jeudi 24 juin 2021

De Moins en Moins d'Oxygène Dans les Lacs

 


De moins en moins d'oxygène dans les lacs
Jean Hamann
22 juin 2021

Il faudra des interventions globales pour renverser cette tendance lourde, attribuable en bonne partie au réchauffement climatique.
 
Au cours des huit dernières décennies, la concentration d'oxygène dans les lacs des régions tempérées a connu une importante diminution aux quatre coins de la planète. Cette baisse, attribuable en bonne partie au réchauffement climatique, est de 3 à 9 fois plus prononcée que celle observée dans les océans, rapporte une équipe internationale de recherche dans la revue Nature.

Les 44 scientifiques associés au Global Lake Ecological Observatory Network qui signent l'article ont documenté l'évolution de 393 lacs situés dans les zones tempérées des États-Unis, du Canada, de l'Europe, du Japon et de la Nouvelle-Zélande. Ces lacs ont été retenus parce qu'il existait au minimum 15 années de données permettant de dresser leurs profils d'oxygène dissout et de température. Si les chercheurs se sont intéressés à ces deux variables, c'est que plus la température de l'eau est élevée, moins l'oxygène est soluble dans l'eau.

«L'oxygène dissout est un élément fondamental à la vie dans un lac. En deçà d'un certain seuil d'oxygène dissout, certaines espèces, comme les truites par exemple, ne peuvent plus survivre», souligne l'une des signataires de l'étude, Émilie Saulnier-Talbot, professeure au Département de biologie et au Département de géographie de l'Université Laval et chercheuse au regroupement Québec-Océan.

Au total, les chercheurs disposaient de 45 148 profils de température et d'oxygène dissout effectués entre 1941 et 2017. Leurs analyses montrent que:
  • 79% des lacs ont connu une hausse de température de leurs eaux de surface; 
  • 67% des lacs ont connu une baisse de la concentration d'oxygène dissout dans leurs eaux de surface; 
  • cette baisse est de 2,8 à 9,3 fois plus prononcée que celle observée dans les océans.
«Dans les eaux de surface, le déclin dans la concentration d'oxygène dissout est principalement attribuable à une diminution de la solubilité de ce gaz causée par le réchauffement des eaux, explique la professeure Saulnier-Talbot. En profondeur, il y a aussi moins d'oxygène dissout, mais la température de l'eau n'est pas en cause parce qu'elle est demeurée stable au fil du temps. C'est plutôt la stratification thermique des eaux du lac qui entrave les échanges d'oxygène avec la surface. En plus, l'intensité des vents a diminué au cours des dernières décennies, ce qui a réduit le brassage des eaux. L'oxygène consommé par les organismes qui vivent en profondeur dépasse son taux de renouvellement.»
 

« Si la température de l'air continue d'augmenter, la température de l'eau va, elle aussi, augmenter et il y aura de moins en moins d'oxygène dans les lacs. »
Émilie Saulnier-Talbot
 
 
Ces résultats suggèrent que les changements climatiques sont en voie de modifier substantiellement l'environnement physique et chimique des lacs. Si rien n'est fait, la situation ne peut qu'empirer. Ajoutez à cela l'eutrophisation des cours d'eau causée par les activités humaines et l'avenir des lacs semble très morose, peu importe s'ils se trouvent en zones habitées ou en régions sauvages.

«Il faut poursuivre les efforts déployés au niveau local pour améliorer la santé des lacs, mais il faudra aussi des actions plus globales au niveau des émissions de gaz à effet de serre pour renverser la tendance lourde que nous avons observée dans notre étude, constate Émilie Saulnier-Talbot. Si la température de l'air continue d'augmenter, la température de l'eau va, elle aussi, augmenter et il y aura de moins en moins d'oxygène dans les lacs
 
 

 

jeudi 17 juin 2021

Il trouve une ancienne épave d’avion par accident




Il trouve une ancienne épave d’avion par accident 
Francis Pilon
17 juin 2021
 
Un plongeur se retrouve malgré lui au cœur d’un scénario digne d’Hollywood après avoir trouvé au cours des dernières semaines une ancienne épave d’avion au fond du lac Simon en Outaouais.

«Je plonge dans ce lac depuis 2008. C’est le genre de découverte que l’on fait une seule fois dans sa vie. C’est vraiment incroyable», lance avec enthousiasme Mark Sarazen, qui habite dans la MRC de Papineau.

C’est en récoltant du bois au fond de l’eau pour son travail que M. Sarazen s’est retrouvé face à face avec un immense avion jonché au fond du lac Simon en avril dernier.

«C’est sûr que ça surprend. C’est un gros, gros hasard. D’après mes observations, c’est un avion qui date de la Seconde Guerre mondiale. C’est assez étonnant», avoue le plongeur.

ARMÉE IMPLIQUÉE

Selon nos informations, la Sûreté du Québec (SQ) et la l'armée canadienne se penchent désormais sur cette découverte.

La SQ confirme au Journal avoir été avisée qu'un plongeur avait capté des images « d'une masse qui pourrait ressembler à un avion » et qui serait là depuis très longtemps.

Plusieurs vérifications seront faites au cours des prochains jours par les policiers. Des plongeurs pourraient alors être envoyés sur le site. Des muséologues et des archivistes ont même été sollicités par le corps de police pour faire la lumière sur cet événement.

Toutefois, les images captées par Mark Sarazen demeurent secrètes pour le moment.

La SQ et la Défense nationale seraient aussi en discussions pour déterminer qui se chargera des recherches ultérieures dans le lac Simon, qui a une profondeur entre 45 m et 106 m.

DES CADAVRES ET DU KÉROSÈNE

«J’ai plusieurs vidéos et photos de la carlingue partagées avec les policiers. Oui, j’ai vu des corps et des barils de kérosène dans l’avion. J’ai aussi touché l’hélice. Malheureusement, je ne peux rien partager», mentionne Mark Sarazen.

Selon lui, plus de 150 coffres autour de l’épave dorment dans le fond du lac en ce moment. Au moins six hélices ont aussi été trouvées.

«Ils contiennent peut-être des matières dangereuses. On ne le sait pas. Mais pour l’avion, je crois qu’il s’agit d’un hydravion de type Latécoère 631. C’est ce que j’ai constaté en analysant les hublots. Tout ça reste évidemment à confirmer avec l’armée ou les policiers», indique le plongeur.

Il ne s’agit pas de la première péripétie du genre au lac Simon. En 2007, la carcasse d'un hydravion disparu depuis près de 50 ans a finalement été découverte au fond de l’eau. 👇 👇 👇
 
 
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Republic RC-3 SeaBee

november 2007 
 
mai 2008

juillet 2009
 



jeudi 10 juin 2021

Le promoteur d’une fausse carte d'autochtone arrêté

 

Le promoteur d’une fausse carte d'autochtone arrêté
Vincent Larouche
9 juin 2021

Guillaume Carle, le promoteur d’une fausse carte d’autochtone qui a fait des centaines d’adeptes à travers le Québec, a été arrêté mercredi et accusé de fraude ainsi que de possession et utilisation de documents contrefaits.

M. Carle, qui s’est présenté pendant des années comme le « grand chef » de la Confédération des peuples autochtones du Canada, n’est pas reconnu par le gouvernement canadien ni par l’Assemblée des premières nations. Il a été dénoncé par plusieurs leaders des premières nations comme un usurpateur et n’a jamais démontré s’il était lui-même lié à une véritable communauté autochtone.

Une enquête de La Presse avait démontré qu’il vendait une carte censée permettre à son détenteur de faire valoir ses droits ancestraux à titre d’autochtone, notamment en matière de taxes et de chasse. Un Belge, un Québécois d’origine italienne et un immigré du Cameroun avaient pu en obtenir une. Certains usagers disaient l’avoir utilisée pour ne pas payer de taxes lors de transactions commerciales même s’il n’avaient pas le statut d’Indien au sens de la loi.

La Sûreté du Québec, les Peacekeepers de Kahnawake et la police de Châteauguay ont mené une enquête sur son stratagème en partenariat avec le gouvernement fédéral.

« L’enquête démontre que le suspect est à l’origine de la création de la "Confédération des peuples autochtones du Canada (CPAC)". Il aurait créé la carte de la "CPAC" et véhiculé faussement que ses détenteurs bénéficieraient de droits garantis aux autochtones », précisent les corps policiers dans un communiqué.

« Les victimes, qui ont défrayé des coûts reliés à l’adhésion, se sont retrouvées non seulement avec des pertes monétaires, mais également flouées en regard de droits invalides », poursuit le communiqué.

Guillaume Carle a été arrêté mercredi par les constables spéciaux au palais de justice de Gatineau. Il est accusé de fraude de plus de 5000 $, possession et utilisation de documents contrefaits, possession non autorisée d’une arme à feu, possession d’une arme à feu sans être titulaire d’un permis, entreposage négligent d’armes à feu et recel.

 

mardi 8 juin 2021

Un barrage qui Divise à Lac-Simon


 

Un barrage qui divise à Lac-Simon
Benoit Sabourin 
8 juin 2021

Des propriétaires habitant le long de la rivière de la Petite-Nation en ont ras-le-bol de la gestion du barrage du lac Barrière qui est faite mécaniquement par la Municipalité de Lac-Simon et qui nuit, selon eux, à la faune, la flore et la qualité de vie des riverains qui résident en aval de l’affluent.

Construit en 1972, le barrage du lac Barrière «a pour vocation le rehaussement de la surface libre des lacs Barrière et Simon à des fins de navigation estivale de même que du maintien de la circulation et de la qualité de l’eau dans une baie en particulier», peut-on lire sur le site Internet de la Municipalité de Lac-Simon.

Or, ce barrage à déversoir en béton et en poutrelles de bois «situé au sein du bassin versant de la rivière de la Petite Nation au droit de l’exutoire du lac Barrière» suscite la grogne depuis déjà plusieurs années auprès des riverains et municipalités basés en aval de l’infrastructure.

C’est que chaque fois que Lac-Simon, qui gère le barrage, ajoute une poutrelle pour augmenter la quantité d’eau dans ses deux lacs interreliés, le niveau de la rivière de la Petite-Nation baisse.

Il y a trois ans, Dominique Simard, a fait l’achat, avec son conjoint, d’un chalet à Saint-André-Avellin, en bordure de la rivière Petite-Nation. La riveraine se bat depuis ce temps pour que la situation change. 

Fondatrice de l’Organisation des riverains pour la protection de la rivière Petite-Nation, elle déplore qu’un barrage géré mécaniquement puisse encore exister en 2021.

«Le 28 mai dernier, sans avertir les autres municipalités en aval, ils ont ajouté la dernière poutrelle et le niveau d’eau a tellement baissé, peste Mme Simard. On avait l’impression d’avoir une rivière asséchée comme si nous étions en plein mois d’août. Sans penser aux poissons, aux tortues, aux oiseaux aquatiques et aux citoyens qui tirent leur eau de la rivière avec une pompe, ils ont ajouté toutes les poutres. [...] On comprend que Lac-Simon doit répondre aux besoins de ses citoyens, mais on ne peut pas juste penser en nombrilistes et dire qu’on monte le niveau d’eau parce que nous avons besoin d’eau. Nous sommes tous dans le même bateau. Quand il fait chaud au mois de mai, en 2021, tout le monde a besoin d’eau, même les gens en aval. On ne peut pas assécher une rivière comme ça.»

Un changement de barrage réclamé 

Mme Simard, dont le regroupement a obtenu l’appui, par voie de résolution, des conseils municipaux de Ripon et Saint-André-Avellin, reproche à Lac-Simon de gérer l’infrastructure hydraulique en fonction des besoins des plaisanciers de l’endroit.

«Ce qu’on veut, c’est un changement de barrage. Ça fait trois ans qu’on se bat pour ça. On ne veut plus de poutrelles. On veut quelque chose de naturel qui va bien répartir l’eau d’un côté comme de l’autre. On ne peut pas continuer à gérer l’eau de cette façon. On met en péril plusieurs espèces animales et c’est la qualité de vie des gens en aval qui est aussi affectée», clame Mme Simard.

Le regroupement de riverains demande aussi que Lac-Simon, qui doit procéder à une étude de son barrage en 2022, tienne compte dans son analyse des impacts environnementaux en aval de l’infrastructure. 

Des décisions basées sur un «plan de gestion»

Le maire de Lac-Simon, Jean-Paul Descoeurs, affirme que son directeur des travaux publics applique un plan de gestion établi par des ingénieurs. Les poutrelles doivent être ajoutées ou retirées, selon des règles métriques précises, en fonction du niveau de l’eau. Les décisions ne sont aucunement basées sur le désir des plaisanciers, assure-t-il. 

«Le lac Barrière, qui fait partie du lac Simon, c’est le poumon du lac Simon et de l’eau potable qu’on envoie en aval. On a la baie Groulx et quelques endroits qui sont des lieux importants pour l’oxygène du lac. Si notre niveau d’eau n’est pas bon à ces endroits-là, on va leur envoyer en bas de l’eau qui n’est pas bonne. [...] On suit le plan de gestion du barrage religieusement. On doit maintenir la qualité de l’eau du lac Simon», se défend le maire à propos de la manière dont est opérée l’infrastructure. 

M. Descoeurs souligne que depuis 2014, le barrage a changé de niveau de sécurité. Les obligations en matière de gestion de la part de la Municipalité ont été modifiées. Le plan de gestion du barrage doit être révisé tous les huit ans. Une étude sur la sécurité du barrage et une révision du plan de gestion sont d’ailleurs prévues en 2022, en fonction des exigences du Centre d’expertise hydrique du Québec et du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Par ailleurs, lors d’une rencontre initiée en novembre 2019 par Lac-Simon, à laquelle ont pris part les maires de Ripon, Saint-André-Avellin et des intervenants du ministère des Transports, du ministère de l’Environnement et du ministère de la Sécurité publique, M. Descoeurs avait proposé que le barrage soit remplacé par une infrastructure en V qui serait «autogérée» régionalement.

«J’ai proposé un barrage en V et tout le monde a refusé d’embarquer pour nous aider à payer. Nous ne sommes pas pour investir 12 ou 13 millions de dollars tout seuls. On va continuer à la mitaine», lance M. Descoeurs.

Les municipalités en aval subissent

Le maire de Ripon, Luc Desjardins, dont le conseil appui l’Organisation des riverains pour la protection de la rivière Petite-Nation, souligne que plusieurs de ses résidents riverains ont subi des dégâts au fil des ans à cause des fluctuations du niveau de l’eau de la rivière causée par la gestion du barrage du lac Barrière. «On a des gens qui prennent leur eau dans la rivière et qui ont brûlé leur pompe. Ça crée beaucoup de mécontentement. Ce qui est bien au moins depuis quelques années, c’est que Lac-Simon nous avertit environ une semaine à l’avance avant qu’ajouter ou de retirer une poutrelle», note M. Desjardins.

M. Desjardins ne voit pas de solution à court terme au problème puisque le remplacement de l’actuel barrage par une infrastructure plus moderne nécessitera d’importants investissements. Ripon a déjà dit non au projet en 2019 et il n’est pas question aujourd’hui de changer d’idée, réitère le premier magistrat.

«Lac-Simon veut qu’on paie une partie, mais ce n’est pas à nous, en aval, de payer pour ça. La Municipalité de Lac-Simon, la richesse qu’elle possède, c’est son lac et s’il n’y avait pas de barrage, peut-être que le lac Barrière aurait l’air d’une rivière et qu’il y aurait moins d’eau dedans. Je comprends que le lac Simon représente un gros moteur économique. C’est une municipalité riche à cause de ses valeurs foncières, mais s’il n’y avait jamais eu de barrage, le lac Barrière serait sûrement plus petit et il n’y aurait pas de passage à bateau entre ce lac et le lac Simon», mentionne M. Desjardins.

De son côté, le maire de Saint-André-Avellin, Jean-René Carrière, semble résigné à vivre avec la situation qui perdure depuis des décennies.

«On subit, hors de tout doute, le niveau d’eau demandé par les gens du lac Simon. Je comprends la grogne de nos gens qui se retrouvent à ne plus pouvoir puiser leur eau dans la rivière ou qui voient leur quai se retrouver à un endroit qui n’est plus raisonnable parce que le niveau de la rivière a descendu. Malheureusement, on peut réitérer les plaintes, mais ça ne donnera rien. C’est un dossier plate et épineux. C’est très difficile pour nous de voir un côté positif quant à la gestion de ce barrage», dit-il.

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Des poutrelles de bois sont ajoutées à un barrage du lac Barrière, administré par la municipalité de Lac-Simon, pour contenir l’eau qui se déverse dans la rivière de la Petite Nation. 
 
Amélie Samoisette (à gauche) et Dominique Simard sont cofondatrices de l’Organisation des riverains pour la protection de la rivière Petite Nation, qui mobilise plus de 100 résidants. Derrière elles se trouve la rivière asséchée au niveau de la municipalité de Saint-André-Avellin.
 
 



Guillaume Larocque, propriétaire d’une terre à Saint-André-Avellin
 
Le barrage du lac Barrière assure un niveau d’eau assez élevé pour permettre aux plaisanciers de traverser sous ce pont du chemin du Tour-du-Lac, qui traverse la jonction des deux bassins. 
 
Le pont du chemin de la Presqu’île est inspecté par le ministère des Transports du Québec, mais le barrage qui se trouve en dessous est géré par la municipalité de Lac-Simon.
 
 
Le barrage qui divise Lac-Simon
Dinah Jehhar
le 26 juin 2021

(Outaouais) La gestion d’un barrage hydraulique en Outaouais sème la discorde. D’un côté, des plaisanciers qui souhaitent conserver l’eau dans leur lac afin de continuer à circuler librement. De l’autre, des riverains qui craignent de ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins en raison de l’assèchement de leur rivière.

Dans la MRC de Papineau, en Outaouais, le cours d’eau qui découle des lacs Barrière et Simon est freiné par un barrage installé en 1972. Selon le site de la municipalité de Lac-Simon, l’infrastructure a pour objectif de maintenir le niveau d’eau du lac élevé pour assurer le libre passage des bateaux de plaisance sous le pont du chemin du Tour-du-Lac.

Situé à l’entrée du bassin versant de la rivière de la Petite Nation, ce barrage contrôle la crue des eaux pour les municipalités en aval. Nombre de riverains qui habitent le long de la rivière se plaignent depuis trois ans de la gestion de l’eau au nord. La rivière serait plus sèche que jamais. L’ajout de poutrelles qui retiennent l’eau, en plus de la sécheresse indéniable qui frappe le Québec, a déjà fait baisser les niveaux d’eau à ceux habituellement observés en août.

« Des riverains qui pompent leur eau quotidienne directement de la rivière n’ont plus de quoi laver leurs enfants et se faire des pâtes », affirme Dominique Simard, cofondatrice de l’Organisation des riverains pour la protection de la rivière Petite Nation.

Le 28 mai dernier, Lac-Simon a ajouté une poutrelle au barrage. Cela a provoqué une baisse des eaux rapide à laquelle les habitants des municipalités en aval, comme Saint-André-Avellin, ne sont pas prêts, affirme Mme Simard en observant derrière elle le lit de la rivière asséché.

Pour la biologiste de formation, cette baisse du niveau de l’eau bouleverse non seulement le quotidien des riverains, mais également l’écosystème de la rivière et des cours d’eau des environs.

Deux poids, deux mesures

Guillaume Larocque et sa famille possèdent une terre dans la municipalité de Saint-André-Avellin depuis 1968. À partir de leur terrain de plus de 10 acres, ils peuvent accéder à une partie de la rivière composée de petits rapides qui se déversent dans un étang accueillant grenouilles et ouaouarons.

Sur place, l’étang presque entièrement asséché a perdu 16 pieds d’eau entre le 28 et le 30 mai derniers, dit Guillaume Larocque. « C’est vraiment troublant. Il n’est pas normal que je puisse marcher ici [dans un creux de l’étang] à ce temps-ci de l’année et que je trouve à peine une grenouille », affirme-t-il.

Dan Perrier, quant à lui, réside à Duhamel, au bord du lac Simon, depuis plus de 20 ans. Contrairement aux riverains qui manquent d’eau en aval, M. Perrier constate une importante augmentation des niveaux d’eau, qui érode son terrain petit à petit. « J’ai 4000 pi2 de terrain sous l’eau, j’ai trop d’eau », dit-il. Sa crainte : que l’accroissement de l’eau ronge sa baie et avale sa résidence, comme elle l’a fait avec son premier quai.

Répercussions environnementales

« Quand c’est sec en bas, c’est sec en haut aussi »

Le maire de Lac-Simon, Jean-Paul Descœurs, assure que la municipalité suit rigoureusement un plan de gestion de l’eau et du barrage. Établi par la firme d’ingénierie Cima+, ce plan détermine le niveau d’eau nécessaire dans les lacs Barrière et Simon afin d’y permettre la circulation des bateaux. Par conséquent, lorsque le niveau d’eau est trop bas, la firme détermine le nombre de poutrelles à ajouter au barrage pour rétablir le tout.

La famille de Lise Cyr réside à Lac-Simon depuis 1936. Celle qui a grandi dans la région remarque que la « berge n’est plus comme elle l’était il y a 25 ans » puisque le niveau d’eau a beaucoup augmenté, dit-elle. Pour Mme Cyr, qui ne possède pas de gros bateau à moteur, le barrage ne change pas grand-chose, mais pour les nombreux plaisanciers, le passage sous le pont où se rejoignent les deux lacs est beaucoup plus facile.

Selon le maire, le bas niveau de la rivière ne découlerait pas uniquement du barrage. M. Descœurs affirme que la sécheresse qui frappe le Québec cette année touche tout le monde. « Quand c’est sec en bas, c’est sec en haut aussi », dit-il.

M. Descœurs ajoute avoir demandé l’intervention du gouvernement provincial pour la gestion et la rénovation du barrage. Toutefois, selon Rosalie Faubert, conseillère en communication et responsable régionale du ministère des Transports du Québec en Outaouais, la gestion de l’infrastructure relève entièrement de la municipalité. « Le Ministère s’occupe uniquement de l’inspection du pont situé au-dessus du barrage », explique-t-elle.

Luc Desjardins, maire de Ripon, municipalité en aval touchée par la gestion du barrage, affirme que cette discorde traîne depuis trois ans. Il explique qu’une rencontre entre toutes les municipalités avoisinantes de la région avait été tenue en 2018 afin de convenir d’une solution unanime. L’une des propositions qu’a faites Lac-Simon était de rénover le barrage afin de le moderniser en sollicitant la contribution des municipalités avoisinantes. Or, pour M. Desjardins, les municipalités situées en aval « n’ont pas d’argent pour ça ». Et, ajoute-t-il : « Je ne pense pas qu’on a à payer pour ça. »