Benoit Sabourin
le 10 juin 2020
Le Droit
Afin d’éviter de subir le même sort que plusieurs municipalités ailleurs en Outaouais et au Québec qui sont aux prises avec le myriophylle à épi, Duhamel, dans la MRC de Papineau, déploiera cet été sur l’ensemble de ses lacs des équipes de patrouilleurs bénévoles.
Ils auront pour
tâche de détecter la présence de cette plante aquatique envahissante qui
peut pousser jusqu’à 10 mètres de profondeur et qui détruit l’ensemble
de la biodiversité partout où elle se propage.
La localité du nord de la Petite-Nation, reconnue pour son riche
territoire forestier et ses nombreux plans d’eau, a fait appel à
l’Organisme de bassins versants des rivières Rouge, Petite-Nation, et Saumon (OBVRPNS) et au Conseil régional de l’environnement (CRÉ) des
Laurentides, qui possède une expertise dans la lutte contre le
myriophylle à épi, pour mettre en place une stratégie de prévention
unique afin d’éviter que cette plante indigène exotique, aussi surnommée
la «plante zombie», fasse son apparition chez elle.
Selon le plus récent inventaire des plantes aquatiques réalisé par
l’OBVRPNS, en 2017, on ne retrouvait aucune trace de myriophylle à épi
dans les lacs de Duhamel, une situation qui pourrait bien avoir changé
depuis trois ans, souligne le maire de la municipalité, David Pharand.
«Les Laurentides sont infestées de myriophylles à épi. Nos voisins
immédiats, Lac-des-Plages et Montpellier, ont des lacs avec du
myriophylle à épi, alors le danger nous guette parce que les pêcheurs de
ce monde qui se déplacent d’un lac à l’autre pourraient facilement nous
amener cette plante qu’on souhaite repousser à tout prix. L’idée, c’est
de prévenir parce que quand cette espèce s’installe dans nos lacs
habités, c’est une bataille à répéter chaque année. Les associations de
lacs où on la retrouve investissent énormément d’argent et de ressources
à tout simplement tenter de réduire le fléau, mais sans grand succès»,
explique M. Pharand. Le conseil municipal ce Duhamel vient justement
d’adopter un nouveau règlement sur l’accès aux lacs de son territoire,
lequel légifère notamment sur le lavage des embarcations avant leur mise
à l’eau, une mesure qui permet d’éviter la propagation de la plante
d’un plan d’eau à un autre.
Misant sur une solution sans précédent au Québec, la municipalité a
récemment octroyé un contrat de 5000$ à l’OBVRPNS et au CRÉ des
Laurentides afin que les deux organismes élaborent un plan d’action pour
contrer l’éventuelle arrivée de l’espèce exotique envahissante à
Duhamel. Cette solution a été proposée aux élus par l’Association des propriétaires du lac Gagnon, à l’automne 2019.
D’abord, une trentaine de bénévoles, des gens de la communauté
locale, seront formés à distance, pandémie de COVID-19 oblige, d’ici les
prochaines semaines par des spécialistes du CRÉ des Laurentides. Cette
escouade de «sentinelles» patrouillera les lacs de Duhamel de la
mi-juillet jusqu’au début de l’automne.
L’OBVRPNS, de son côté, a été mandaté pour identifier les
équipements nécessaires pour intervenir si un plant de myriophylle est
décelé. Le matériel en question sera intégré dans une trousse
d’intervention dont Duhamel devra faire l’acquisition.
«Dès qu’une sentinelle détectera un myriophylle en faisant une
analyse biologique du plant, on pourra immédiatement intervenir à
quelques heures de délais pour empêcher que les embarcations puissent
étendre la plante un peu partout dans le lac parce que dès qu’elle est
fracturée, elle se répand, elle est vorace et elle remplace toutes les
autres plantes», précise le maire Pharand.
Prévenir plutôt que guérir
L’aspect innovateur dans l’initiative mise sur pied à Duhamel, souligne Josianne Dion, chargée de projets à l’OBVRPNS, c’est la trousse d’intervention pour accompagner le travail des sentinelles et de la municipalité.
L’aspect innovateur dans l’initiative mise sur pied à Duhamel, souligne Josianne Dion, chargée de projets à l’OBVRPNS, c’est la trousse d’intervention pour accompagner le travail des sentinelles et de la municipalité.
«On parle d’un projet où on agit en mode prévention, ce qui est
vraiment rare au Québec où nous sommes généralement en mode réactif. Le
CRÉ Laurentides forme des gens pour la détection du myriophylle à épi
depuis déjà quelques années. Leur expertise est tellement populaire
qu’ils sortent de leur propre région et ils ont accepté de venir nous
aider en Outaouais», note cette dernière.
Les patrouilleurs disposeront d’outils pour effectuer leurs
vérifications. En cas de découverte de l’envahisseur, ils pourront
installer une balise temporaire et par la suite alerter les autorités
municipales pour que le délai de réaction soit instantané.
«On travaille en ce moment sur la possibilité de fournir aux
sentinelles un kit de bouées artisanales qu’ils pourraient transporter
avec eux sur le terrain. Ensuite, on retrouverait dans la trousse
d’intervention de la municipalité des bouées qui pourraient être
installées sur le long terme. On va surtout parler pour la municipalité
d’un guide de référence pour savoir comment signaler la présence de la
plante aux autorités, comment installer des rideaux de turbidité, si
nécessaire. C’est un outil qui a déjà été utilisé dans Laurentides pour
servir de bassin de rétention en attendant que des plongeurs viennent
arracher les plants. Comme c’est nouveau comme approche, toutes les
options sont regardées», explique Mme Dion.
Une fois que le programme de formation et le plan d’intervention
auront été complétés, Duhamel partagera l’information avec les
municipalités qui souhaiteront utiliser le même modèle de prévention,
assure le maire Pharand. «Si tout le monde met le même effort, ça va
aider l’ensemble des lacs de notre région à éviter le pire», dit-il.
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La protection des lacs et rivières prend l’eau
Gabriel Béland
le 10 juin 2020
La Presse
Le Québec possède 3 % des réserves en eau douce renouvelables de la planète, mais cette richesse n’est pas bien protégée par l’État, dénonce le commissaire au développement durable dans un rapport dévoilé mercredi.
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Lettre d'invitation concernant le recrutement de sentinelles pour la gestion des risques d’introduction du myriophylle à épis!
Pour soumettre votre candidature comme sentinelle, communiquez avec le carrefour duhamellois au 819-418-7100 poste 1611 ou à carrefour@municipalite.duhamel.qc.ca, d’ici le 13 juillet 2020.
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Le commissaire au développement durable, Paul Lanoie, déplore notamment
que Québec collabore de moins en moins avec les organismes chargés de
protéger les lacs et rivières.
La protection des lacs et rivières prend l’eau
Gabriel Béland
le 10 juin 2020
La Presse
Le Québec possède 3 % des réserves en eau douce renouvelables de la planète, mais cette richesse n’est pas bien protégée par l’État, dénonce le commissaire au développement durable dans un rapport dévoilé mercredi.
« Ces
ressources peuvent sembler inépuisables, ce qui rend difficile
l’émergence d’une prise de conscience sur la nécessité d’en prendre
soin », peut-on lire dans le rapport.
« Manque
de connaissances », « manque de cohérence », « aucune action
structurante ni évaluation » … Le commissaire Paul Lanoie identifie une
série de lacunes.
Il déplore notamment que Québec collabore de moins en moins avec les organismes chargés de protéger les lacs et rivières.
Les
tables de concertation des Organismes de bassin versant sont boudées
par les fonctionnaires. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques (MELCC) n’a participé qu’à 14 % de
ces rencontres en 2019. Ils étaient présents à 40 % d’entre elles
seulement quatre ans plus tôt.
« La
faible présence du MELCC aux rencontres des tables de concertation a
été mentionnée par le regroupement des organismes de bassins versants du
Québec en janvier 2016 lors d’une rencontre du comité-conjoint. Quatre
ans plus tard, force est de constater que la situation a empiré », note
le rapport.
Cet absentéisme « ne démontre pas une réelle volonté d’implanter une gestion intégrée des ressources en eau », tranche-t-il.
Québec
n’a même pas un portrait clair et précis de l’état de ses 3,6 millions
plans d’eau douce et milliers de rivières. L’État tarde à produire son
rapport sur l’état des ressources en eau attendu en 2019. Il n’a
toujours pas en mains plusieurs indicateurs importants.
Ces
lacunes pourraient fausser le portrait de notre réseau hydrique. Par
exemple, la santé des lacs pourrait être pire que prévue, note le
commissaire.
« Le
MELCC concluait que 76 % des 665 lacs échantillonnés présentaient peu
de signes d’eutrophisation. Cependant, ce résultat reposait sur des
données restreintes : le MELCC indiquait qu’il n’était basé que sur la
portion la plus profonde des lacs, alors que des données sur l’état en
bordure des lacs auraient pu donner un résultat différent de l’état
trophique. »
Le
commissaire relève aussi dans son rapport comment les ministères
tardent à adopter des orientations en matière d’écofiscalité.
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