inquiète des résidants du secteur. L’entreprise se
montre rassurante en se disant tout autant préoccupée qu’eux par les
questions environnementales.
« C’est un joyau, ici », lance
Louis Saint-Hilaire, au bout du fil.
Un
joyau qui pourrait être dévasté si
le projet de mine de graphite La
Loutre va de l’avant, craint le président de
l’Association des
propriétaires du lac Gagnon.
Porté par
Lomiko Metals, petite
entreprise minière de la Colombie-Britannique, le projet n’en est encore
qu’au stade exploratoire.
Mais la possibilité de voir une mine
s’implanter près du village de Duhamel, sur le territoire de la
municipalité de Lac-des-Plages, a été « un déclencheur » pour bien des
résidants.
Les
associations de riverains de sept lacs de la région, totalisant un
millier de membres, se sont unies au sein du
Regroupement de protection
des lacs de la Petite-Nation pour s’opposer au développement de
l’industrie minière.
« On n’a pas comme projet de devenir une
région minière », affirme Louis Saint-Hilaire, expliquant au nom du
regroupement que l’endroit est un lieu de villégiature où de plus en
plus de gens s’installent de façon permanente, comme lui.
« Ce qu’on est venus chercher ici, ce n’est pas des mines », ajoute-t-il.
En
plus de craindre le bruit, la poussière, le dynamitage, l’apparition de
montagnes de résidus et les effets sur le paysage, ils sont préoccupés
par les risques liés à la pollution des lacs, où de nombreux riverains
puisent leur eau potable.
« Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour des projets comme ça. » — Louis Saint-Hilaire
Deux classes de citoyens
La
protection des zones de villégiature est aussi une préoccupation pour
le maire de Duhamel, David Pharand, qui se plaint de manquer d’outils
pour le faire.
« Nos lacs sont notre or bleu », a-t-il déclaré dans un entretien avec
La Presse.
Il
ne s’oppose pas pour autant à l’arrivée de l’industrie minière dans la
région ; il salue d’ailleurs la collaboration de Lomiko Metals, qui fait
preuve de transparence.
L’essentiel, pour lui, consiste à bien
choisir l’emplacement des installations pour qu’elles ne nuisent pas aux
citoyens et donc de les interdire à proximité des lacs de la région.
Or,
la Loi sur les mines ne permet pas aux municipalités de protéger les
« lacs habités » de la même façon que les « périmètres urbains », ce qui
crée « deux classes de citoyens », déplore-t-il.
« Le problème ne se trouve pas du côté des minières, il se trouve du côté du gouvernement provincial. » — David Pharand, maire de Duhamel
Le
maire Pharand dit qu’un comité intermunicipal a été formé au sein de la
municipalité régionale de comté (MRC) de Papineau pour faire des
démarches auprès du gouvernement québécois afin d’obtenir davantage de
pouvoirs de protection.
Le
ministère de l’Énergie et des
Ressources naturelles confirme avoir des discussions en ce sens, mais
dit être pour l’instant en attente de précisions de la part de la MRC.
Une « entreprise verte »
Les
questions environnementales préoccupent
Lomiko Metals autant que les
habitants de la région où la mine de graphite
La Loutre pourrait voir le
jour, assure le président et directeur général de l’entreprise,
Paul
Gill, que
La Presse a joint en Colombie-Britannique.
« Nous
nous considérons comme une entreprise verte », dit-il, assurant que les
gens de la région seront rassurés quand son entreprise ira à leur
rencontre, d’ici six mois, quand le projet sera plus avancé.
Lomiko
Metals ne connaît pas encore l’estimation des ressources et n’a donc
pas déterminé où précisément son éventuelle mine pourrait être située
sur le site de 25 km
2 pour lequel elle détient des claims.
« On
vise quelques endroits différents à haute teneur », explique M. Gill,
assurant que ça ne sera pas à proximité d’un plan d’eau, pour éviter
tant la contamination des lacs que l’infiltration d’eau dans la mine.
Le
plus gros enjeu dans l’exploitation d’une telle mine est la génération
de sous-produits comme le sulfure, affirme Paul Gill, se disant
« chanceux » qu’il n’y en ait pas sur le site de La Loutre.
L’entreprise
prévoit achever l’estimation des ressources d’ici l’automne, puis
l’évaluation économique préliminaire du projet d’ici la fin de l’hiver
prochain ; elle se lancera ensuite dans la recherche de financement dans
le but de démarrer l’exploitation en 2023 ou 2024.
D’autres projets de mines de graphite
L’inquiétude
soulevée par le projet
La Loutre fait écho à l’opposition que rencontre
celui de l’entreprise Nouveau Monde Graphite à
Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, ainsi qu’à celui de Canada
Carbon à Grenville-sur-la-Rouge, dans les Laurentides. Ces trois sites
se trouvent dans la province géologique de Grenville, où se concentrent
les gisements de graphite, minéral de carbone qui entre dans la
fabrication des téléphones cellulaires et des batteries pour véhicules
électriques. Il s’agit du seul minéral non métallique conducteur
d’électricité. La province géologique de Grenville s’étend sur plus de
2000 kilomètres entre les Grands Lacs et le Labrador, sur une largeur
d’environ 350 kilomètres.
Lac Gagnon is one of several lakes enjoyed by residents and tourists in the Petite-Nation area. (Jonathan Dupaul/Radio-Canada)
Louis St-Hilaire is the spokesperson for the Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation. (Jonathan Dupaul/Radio-Canada)
Paul Gill is the chief executive officer of Lomiko Metals.
The Surrey, B.C., company has a property near Duhamel and
Lac-des-Plages, Que. (CBC)
David Pharand is the mayor of Duhamel, Que. He says mining exploration has been going on for a few years. (Patrick Louiseize/Radio-Canada)
Graphite mine near Duhamel, Que., has locals worried
Public outcry premature, company's CEO says
27 juillet 2019
CBC
With its scenic lakes, beaches and forests, the Petite-Nation
area of Quebec's Outaouais region is a paradise for lovers of the great
outdoors.
But residents now worry a graphite mine project near
the towns of Duhamel and
Lac-des-Plages, about 125 kilometres northeast
of Ottawa, could affect their quality of life.
"The development of the region here is based on leisure,
recreation and ecotourism," said
Louis St-Hilaire, a spokesperson for
the
Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, a coalition of seven local homeowners' associations.
"The
mining industry and the outdoor industry aren't really compatible," he
said in a French-language interview with Radio-Canada.
Surrey, B.C., company
Lomiko Metals recently completed exploratory
diamond drilling in a search for graphite, a mineral used by the
electric vehicle industry, among others.
But St-Hilaire worries about the environmental consequences, as
well as the impact on local traffic. He's also worried it could pave
the way for other mining projects in the vicinity.
His group plans to lobby elected officials and enlist the help of other organizations to fight the project, he said.
Early stages, CEO says
The CEO of Lomiko Metals, Paul Gill, said he can't understand the outcry, given that the project is in a "very early stage."
"What are they opposing?" he asked. "There is no plan at this
point in time. All there is is a general concept. So when we get to
specifics, then we can communicate effectively with everyone and
alleviate some of the fears they have."
"There's still many years before any material will be mined from this location, if at all," Gill said.
Gill believes the
lawsuit by mining company Canada Carbon against town of Grenville-sur-la-Rouge, Que., might explain the negative reaction against his own project.
He
said Lomiko Metals intends to work with residents, and he hopes to
convince them that the La Loutre Project could benefit the local
economy.
Mayor wants long-term vision
Duhamel Mayor David Pharand told Radio-Canada he wants answers to numerous questions before taking a position.
He's
concerned about the possible impacts of open-pit mining including
"blasting, dust and the state of roadways because of trucks."
Pharand noted the
local economy relies heavily on lakes and the natural scenery, and
he doesn't want to compromise that for short-term gains.
"Some
might see [mining] as the arrival of attractive salaries," he said.
"However, those salaries last only as long as the mine, so only for
20-25 years. After that, those jobs disappear."
Duhamel plans to
create a committee with the neighbouring communities of
Lac-des-Plages and Lac-Simon in order to obtain more information. Local
officials are already in touch with the mining company, Pharand said.
Lac Gagnon, Duhamel
Le maire de Duhamel, David Pharand
Un projet de mine de graphite près de Duhamel, en Outaouais, inquiète des résidents
26 juillet 2019
Radio Canada
Avec ses lacs, ses plages et
ses forêts, la Petite-Nation, en Outaouais, est un paradis pour les
amateurs de nature et de plein air. Les résidents du secteur craignent
cependant que le projet de mine de graphite, situé entre la petite
municipalité de Duhamel et celle de Lac-des-Plages, change leur qualité
de vie.
On
vit ici dans ce que l'on considère un peu comme un joyau en Outaouais.
[...] Soudainement, on apprend qu'il y a beaucoup de terrains qui ont
été réservés pour de l'exploitation minière, qu'il y a même du forage.
Alors, on a de grandes inquiétudes
, indique Louis St-Hilaire, porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation.
Villégiateur au lac Gagnon depuis une vingtaine d'années, Bernard Descôteaux abonde dans le même sens.
Pour
exploiter la mine à ciel ouvert et les minéraux qu'on exploite, on a
besoin de beaucoup d'eau, qui doit être traitée. Il y a un danger de
contamination de la nappe phréatique et éventuellement des lacs et des
rivières de la région
, assure-t-il.
M. St-Hilaire juge aussi que le développement économique de la région n'est pas compatible avec l'exploitation minière.
Tout
le développement de la région ici se fait sur la base de la
villégiature, du récréotourisme, de l'écotourisme, alors ce n'est pas
très compatible, en matière de développement, du développement minier et
du développement plein air
, explique M. St-Hilaire.
« Trop tôt pour protester »
Pour sa part, le président-directeur général de Lomiko
Metals, l'entreprise minière basée en Colombie-Britannique qui pilote le
dossier, ne comprend pas le tollé que suscite ce projet — baptisé La
loutre — qui, selon lui, en est à ses balbutiements. Paul Gill estime
qu'une mine de graphite ne verra pas le jour avant 2023.
À quoi s'opposent-ils?
s'interroge M. Gill. Pour le moment, il n'y a pas de projet. Ce ne sont que des concepts généraux.
Des claims – c'est-à-dire des titres miniers
d’exploration – ont bien été octroyés à la compagnie qui fait de
l'exploration depuis quelques années dans le secteur.
Lomiko Metals vient de terminer son forage exploratoire,
qui, selon Paul Gill, a très peu de répercussions sur l'environnement.
Pour aller de l'avant avec le projet, l'entreprise doit calculer la
quantité de graphite disponible, faire des études de marché, d'impact
environnemental et de faisabilité. Elle doit aussi obtenir des permis du
gouvernement québécois.
M. Gill estime que la bataille judiciaire qui oppose la compagnie
minière Canada Carbon à la Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge
pourrait expliquer les réactions négatives au projet.
Paul Gill assure que Lomiko Metals a l'intention de
collaborer avec les résidents et espère les convaincre que le projet La
loutre favorisera l'économie locale.
Le maire veut un comité
De son côté, le maire de Duhamel, David Pharand, juge que
les résultats de l'exploration sortent au « compte-gouttes ». Il veut
mettre sur pied un comité régional.
La
Municipalité et ses deux partenaires voisins, Lac-des-Plages ainsi que
Lac-Simon, collaborent pour créer un comité régional pour obtenir plus
d'informations, informer la population et pouvoir éventuellement prendre
position dans le dossier
, explique-t-il.
Il comprend les inquiétudes de certains citoyens. Le dossier des mines, c'est toujours inquiétant quand ça vient en conflit d'usage avec la villégiature
, souligne-t-il.
Il est encore trop tôt pour dire s'il s'agira d'une mine à ciel ouvert. Cet aspect est aussi à prendre en compte pour le maire.
Il
y a tous les inconvénients d'une mine à ciel ouvert, donc le bruit, le
dynamitage, la poussière, l'état des routes quand les camions ont fini
de circuler. Alors, c'est tout à prendre en compte avant de porter un
jugement sur l'arrivée de cette mine chez nous
, assure M. Pharand.