Oui à l’eau ! NON à la mine La Loutre de Lomiko !
Projet minier La Loutre : des travaux commencent, des opposants se mobilisent
26 Novembre 2025
Une vingtaine d'opposants au projet minier La Loutre, de Lomiko Metals, se sont mobilisés ce mardi à l'entrée du site, à Lac-des-Plages, en Outaouais. L'entreprise minière y commence de nouveaux travaux d'échantillonnage en vrac dès la semaine prochaine.
Armés de leurs banderoles et de leurs pancartes, les manifestants se sont installés à l'intersection des chemins du Tour-du-lac et Sioui. Un carrefour stratégique, puisque les employés de la minière doivent passer par là pour se rendre au travail.
<< Les camions passeraient sur ce chemin de campagne >>, indique Pierre Vallières, un résident à l'année de la Municipalité de Lac-des-Plages, en montrant la route longeant le lac et se divisant ensuite pour remonter dans la montagne.
Depuis plusieurs années maintenant, l'entreprise Lomiko Metals explore des terrains entre Duhamel et Lac-des-Plages dans l'objectif d'y exploiter du graphite en paillettes, l'un des minéraux considérés comme critiques et stratégiques par les gouvernements québécois et fédéral.
Fin juin, la minière a annoncé l'obtention d'une autorisation pour travaux d’exploration à impacts (ATI). Avec ce permis du gouvernement Legault, Lomiko Metals peut alors commencer l'excavation et le traitement d'un échantillon en vrac de 250 tonnes sur le site du gisement de graphite de La Loutre.
<< Cet échantillonnage en vrac est un élément essentiel des travaux de recherche et développement en cours visant à accroître et à confirmer le processus de production de matériau d’anode >>, avait déclaré à l'époque la présidente-directrice générale de Lomiko, Gordana Slepcev, dans un communiqué de presse.
<<Déjà hier, ils ont commencé à circuler avec de la machinerie lourde. [...] Ça nous fait une prémisse de ce que ça pourrait avoir l'air si jamais on avait une mine >>, s'inquiète Pierre Vallières.
Les conseillers municipaux de Lac-des-Plages Paul Bourgeois et France Girard ont participé à l'action de mardi.
Habituée au transport forestier, la conseillère dit prendre toujours avec elle sa radio pour discuter avec les camionneurs par mesure de sécurité. Mais lundi soir, peu avant 18 h, << j'ai rencontré deux méga trucks, des F-150, un six roues, et puis on m'a demandé de reculer, parce que ça ne passait pas >>, raconte Mme Girard.
<< Ma petite Nissan, elle passait pas à côté du gros méga truck! >> ~ Une citation de France Girard, conseillère municipale, Lac-des-Plages
La conseillère dit avoir appris lundi, au conseil municipal, que l'entreprise doit répondre à des conditions, comme le fait de ne pas travailler après 17 h et avant 5 h, ni les fins de semaine, ou encore le devoir d'informer la population des travaux en cours.
<< Il n'y avait rien de ça hier >>, regrette Mme Girard. Eux ne rencontrent pas nécessairement les conditions et c'est quoi les conséquences?
Un nouveau mouvement CALME
L'action du jour n'est pas à l'initiative de la Municipalité, mais d'un nouveau mouvement né il y a moins d'un an et nommé CALME, pour comité autonome contre La Loutre, les mines et l'extractivisme.
<< On est un comité de gens qui sont un peu plus au sud de la Petite-Nation , à Ripon, St-André-Avellin, Montpellier, >> précise Éloi Halloran, un membre actif du CALME. << On a organisé cette action en solidarité avec l'Alliance des Municipalités Petite-Nation Nord et le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation. >>
<<Aujourd'hui, pour nous, c'était important de rendre visible le début des travaux, d'assurer une vigilance citoyenne et de rappeler l'opposition au projet >>, explique le résident de St-André-Avellin.
De nouveaux employés étonnés
Après quelque temps au carrefour, les manifestants ont décidé de se rendre plus près de l'entrée du site, en remontant le chemin forestier. Plus haut, ils rencontrent deux foreurs, étonnés de la mobilisation citoyenne.
<< On a appris ce matin, on était au bois tantôt et on nous a dit que c'était bloqué >>, lance Antoine Bérubé.
<< On est arrivé hier, en même temps que les machines pour commencer à travailler cette semaine >>, ajoute son collègue Marco Dupont.
Les deux employés viennent de Rimouski et disent travailler pour la compagnie Forage Val-d'Or, elle-même employée par Lomiko Metals pour le forage, avec une date limite de contrat au 15 décembre. On sort pour les vacances de Noël, assure M. Bérubé.
<< Nous, tout ce qu'on fait, c'est on creuse un trou, on sort la roche puis on leur donne >> ~ Une citation de Antoine Bérubé, employé de Forage Val-d'Or
Pour la suite, c'est un consultant de Lomiko Metals, Yves Desrosiers, qui apporte la réponse. Celui qui est le président de P3 Solutions, une firme de conseils en génie et en environnement, explique que dès la semaine prochaine, cinq forages de cinquante tonnes de minerais chacun seront effectués.
Même si les points de vue s'opposent entre le consultant et les manifestants, les échanges restent cordiaux.
<< Je ne suis pas d'accord avec vous >>, lance-t-il à une manifestante qui le défie sur les risques pour les lacs, les plans d'eau et les nappes phréatiques. << Les réglementations que les gouvernements ont fait principalement depuis 1996 sont là pour protéger les milieux, humains et humides >>, dit-il.
Deux agents de la Sûreté du Québec ont rejoint les manifestants qui s'étaient approchés encore plus de l'entrée du site pour effectuer une visite de vérification suite à un appel, a expliqué l'un d'eux aux opposants.
Des opposants qui ont déjà indiqué vouloir réaliser d'autres actions citoyennes.
Au moment de publier ce texte, ni l'entreprise Lomiko Metals ni le ministère des Ressources naturelles n'avaient répondu à nos demandes d'entrevue.
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Manifestation mouvementée contre le projet minier La Loutre
Megan Rochette
27 novembre 2025
Les travaux d’échantillonnage menés par Lomiko Metals dans le cadre du projet minier La Loutre, dans la Petite-Nation, ont été perturbés par une trentaine de citoyens.
Pancartes au point, des manifestants ont bloqué le passage aux véhicules qui tentaient d’emprunter le chemin qui mène au site minier, mardi matin, ce qui a parfois donné lieu à des échanges musclés
Les travaux d’échantillonnage de la compagnie minière Lomiko Metals ont débuté, lundi, sur le site du gisement de graphite de La Loutre, dans la Petite-Nation. Certains employés de la compagnie Forage Val-d’Or, engagée par Lomiko Metals, ont indiqué au Droit être arrivés lundi soir et avoir un contrat sur le territoire jusqu’au 15 décembre.
«On va faire du 8 à 4 pour creuser des trous de 200 mètres de profondeur et sortir les échantillons que les géomètres vont décider si c’est bon ou non», explique Antoine Bérubé, employé chez Forage Val d’Or.
Le Comité autonome contre La Loutre, les mines et l’extractivisme (CALME) organisait un rassemblement pacifique pour rappeler le refus du projet minier en Petite-Nation et pour assurer une vigilance citoyenne.
«Cet échantillonnage en vrac est un élément essentiel des travaux de recherche et développement en cours visant à accroître et à confirmer le processus de production de matériau d’anode», peut-on lire sur le site web de Lomiko Metals.
Les membres du CALME, quant à eux, considèrent que de tels travaux, qui peuvent aller de l’arpentage au forage, en passant par le décapage, auront un impact significatif sur la biodiversité et le paysage des lieux convoités par Lomiko Metals.
«C’est clairement une nuisance. Le territoire de la Petite-Nation est incompatible avec l’activité minière, parce que ce sont vraiment deux modes de vie et deux modes de développement du territoire qui s’opposent», affirme Éloi Halloran, administrateur du CALME.
Rassemblement mouvementé
Les quelque 30 manifestants présents au coin des chemins Sioui et Tour-du-Lac brandissaient leurs pancartes «Petite-Nation: incompatible avec l’activité minière», que l’on peut également apercevoir tout au long du chemin menant au site.
«On voit qu’il y a une opposition et une contradiction. C’est ce que ça prouve, qu’on soit plus qu’une vingtaine ici un mardi matin réunis pour s’opposer à ce projet», affirme Éloi Halloran, administrateur du CALME.
Les manifestants s’étaient aussi donné pour mission de bloquer le passage aux véhicules qui tentaient d’emprunter le chemin qui mène au site minier.
«On les laisse sortir du chemin, mais pas entrer», a lancé Pierre Vallières, un résident de Lac-des-Plages présent au rassemblement.
Un geste qui a créé du mécontentement et de l’agressivité à certains moments, alors que des voitures ont tenté de passer quand même.
Certains citoyens se sont également rendus à quelques kilomètres du site du projet minier La Loutre, où ils ont pu exprimer leur mécontentement directement à quelques employés de Lomiko Metals.
«Je sais que toi tu veux juste travailler, mais ce n’est pas la bonne place ici», a dénoncé une manifestante.
Les premiers répondants, de même que des agents de la Sûreté du Québec, se sont rendus sur place afin de s’assurer du bon déroulement du rassemblement.
«On ne savait pas avant ce matin»
Les employés de Forage Val-d’Or, présents sur le terrain mardi matin, ont reconnu qu’ils n’étaient pas au courant du mécontentement des citoyens de la région envers le projet pour lequel ils ont été mandatés.
«On l’a appris ce matin, quand notre patron nous a dit que c’était bloqué en bas», a dit Antoine Bérubé, qui réside à Rimouski dans la région du Bas-Saint-Laurent.
Un autre employé, originaire de Val-d’Or, a affirmé l’avoir appris en voyant les pancartes sur le côté du chemin.
Pour M. Bérubé, c’est une première. Il affirme qu’il voit souvent ces manifestations dans les médias, mais qu’il n’a jamais été confronté à ce genre de situation sur le site où il travaille.
Les employés ont indiqué comprendre l’inquiétude des gens, mais tentaient d’être rassurants en affirmant suivre les normes.
«Très dérangeant»
Les citoyens habitants dans les environs disent déjà subir les conséquences du début des travaux.
«De ma cuisine, je vois les camions passer et le bruit est très dérangeant, témoigne France Jodoin, résidente depuis plus de 50 ans à Lac-des-Plages, une municipalité voisine au projet minier La Loutre.
«On voit tout de suite l’impact que ça peut avoir ne serait-ce qu’au niveau routier et du bruit, déplore, quant à lui, Pierre Vallières. Ça nous démontre seulement une prémisse de ce que ça pourrait être si jamais une mine venait à être ici.»
Selon les citoyens, le chemin qu’empruntent les camions est déjà beaucoup plus large qu’il l’était lundi matin.
«Je suis venu pas plus tard que lundi matin et ça ne ressemblait pas du tout à ça», souligne M. Halloran.
Visites guidées
La compagnie minière a annoncé sur sa page Facebook vouloir organiser des visites guidées cet hiver, lors des travaux d’échantillonnage en vrac.
Ces visites, sous inscriptions seulement, pourraient permettre aux citoyens d’observer le projet sur le terrain, poser des questions et en apprendre davantage sur le développement du projet La Loutre.
Éloi Halloran affirme avoir communiqué avec Lomiko Metals pour s’inscrire à ces visites, mais soutient n’avoir reçu aucune réponse.
«Je sais que l’information circule auprès des élus par rapport à ces visites, mais je pense que les personnes citoyennes devraient aussi pouvoir avoir accès à ça, souligne M. Halloran. Techniquement, ce sont des terres de la Couronne, alors si Lomiko ne nous invite pas, on va aller voir.»
Alors que les citoyens appellent les gouvernements à annuler le projet minier La Loutre, Lomiko Metals semble continuer ses démarches.
Même sans l’apport financier du gouvernement du Québec, l’entreprise avait rappelé, l’an dernier, avoir obtenu des subventions de la part du gouvernement canadien et du gouvernement américain totalisant 14 millions de dollars.
Lomiko Metals n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue. »












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