Pour un, le maire de Duhamel, David Pharand, indique que les rencontres auxquelles il a assisté ont été cordiales entre Lomiko et les intervenants. Mais, il n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour changer d’opinions. «On n’a pas le même enthousiasme que Lomiko a envers ce dossier», a-t-il commenté.
Il y a quelques semaines, Lomiko avait organisé un café-rencontre virtuel pour parler du projet. À cette occasion, 160 questions ont été posées à l’entreprise et aucune réponse n’a été donnée. «On était déçu de cette démarche de rencontre café, affirme M. Pharand. La compagnie s’est excusée de ne pas pouvoir respecter les engagements qu’ils avaient pris à ce moment-là.»
«Les citoyens attendent toujours ses réponses là, ajoute-t-il. On nous assure que bientôt on devrait voir les réponses aux questions.»
Pour le reste, le maire indique que le processus pour l’implantation d’une mine de graphite n’en est qu’à ses débuts. «C’est un processus qui va prendre des années et non des mois. On va les laisser progresser.»
Il entend se concentrer plus sur la question des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM), c’est-à-dire le choix des endroits où il sera interdit de faire ce genre d’activité. Ce projet n’aura pas d’impact sur Lomiko puisque l’entreprise détient déjà des claims, mais ça pourrait éviter d’autres situations semblables.
Par contre, dans les demandes de la MRC de Papineau pour les TIAM, il y a un élément qui pourrait avoir un impact sur le dossier La Loutre. «On tient à ce que le BAPE soit obligatoire pour tout projet minier, ce qui n’est pas le cas présentement.» Le volume prévu pour la mine de Lomiko est sous le seuil établi pour qu’il y ait une étude environnementale du BAPE. Mais un changement dans cette règle obligerait Lomiko à participer à ce processus.
Des licornes
De son côté, le porte-parole du Regroupement de Protection des Lacs de la Petite-Nation, Louis St-Hilaire a aussi fait partie d’un groupe qui a pu rencontrer les nouveaux dirigeants de l’entreprise.
«Ils se présentent comme une compagnie qui va améliorer la qualité de la nature, des lieux. Alors qu’on sait que c’est un bouleversement majeur qui va se produire. C’est un immense parc industriel qu’ils veulent construire en plein milieu d’un lieu de tourisme.»
«Eux, ils disent qu’ils ne vont pas déranger. C’est un peu un discours de licornes et on n’achète pas ça.» ~ Louis St-Hilaire
Lors de cette rencontre, le regroupement a fait état de sa vision du dossier et des enjeux environnementaux liés à l’arrivée de cette mine. Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour mener à bien ce projet dans le secteur, affirme Louis St-Hilaire et la compagnie doit en tenir compte.
«On a une vision tout à fait différente de l’avenir de la région. On ne voit pas des mines dans l’avenir de cette région.»
Le regroupement se questionne aussi sur l’avenir de ce projet. Présentement, il n’y a aucune institution derrière la compagnie pour financer cette mine. «Ce sont des gens qui sont là pour développer le projet juste assez pour le transmettre à un géant.»
Si c’est ce qui arrive, les promesses faites par Lomiko ne serviront plus à rien, soutient M. St-Hilaire.
L’entreprise Lomiko n’a pas répondu à nos demandes d’entrevues pour parler de leur passage dans la région.
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Les discussions vont se poursuivre pour LomikoEn entrevue sur cette visite dans la région, la nouvelle PDG de Lomiko Metals, Belinda Labatte, a indiqué que l’entreprise allait poursuivre son engagement. D’autres groupes seront notamment rencontrés au cours des prochaines semaines, possiblement en virtuel en raison de la Covid.
Une table ronde a aussi été suggérée lors des discussions avec les élus et l’entreprise entend aller de l’avant avec cette table pour aider aux discussions à venir.
Parce qu’il reste encore beaucoup de travail à faire dans le projet et beaucoup de choses à démontrer, mentionne Mme Labatte. «Dans toutes les communautés qu’on travaille, on doit devenir un partenaire. C’est comme ça qu’on veut gérer notre entreprise.»
Un des dossiers qui devra entre autres être traité dans le futur est celui des camions lourds, dont il est peu fait mention dans les documents. «C’est quelque chose qui vient plus tard dans les discussions.»
La question a tout de même été abordée avec les élus. La compagnie souhaite regarder plusieurs alternatives pour diminuer les impacts. «On a un esprit ouvert envers une solution qui est acceptable et qui va minimiser le trafic sur les routes.»
Environnement
La compagnie a rendu public sur leur site un document qui donne des réponses regroupées par thème aux différentes questions posées lors de la rencontre virtuelle du 2 octobre dernier.
L’environnement y prend une grande place, notamment pour les questions liées à la protection des eaux et à la poussière.
Mme Labatte affirme que l’équipe de Lomiko «partage les valeurs de
développement durable» comme les citoyens du secteur. Elle estime qu’il
est possible de travailler sur un projet qui tient compte de
l’environnement.
«Je crois que l’industrie de minéraux critiques est différente de l’industrie de minéraux traditionnels minière, car on a le choix de faire les choses différemment.»
Elle estime que les nouvelles technologies permettront de conjuguer les deux dossiers. «L’industrie de minéraux critique nous présente cette opportunité très nouvelle d’avoir un site moderne où c’est tranquille. C’est pour l’environnement qu’on fait ça. On a besoin du graphite pour l’énergie renouvelable.»
L’entreprise vise un projet qui sera carbone neutre et pourrait même être carbone négatif avec certaines mesures, indique la PDG. «La décarbonisation de notre pays a besoin de plusieurs entreprises comme la nôtre qui veut faire les choses convenablement.»
Acceptabilité sociale
La compagnie mentionne aussi dans son document la question de l’acceptabilité sociale. « Nous demandons à tous les intervenants de faire preuve d’ouverture pour voir tout le travail qui sera effectué sur les plans de la collecte de données, de la conception du projet et de l’acceptabilité sociale.»
En entrevue, Belinda Labatte affirme qu’il faut faire preuve de flexibilité et d’ouverture d’esprit pour ce projet moderne. «Flexibilité et esprit ouvert, c’est de penser à ce projet comme un projet moderne avec une faible empreinte qui peut aider à protéger la qualité de l’eau.»
Questionnée sur la possibilité de se présenter devant le Bureau d’audience publique en environnement, Mme Labatte a mentionné qu’il était tôt dans le processus pour voir si ce sera une exigence. «Nous nous engageons de suivre toutes les exigences et les processus nécessaires pour le projet.»
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