

In May, Lomiko announced it received a grant of $11.4 million from the U.S. Department of Defence and another $4.9 million from Natural Resources Canada to study the conversion of graphite into battery-grade material for powering electric vehicles.

In its own announcement, the Pentagon said Lomiko’s graphite will bolster North American energy supply chains and be used for “defence applications” — words that make Duhamel resident Louis Saint-Hilaire uneasy.

“They were telling us it was an ecological project for making electric batteries, but now we have serious doubts,” said Saint-Hilaire, co-spokesperson for environmental activist group Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière.

Saint-Hilaire had feared the proposed mine would pollute the region’s many lakes; now he’s concerned the graphite in his town’s backyard will end up in U.S. military equipment.

Claude Bouffard, co-ordinator of a separate environmental group, Association pour la protection de l’environnement du Lac-des-Plages, says he isn’t necessarily against graphite mining, but adds his community hasn’t given its consent for Lomiko’s project.

“It’s almost like an invasion, a betrayal in some ways by the mining company, the government of Quebec and, even worse, the government of Canada,” he said.

Responding to concerns, the company says it will be conducting feasibility and metallurgical studies over the next five years and will be subject to a review by Quebec’s environmental consultations office, known as the BAPE. It says it plans to begin construction by 2027.

Quebec Natural Resources Minister Maïté Blanchette Vézina didn’t say whether she approves of the Pentagon funding, but says mining proposals have to be accepted by locals to go forward.

“Mining projects must go hand in hand with social acceptability,” Blanchette Vézina wrote in a statement.

Neither the Department of Defence nor the U.S. Consulate responded to requests for comment about exactly how the Pentagon is involved in the project, or how the graphite will be used.

Jean-François Boulanger, mineral engineering professor at Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, says the type of purified graphite Lomiko Metals plans to produce is indeed used for batteries; non-purified graphite can be used for a host of other applications, he said, including in steel production.

Graphite is a key mineral for manufacturing military equipment. A 2023 report by The Hague Centre for Strategic Studies, a defence and security think tank based in the Netherlands, lists graphite as a critical mineral whose supply chain is under threat. The report said European militaries need graphite for fighter aircraft, battle tanks, submarines, artillery and ammunition.

Boulanger says it’s “unusual” in recent history for governments to openly declare they are investing in a mine for defensive purposes.

Teresa Kramarz, co-director of the University of Toronto’s Environmental Governance Lab, says she isn’t surprised about the Department of Defence funding, adding that North American and European governments are investing heavily in critical minerals like graphite in order to be less dependent on Chinese exports. She says it’s part of a policy of establishing trade relationships with allies to secure supplies.

China is far and away the leader in graphite production. In 2022 Canada was ranked sixth, mining about one per cent of global production; China was at 66 per cent, according to Natural Resources Canada.

In a statement, Natural Resources Canada said the funding doesn’t mean Lomiko Metals will have to give the Canadian and U.S. governments privileged access to the material produced.

But Boulanger said he would be “very surprised” if the governments of Canada and the U.S. aren’t in discussions with the company about securing its graphite.

Whatever the graphite is used for, Kramarz says people living near mines fear that the operations will displace ecosystems and lead surrounding communities to be economically dependent on them. As well, she said, residents fear being displaced themselves when land is cleared for mines.

“People need to have serious say in what happens in their communities,” she said. “Those are the rules of democracy.”


Un projet minier subventionné par le Pentagone ne fait pas l’unanimité
Joe Bongiorno - La Presse canadienne
9 juin 2024

Des résidents des régions de l’Outaouais et des Laurentides craignent qu’un projet minier près de la municipalité de Duhamel cause des torts à l’environnement. L’opposition a même pris de l’ampleur après avoir appris l’implication possible du Pentagone américain.

Le mois dernier, la société canadienne Lomiko Metals a annoncé avoir reçu une subvention de 8,35 millions $US (14,26 millions $CA) du ministère de la Défense des États-Unis et un financement de 4,9 millions $CA de Ressources naturelles Canada pour soutenir des études supplémentaires sur un projet de graphite naturel en paillettes.

Ce minéral pourrait être utilisé dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques.

Selon le Pentagone, l’exploitation d’une mine de graphite pourrait renforcer la chaîne d’approvisionnement énergétique nord-américaine. Le produit pourrait être utilisé « à des fins militaires ».

Cette expression rend mal à l’aise des résidents, comme Louis Saint-Hilaire, un porte-parole de la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière (QLAIM).

« Au début, on nous disait qu’il s’agissait d’un projet écologique pour faire des batteries pour les véhicules électriques, mais aujourd’hui, nous avons de sérieux doutes », dit-il.

M. Saint-Hilaire craignait que la future mine pollue plusieurs lacs de la région. Aujourd’hui, il est préoccupé par la possibilité que le graphite soit transformé en équipement militaire américain.

Claude Bouffard, coordonnateur de l’Association pour la protection de l’environnement du lac des Plages, rappelle que la collectivité n’a pas donné son consentement au projet minier.

« C’est presque comme une invasion. C’est en quelque sorte une trahison de la société minière, du gouvernement du Québec, et pis encore, du gouvernement du Canada », souligne-t-il.

Lomiko Metals dit qu’elle va mener des études de rentabilité et des études de métallurgie au cours des cinq prochaines années. Le tout sera soumis au BAPE. Elle prévoit lancer les travaux de construction d’ici 2027.

La ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, refuse de dire ce qu’elle pense de la subvention du Pentagone, mais le projet devra être accepté par la population locale avant d’aller de l’avant.

« Le projet minier doit aller de pair avec l’acceptabilité sociale », a-t-elle indiqué dans une déclaration écrite.

Le ministère américain de la Défense et le consulat général des États-Unis n’ont pas répondu à une demande d’entrevue.

Jean-François Boulanger, professeur en métallurgie extractive des éléments critiques et stratégiques de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, dit que le type de graphite purifié dont parle Lomiko sert à la fabrication de batteries, mais la version non purifiée de ce minéral peut être utilisée dans la fabrication de l’acier.

Le graphite est un minéral essentiel dans la fabrication d’équipements militaires lourds, comme les avions et les véhicules blindés de combat.

M. Boulanger dit qu’il est inhabituel qu’un gouvernement annonce ouvertement qu’il investit dans un projet minier pour des raisons de défense nationale.

Teresa Kramarz, du Environmental Governance Lab de Toronto, dit ne pas être surprise par l’implication du Pentagone. Les gouvernements nord-américains et européens investissent massivement dans l’exploration des minéraux critiques comme le graphite, afin d’être moins dépendants des exportations chinoises.

Elle ajoute que les pays alliés cherchent à renforcer leurs relations commerciales pour garantir leurs chaînes d’approvisionnement.

Dans une déclaration, le ministère canadien des Ressources naturelles dit que le financement ne signifie pas que Lomiko Metals donnera un accès privilégié à la production de graphite aux gouvernements américain et canadien.

Le professeur Boulanger dit qu’il serait « très surpris » si ces gouvernements ne négocient pas à ce sujet avec l’entreprise.

Mme Kramarz rappelle que les collectivités avoisinantes craignent que les activités minières perturbent les écosystèmes et les rendent trop dépendantes économiquement. Elle ajoute que la peur d’être obligé de déménager joue aussi un rôle dans leur opposition.

« Les gens doivent avoir leur mot à dire sur ce qui se passe chez eux. Ce sont les règles démocratiques. »

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Mine de graphite en Haute-Gatineau 
La Défense américaine verse 8,35 millions US à la minière Lomiko
Martin Vallières
16 mai 2024

L’entreprise Lomiko Metals, qui pilote le projet de mine de graphite La Loutre situé en Haute-Gatineau, obtient 8,35 millions US du département américain de la Défense afin d’accélérer le développement d’un procédé de transformation du graphite brut en matériau de fabrication d’anodes de batteries de haute technicité.

En plus de cet investissement inédit du Pentagone dans un projet canadien de minerai considéré « d’importance stratégique », Lomiko Metals obtient aussi une subvention de recherche de 4,9 millions CAN répartie sur trois ans du ministère canadien de l’Énergie et des Ressources naturelles, dans le cadre de son Programme de recherche, développement et démonstration pour les minéraux critiques. 

Selon Belinda Labatte, cheffe de la direction et présidente du conseil d’administration de Lomiko Metals, l’obtention de ces financements simultanés des gouvernements canadien et américain représente une « étape extraordinaire » et une « opportunité exceptionnelle de construire une approche collaborative de la transition énergétique et de la résilience de la chaîne d’approvisionnement en Amérique du Nord ».

De l’avis du ministre canadien de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, les subventions conjointes du Canada et des États-Unis dans le projet de valorisation du graphite mené par Lomiko Metals feront que « le Canada s’impose comme un chef de file mondial de l’approvisionnement en minéraux critiques de source sûre et responsable » pour la transition énergétique de l’économie.
D’ailleurs, ces subventions conjointes à Lomiko Metals découlent du « Plan d’action canado-américain pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques » lancé en janvier 2020 par les deux gouvernements dans le but de « renforcer la production nord-américaine de minéraux critiques nécessaires à d’importants secteurs, dont ceux de la défense, de l’aérospatiale, de l’énergie propre et des communications ».

Approvisionnements insuffisants

Selon les informations du marché du graphite colligées par la firme Benchmark Mineral Intelligence, et citées par la direction de Lomiko Metals, les industries technologiques aux États-Unis « dépendent à 100 % des importations de graphite », ce qui confère « des avantages compétitifs clés pour le graphite au Québec ».

Aussi, mentionne Lomiko, alors que la Chine met en place des restrictions d’exportation pour certains produits de graphite pour des motifs de sécurité nationale, « l’industrie des véhicules électriques est confrontée à des approvisionnements de graphite insuffisants pour répondre à la croissance du marché ».

Selon Benchmark Mineral Intelligence, ce déficit d’approvisionnement en graphite pourrait s’élever jusqu’à 8 millions de tonnes d’ici 2040, soit dans une quinzaine d’années.

Or, à lui seul, le projet de mine de graphite La Loutre, développé par Lomiko Metals sur le territoire de la nation autochtone algonquine KZA en Haute-Gatineau, s’appuie sur une estimation des ressources minérales de l’ordre de 3 millions de tonnes de graphite, à une teneur de 4,59 %.

En contrepartie, ce projet minier suscite déjà des inquiétudes parmi la population de cette région autrefois d’industrie forestière qui s’est tournée vers les activités de villégiature et de plein air.

Dans son annonce des subventions canadienne et américaine, la direction de Lomiko Metals affirme que « notre plus grande ressource dans les projets de minéraux critiques sera toujours les personnes avec lesquelles nous travaillons et nous nous engageons ».

À propos de son projet minier La Loutre, Lomiko Metals affirme qu’elle « continuera à s’engager avec les Premières Nations et les communautés locales par une présence directe sur le terrain et par d’autres mécanismes de communication dans le but de fournir des informations détaillées et complètes ».



Une mine pour l’armée américaine à deux pas de chez vous Le Droit
Marie-Claude Lortie
1 juin 2024
Saviez-vous que l’armée américaine vient d’accorder une subvention de 11,4 millions de dollars à une entreprise canadienne, Lomiko Metals, pour aider un projet de mine de graphite au Québec ?
Un projet qui n’a pas le feu vert des citoyens des environs. Un projet controversé. Un projet que les résidents de la région regardent maintenant avec plus de stupéfaction que jamais.
Imaginez si on vous disait que non seulement une grande industrie était peut-être sur le point de s’installer à côté de votre maison à la campagne, mais qu’en plus, c’était grâce au Département de la défense du pays qui va peut-être élire Donald Trump.
Ceci mériterait quelques yeux écarquillés, comme l’émoji que tout le monde aime bien.
On parle du projet La Loutre dans la MRC de Papineau, au nord d’Ottawa, en plein cœur d’une région de lacs et de chalet assise sur une de ces veines de graphite dont l’Outaouais, les Laurentides et Lanaudière sont généreusement pourvues. À La Loutre, on est à 45 kilomètres au sud-ouest de Tremblant, près de Duhamel, Vendée, du lac des Plages. Le royaume de la cabane au Canada, où des familles ou des gens à la retraite s’installent pour avoir la paix et entendre les oiseaux et les arbres qui bruissent au vent.
Le genre d’endroit où l’ennemi numéro un est normalement la mouche noire ou le moustique. Peut-être une marmotte.
Pas le bruit incessant de la machinerie lourde en train d’extraire et transformer un minerai stratégique car crucial à la fabrication des anodes des batteries de la transition énergétique.
Ni les poussières du va-et-vient industriel d’une région devenue, du jour au lendemain, minière malgré elle.
Contrairement à d’autres projets d’extraction et de transformation, ailleurs au Québec, qui reçoivent un accueil mixte par une population partagée entre ceux qui veulent que les campagnes restent campagnardes et ceux qui voient d’un bon œil le développement économique que cela apporte, surtout si c’est pour encourager la filière électrique, celui de la société Lomiko Metals ne reçoit pour le moment, aucun feu vert citoyen.
La région s’est plutôt mobilisée en regroupant plus de 75 associations de protection des lacs un peu partout au Québec, en créant une alliance de municipalités touchées par ce projet en particulier, afin d’avoir un interlocuteur fort auprès de la minière. Et en participant activement à la consultation publique qui a mené au projet pour réformer la Loi sur les mines déposé la semaine dernière à l’Assemblée nationale par la ministre des Ressources naturelles Maïté Blanchette Vézina.
Les efforts citoyens ont permis d’obtenir certains des changements à la loi qu’ils demandaient, notamment la fin de la spéculation sur les «claims», dont le nombre a explosé au Québec. Ces titres miniers accordent à leur titulaire le droit exclusif de rechercher des substances minérales dans le sous-sol d’un terrain spécifique – qui n’a pas besoin de leur appartenir. Tout ça est lié à la découverte du potentiel de notre sous-sol en minerais importants pour les batteries: le graphite mais aussi le lithium, en Abitibi, dans le Nord et en Mauricie notamment.
Le projet de loi prévoit aussi la fin des claims sur les terrains privés et les municipalités – il y en avait même sur certains terrains municipaux, notamment à Gatineau!
Chez Fred Pellerin à Saint-Élie-de-Caxton, les claims étaient si nombreux que les citoyens ont répondu en rachetant ceux sur leurs terrains.
La loi ne prévoit toutefois pas que les claims existants seront effacés. Mais s’ils sont délaissés par des propriétaires seulement intéressés par la spéculation et non le développement, ceux-ci ne pourront les revendre.
Cela dit, les terres de la Couronne, publiques, demeurent accessibles aux claims.
Et actuellement, il existe quelque 350 000 claims, émis sur 10 % du territoire du Québec. C’est gigantesque. Mettez ensemble le territoire de la Corée du Sud et de l’Irlande, et ça donne à peu près la grandeur de l’espace visé par les prospecteurs.
On parle d’un espace plus grand que la Grèce, plus grand que la Tunisie, réservé par ceux qui rêvent de découvrir les minerais de l’avenir.
Les ruraux inquiets de tous ces claims et des projets industriels que cela pourrait déclencher auraient préféré que le projet de la loi de la ministre Blanchette Vézina aille plus loin, pour faire le ménage dans cette situation et assurer un développement minier réellement accepté socialement, tel qu’elle l’a promis maintes fois.
Récemment, un autre élément s’est ajouté au dossier. Non seulement le projet de loi ne prévoit pas de mécanisme pour entendre la résistance citoyenne au projet de Lomiko Metals, dont la construction pourrait commencer d’ici trois ans, mais en plus, on sait maintenant que le projet est poussé par de l’argent militaire américain, soutenu aussi par de l’argent fédéral canadien, près de 5 millions.
L’objectif ? Développer un accès au minerai stratégique à l’abri de puissances étrangères concurrentes, comme la Chine.
La dernière fois que l’armée américaine a ainsi investi au Canada, c’était pour développer la filière aluminium dont elle avait besoin pour ses avions de guerre, avant son entrée en guerre en 1941.
Avis à ceux qui pensaient, en s’établissant à la campagne, que leur vie ressemblerait à une chanson de Line Renaud.
Tout ça commence plutôt à ressembler à un scénario de James Bond.