mercredi 15 décembre 2021

Plusieurs Organisations ont Rencontré Lomiko

Non au Projet de Mine à Ciel Ouvert La Loutre
 
Les municipalités de Lac Simon, Duhamel, Lac-Des-Plages et le Regroupement de Protection des Lacs de la Petite-Nation ont rencontré Lomiko 


De passage en Outaouais la semaine dernière 
Plusieurs organisations ont rencontré Lomiko 
Yannick Boursier 
14 décembre 2021 

Le passage, la semaine dernière, des représentants de Lomiko pour rencontrer différents groupes en lien avec le projet de mines La Loutre n’a pas semblé convaincre beaucoup des intervenants opposés au projet.

Pour un, le maire de Duhamel, David Pharand, indique que les rencontres auxquelles il a assisté ont été cordiales entre Lomiko et les intervenants. Mais, il n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour changer d’opinions. «On n’a pas le même enthousiasme que Lomiko a envers ce dossier», a-t-il commenté.

Il y a quelques semaines, Lomiko avait organisé un café-rencontre virtuel pour parler du projet. À cette occasion, 160 questions ont été posées à l’entreprise et aucune réponse n’a été donnée. «On était déçu de cette démarche de rencontre café, affirme M. Pharand. La compagnie s’est excusée de ne pas pouvoir respecter les engagements qu’ils avaient pris à ce moment-là.»

«Les citoyens attendent toujours ses réponses là, ajoute-t-il. On nous assure que bientôt on devrait voir les réponses aux questions.»

Pour le reste, le maire indique que le processus pour l’implantation d’une mine de graphite n’en est qu’à ses débuts. «C’est un processus qui va prendre des années et non des mois. On va les laisser progresser.»

Il entend se concentrer plus sur la question des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM), c’est-à-dire le choix des endroits où il sera interdit de faire ce genre d’activité. Ce projet n’aura pas d’impact sur Lomiko puisque l’entreprise détient déjà des claims, mais ça pourrait éviter d’autres situations semblables.

Par contre, dans les demandes de la MRC de Papineau pour les TIAM, il y a un élément qui pourrait avoir un impact sur le dossier La Loutre. «On tient à ce que le BAPE soit obligatoire pour tout projet minier, ce qui n’est pas le cas présentement.» Le volume prévu pour la mine de Lomiko est sous le seuil établi pour qu’il y ait une étude environnementale du BAPE. Mais un changement dans cette règle obligerait Lomiko à participer à ce processus.

Des licornes

De son côté, le porte-parole du Regroupement de Protection des Lacs de la Petite-Nation, Louis St-Hilaire a aussi fait partie d’un groupe qui a pu rencontrer les nouveaux dirigeants de l’entreprise.

«Ils se présentent comme une compagnie qui va améliorer la qualité de la nature, des lieux. Alors qu’on sait que c’est un bouleversement majeur qui va se produire. C’est un immense parc industriel qu’ils veulent construire en plein milieu d’un lieu de tourisme.»

«Eux, ils disent qu’ils ne vont pas déranger. C’est un peu un discours de licornes et on n’achète pas ça.» ~ Louis St-Hilaire

Lors de cette rencontre, le regroupement a fait état de sa vision du dossier et des enjeux environnementaux liés à l’arrivée de cette mine. Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour mener à bien ce projet dans le secteur, affirme Louis St-Hilaire et la compagnie doit en tenir compte.

«On a une vision tout à fait différente de l’avenir de la région. On ne voit pas des mines dans l’avenir de cette région.»

Le regroupement se questionne aussi sur l’avenir de ce projet. Présentement, il n’y a aucune institution derrière la compagnie pour financer cette mine. «Ce sont des gens qui sont là pour développer le projet juste assez pour le transmettre à un géant.»

Si c’est ce qui arrive, les promesses faites par Lomiko ne serviront plus à rien, soutient M. St-Hilaire.

L’entreprise Lomiko n’a pas répondu à nos demandes d’entrevues pour parler de leur passage dans la région.

 

*************

Rapport de la première rencontre du Regroupement avec Lomiko Metals, la compagnie minière qui veut notre bien.
 
Signe que la visio-conférence à sens unique que Lomiko Metal avait tenu le 2 octobre dernier s'était vraiment mal déroulée, la compagnie a complètement remanié son conseil d'administration.
Ce nouveau C.A. s'est déplacé dans la région pour rencontrer les élus et avec l'aide du maire Pharand de Duhamel ,nous sommes parvenus à les rencontrer cette semaine, ce qui n’était vraiment pas dans leur plan.
Lomiko était représenté par Belinda Labatte, présidente, Gordana Slepcev, chef des opérations, Vince Osborne, chef des finances et Mike Petrina, responsable du projet la Loutre.
Le Regroupement était représenté par Louis St-Hilaire du la Gagnon, porte-parole du Regroupement, Lise Villeneuve, représentant le Lac Simon, Natalie Dupuis, représentant le Lac Doré et Philippe Gagné, représentant le Lac-des-Plages.
Qu'est-ce qu’on a appris de Lomiko?
1) Ils se sont d'abord excusés de ne pas avoir encore répondu aux 160 questions qui avaient été envoyées par écrit lors de la réunion du 2 octobre. Ils ont réitérés leur promesse de le faire ainsi que de diffuser l'enregistrement de la conférence.
2) Bien qu'ils n'aient collectivement aucune expérience dans l'extraction de graphite ils nous ont aussi promis qu'ils feraient les choses différemment des vieilles compagnies minières et qu'ils voulaient collaborer avec la population à chaque étape du développement de l'éventuelle mine. Ils se sont présentés comme étant très soucieux de l'environnement, quasiment des écologistes purs et durs.
3) Ils nous ont appris qu'il y aurait incessamment des campagnes de forage sur leur immense claim pour agrandir leur gisement. Qu’en 2022, ils procèderaient à des études environnementales et en métallurgie.
4) Suite à nos questions on a aussi appris qu'il n’y a aucune institution parmi leurs actionnaires, seulement des petits détenteurs. Ils sont actuellement à la recherche d'institutions comme investisseurs.
5) En somme, ce qu'on a appris, c’est que malgré les changements de direction, Lomiko demeure une compagnie fragile financièrement et que toutes les promesses qu'ils peuvent faire vont tomber lorsqu'arriveront de vrais opérateurs.
Qu'est ce qu'on a appris à Lomiko Metals.
1) On leur a appris qu’elle était la vraie nature de cette région, de la façon dont la population envisageait son développement, qui était bien différente de la leur.
2) On leur a appris l’impact négatif qu'ils avaient déjà par leur présence sur la population, particulièrement sur ceux qui habitent tout près du gisement ou qui se sentent menacés par la direction des bassins-versants.
3) On leur a demandé que si leur projet progresse suffisamment, ils s'engagent à le présenter devant un BAPE, ce qui, actuellement, dans la taille du projet ne serait pas requis. Ils ne se sont absolument pas engagés à le faire
4) On leur a demandé s’ils accepteraient de rencontrer l'ensemble de la population pour présenter leur projet. Ils ont acceptés de le faire éventuellement . Soyez assurés qu'on travaille déjà à organiser un tel événement afin que vous ayez tous l'occasion de vous exprimer.
5) On leur a appris qu'ils n'avaient aucun support de la population contrairement au Regroupement qui lui, à le total support de la population, comme le démontre l'appui reçu des 25 municipalités de la MRC et de très nombreux organismes.
6) Finalement, on leur a appris qu'après bientôt 3 ans de travail et le succès sans précédent de la mobilisation en cours, le Regroupement ne ralentira jamais dans son action contre l'arrivée de mines à ciel ouvert dans notre environnement.
P.S. La compagnie rencontrait aussi durant son séjour les municipalités de Lac-des-Plages, Duhamel et Lac-Simon. D'après les conversations que nous avons eues avec les élus municipaux après leurs réunions , il semble que le message reçu par Lomiko ait été assez semblable.

 

********************

Les discussions vont se poursuivre pour Lomiko
Yannick Boursier
21 décembre

Les rencontres ayant eu lieu au début décembre entre des représentants de Lomiko et des groupes de la région au sujet de la future mine La Loutre vont se poursuivre en 2022, mentionne l’entreprise.

En entrevue sur cette visite dans la région, la nouvelle PDG de Lomiko Metals, Belinda Labatte, a indiqué que l’entreprise allait poursuivre son engagement. D’autres groupes seront notamment rencontrés au cours des prochaines semaines, possiblement en virtuel en raison de la Covid.

Une table ronde a aussi été suggérée lors des discussions avec les élus et l’entreprise entend aller de l’avant avec cette table pour aider aux discussions à venir.

Parce qu’il reste encore beaucoup de travail à faire dans le projet et beaucoup de choses à démontrer, mentionne Mme Labatte. «Dans toutes les communautés qu’on travaille, on doit devenir un partenaire. C’est comme ça qu’on veut gérer notre entreprise.»

Un des dossiers qui devra entre autres être traité dans le futur est celui des camions lourds, dont il est peu fait mention dans les documents. «C’est quelque chose qui vient plus tard dans les discussions.»

La question a tout de même été abordée avec les élus. La compagnie souhaite regarder plusieurs alternatives pour diminuer les impacts. «On a un esprit ouvert envers une solution qui est acceptable et qui va minimiser le trafic sur les routes

Environnement

La compagnie a rendu public sur leur site un document qui donne des réponses regroupées par thème aux différentes questions posées lors de la rencontre virtuelle du 2 octobre dernier.

L’environnement y prend une grande place, notamment pour les questions liées à la protection des eaux et à la poussière.


Mme Labatte affirme que l’équipe de Lomiko «partage les valeurs de développement durable» comme les citoyens du secteur. Elle estime qu’il est possible de travailler sur un projet qui tient compte de l’environnement.

«Je crois que l’industrie de minéraux critiques est différente de l’industrie de minéraux traditionnels minière, car on a le choix de faire les choses différemment.»

Elle estime que les nouvelles technologies permettront de conjuguer les deux dossiers. «L’industrie de minéraux critique nous présente cette opportunité très nouvelle d’avoir un site moderne où c’est tranquille. C’est pour l’environnement qu’on fait ça. On a besoin du graphite pour l’énergie renouvelable

L’entreprise vise un projet qui sera carbone neutre et pourrait même être carbone négatif avec certaines mesures, indique la PDG. «La décarbonisation de notre pays a besoin de plusieurs entreprises comme la nôtre qui veut faire les choses convenablement.»

Acceptabilité sociale

La compagnie mentionne aussi dans son document la question de l’acceptabilité sociale. « Nous demandons à tous les intervenants de faire preuve d’ouverture pour voir tout le travail qui sera effectué sur les plans de la collecte de données, de la conception du projet et de l’acceptabilité sociale

En entrevue, Belinda Labatte affirme qu’il faut faire preuve de flexibilité et d’ouverture d’esprit pour ce projet moderne. «Flexibilité et esprit ouvert, c’est de penser à ce projet comme un projet moderne avec une faible empreinte qui peut aider à protéger la qualité de l’eau

Questionnée sur la possibilité de se présenter devant le Bureau d’audience publique en environnement, Mme Labatte a mentionné qu’il était tôt dans le processus pour voir si ce sera une exigence. «Nous nous engageons de suivre toutes les exigences et les processus nécessaires pour le projet.»

 

jeudi 9 décembre 2021

Mobilisation Contre les Mines en Zone de Villégiature

Non au Projet de Mine à Ciel Ouvert La Loutre
 
Mobilisation contre les mines en zone de villégiature

 

Mobilisation contre les mines en zone de villégiature 
Roxane Léouzon
6 décembre 2021

Vingt-cinq municipalités, soit la totalité des membres de la MRC de Papineau, en Outaouais, réclament le pouvoir de protéger leur territoire contre le développement minier.

Des municipalités comme Montebello, Lac-Simon et Saint-André-Avellin donnent ainsi leur appui à une résolution du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, qui demande à Québec « que les activités minières soient interdites dans les zones désignées par la MRC Papineau comme étant réservées à la villégiature, au récréotourisme, à l’écotourisme et à la foresterie ». Plusieurs organismes, comme le Conseil régional de l’environnement et du développement durable de l’Outaouais, joignent leur voix au mouvement.

La région suscite l’intérêt des compagnies d’exploration minière en raison de la présence de graphite, un minerai essentiel à la production de batteries destinées à l’électrification des transports. Le projet de mine à ciel ouvert La Loutre, de l’entreprise Lomiko se trouve notamment à proximité des municipalités de Duhamel et de Lac-des-Plages, qui font partie du front commun. La future mine se trouve au cœur d’un réseau de lacs et de cours d’eau où se trouvent de nombreux chalets, notamment à moins de six kilomètres du lac Simon.

« Le lac Simon, il y a plus de 1000 familles qui sont là. Ils veulent implanter ça dans des milieux vierges, des milieux humides, de la montagne. Ça va devenir un parc industriel de grande dimension, avec du bruit de transport, du dynamitage, de la poussière », déplore Louis St-Hilaire, porte-parole du Regroupement, qui s’inquiète aussi des risques de contamination de l’eau.

À moins que les évaluations environnementales à venir ne défavorisent le projet, il est trop tard pour empêcher l’avènement de la mine de Lomiko, qui a un droit acquis sur ce territoire, affirme le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon. « On veut éviter qu’il y en ait d’autres, a-t-il toutefois indiqué. On sait qu’il va y en avoir beaucoup. »

En Outaouais et dans les régions voisines des Laurentides, cinq projets de mines de graphite sont en développement. Le nombre de titres actifs d’exploration minière liée au graphite a plus que doublé dans les Laurentides et dans Lanaudière entre 2015 et 2020. Le Regroupement qualifie ainsi la zone de « pays de l’or vert », en référence aux prétentions environnementales de cette extraction.

Pour le préfet de la MRC de Papineau, l’opinion publique est unanime parmi les citoyens et les élus. L’appui officiel de toutes les municipalités de la MRC témoigne, selon lui, de l’importance du dossier. Il affirme que les milieux d’affaires sont aussi de leur côté.

Des changements demandés

Ils ne sont pas contre les mines, mais veulent protéger 11 % de leur territoire, essentiellement autour des lacs et des rivières, en plus des milieux urbains et villageois. Dans un processus de définition des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM) sur son territoire, la MRC de Papineau a présenté ses demandes au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation.

« Ça a été refusé par le ministère, car le territoire qu’on a défini ne répond pas aux critères gouvernementaux, donc on nous a dit d’ajuster nos demandes en lien avec ça, rapporte Benoit Lauzon. Le milieu municipal, on est un gouvernement de proximité, on veut avoir les pouvoirs de décider où on veut des mines et où on n’en veut pas. »

Des changements législatifs sont donc nécessaires, croit le préfet. Dans un mémoire dans le cadre de la Consultation sur la stratégie nationale d’urbanisme et d’aménagement des territoires, la MRC conclut d’ailleurs que « l’aménagement durable du territoire et le respect des collectivités locales nécessitent des lois et des cadres actuels (dont la Loi sur les mines, la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et les orientations gouvernementales pour les TIAM) afin de donner davantage de pouvoirs aux municipalités, aux MRC et aux nations autochtones pour protéger les milieux sensibles de leurs territoires ».

Cette question pourrait s’élargir à d’autres régions du Québec. Selon M. Lauzon, la MRC des Laurentides a des demandes similaires, et un comité de l’Union des municipalités du Québec se penche sur le dossier.

Le cabinet du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, n’a pas répondu à nos demandes d’information relativement à ce dossier.

************

 
Creuser dans le sud du Québec, à la recherche de graphite  
Roxane Léouzon 
4 décembre 2021 

À Saint-Michel-des-Saints, Nouveau Monde graphite s’attelle à creuser ce qui pourrait devenir la plus grande exploitation de graphite en Occident, selon l’entreprise. La minière a déjà reçu le feu vert de Québec pour aller de l’avant en début d’année et peut compter sur l’appui de la municipalité, mais des citoyens restent déterminés à l’arrêter — et plaident coûte que coûte que les minières n’ont pas à s’installer dans les zones de villégiature du sud de la province.

Le projet de mine à ciel ouvert de Matawinie se situe à deux heures de Montréal, à côté du lac aux Pierres, au sud du parc régional du Lac-Taureau, dans Lanaudière. « On est le plus gros projet et le plus avancé en Amérique du Nord », lance sans détour Éric Desaulniers, p.-d.g. de Nouveau Monde graphite et géologue de formation. Dès sa mise en production, et ce, pendant 26 ans, la mine extraira 100 000 tonnes de graphite par année de son gisement, dont la teneur s’élève à près de 4,35 % de graphite.

Le graphite, nécessaire pour le virage électrique des transports, représente la moitié des composantes de la batterie aux ions de lithium, soit environ 95 % de l’anode. « C’est aussi le minéral le plus contrôlé de tous les matériaux de batterie », constate M. Desaulniers. Présentement, la Chine accapare plus de 85 % de la production de toutes les anodes (graphite naturel et synthétique) et 100 % des anodes constituées de graphite naturel, selon les données de Benchmark Minerals.

Nouveau Monde graphite ne cache pas qu’il a pour ambition de soutirer des parts de marché au géant asiatique et de se positionner comme un fournisseur de premier plan pour les manufacturiers qui veulent diversifier leurs sources d’approvisionnement. « On sait bien qu’on ne va pas dépasser la Chine, mais on veut être cet autre fournisseur », explique Éric Desaulniers.

La production de la mine, qui devait débuter à la fin de 2023, devrait finalement plutôt être lancée en 2024 « parce qu’il faut faire arrimer le développement de la mine à celui de l’usine de transformation de Bécancour, dont les activités commerciales commenceront en 2025. Ça ne sert à rien de démarrer la mine trop vite », souligne M. Desaulniers.

« Le projet de Bécancour est très important pour nous », reconnaît-il. Si l’entreprise met autant d’efforts sur le développement de son procédé de transformation du graphite en matériel d’anode, c’est que c’est là qu’elle en tire la valeur ajoutée. Environ 60 % de la production de la mine sera ainsi envoyée à Bécancour, dont les produits transformés sont destinés à l’industrie des batteries électriques.

Une communauté divisée

Le projet minier, situé dans le Nitaskinan, territoire ancestral revendiqué par la nation atikamekw, ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de la communauté autochtone. Aucune entente n’a encore été signée entre la nation et l’entreprise. En mars dernier, à Radio-Canada, le Conseil des Atikamekw de Manawan disait vouloir obtenir des redevances de 250 millions de dollars de la part de l’entreprise.

« Ils ont dit publiquement ce qu’ils veulent avoir. Mais on ne peut pas offrir autant que ça, rétorque M. Desaulniers. Nous, par année, on va donner environ 30 millions au gouvernement du Québec en redevances minières. Et les Atikamekw veulent leur juste part du gâteau. Ça dépasse vraiment ce qu’on peut faire, parce qu’ils veulent un pourcentage de ce qu’on va donner au gouvernement du Québec. Là, c’est réellement une discussion à trois. »

Mais les Atikamekw ne sont pas les seuls à être partagés quant au projet. Une partie de la population, principalement des villégiateurs, s’inquiète des répercussions du projet minier sur l’environnement et l’écosystème touristique.

« C’est directement dans notre cour, donc c’est normal qu’on soit très très interpellés par le projet », lance d’emblée May Dagher, porte-parole de la Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie (COPH). « On n’a toujours eu qu’un seul son de cloche : celui du promoteur et du conseil municipal qui appuie le projet minier », déplore-t-elle.

Selon un sondage mené par la firme Léger, plus de 80 % de la population serait favorable au projet à Saint-Michel-des-Saints. Mais les villégiateurs remettent en cause la représentativité du sondage.

« Le sondage est biaisé, lance Dmitri Kharitidi, membre de la COPH. Ils ont appelé les lignes résidentielles locales, mais tous les villégiateurs qui n’ont pas nécessairement de ligne fixe à Saint-Michel-des-Saints et qui utilisent un téléphone portable n’ont pas été consultés. Cela fait en sorte qu’ils ont sondé la partie de la population qui était peut-être la plus favorable au projet parce qu’ils anticipent les retombées sur l’emploi reliées à la mine », explique-t-il.

Cet élément a d’ailleurs été souligné dans le rapport du BAPE, déposé en juin 2020. « L’échantillon comportait 5 % de villégiateurs, alors qu’ils constituent environ 50 % de la population résidant sur le territoire de la municipalité de Saint-Michel-des-Saints », y mentionne-t-on.

Non seulement les opposants ne veulent pas qu’une mine vienne « défigurer » le paysage de Saint-Michel-des-Saints, mais ils craignent aussi les risques liés aux résidus miniers toxiques, bien que Nouveau Monde graphite assure que la méthode utilisée de « codisposition » — qui vise à encapsuler les résidus acides et les métaux lourds dans les résidus non toxiques — protège d’éventuelles « fuites ».

Même si les travaux d’infrastructures de la mine ont déjà commencé, les opposants croient dur comme fer qu’ils peuvent encore faire avorter le projet.

« C’est la première fois, au Québec, qu’une mine vient s’installer dans un secteur de tourisme. Si le gouvernement commence à promouvoir ce genre de projets, où va-t-il s’arrêter ? » interroge May Dagher.

Mobilisation dans le sud du Québec

« Le débat n’est pas de savoir si on est pour ou contre les batteries », croit Ugo Lapointe, fondateur de Québec meilleure mine. « C’est plus nuancé que ça. On est tous d’accord, mais il faut le faire intelligemment. Car si on veut prétendre à faire du transport vert, il faut que la chaîne soit verte du début à la fin », résume-t-il.

« Actuellement, c’est free for all, poursuit-il. Les compagnies minières ont des titres miniers partout dans les Laurentides, dans Lanaudière, dans l’Outaouais, et là, il y a des mobilisations citoyennes très fortes. » Le projet de mine de graphite « La Loutre » de Lomiko — près de la réserve faunique de Papineau-Labelle —, notamment, suscite de vives inquiétudes chez les résidents du secteur.

« Il y a des municipalités qui se mobilisent pour réclamer du gouvernement qu’il révise la Loi sur les mines. Il faut revoir les critères des territoires incompatibles à l’activité minière au Québec, parce qu’on n’est pas capables de protéger nos lacs, nos rivières et nos milieux de villégiature », rapporte Ugo Lapointe.

« Il existe d’autres projets qui ont du sens, qui sont rentables et pour lesquels il y a une bonne acceptabilité sociale. Par exemple, il y a Mason Graphite et Focus Graphite, qui présentent certains avantages pour nous, à Québec meilleure mine. Leur teneur en graphite est plus élevée. Ils ne sont pas dans des zones de villégiature. Ils sont sur la Côte-Nord. Et il y a une très bonne acceptabilité sociale », résume M. Lapointe.

Selon lui, le Québec a la possibilité de choisir quelles réserves exploiter et quelles zones plus fragiles protéger. « Oui, la demande va exploser, mais les réserves mondiales sont aussi importantes. Le défi, c’est d’y accéder et de gérer les coûts socio-environnementaux », insiste-t-il.

 

  

Le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation
Toute la MRC de Papineau appuie la protection des lacs 
Yannick Boursier
7 décembre 2021 

La MRC de Papineau et le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation (RPLPN) font front commun pour obtenir la protection des lacs en lien avec la possibilité de voir apparaître des mines de graphites.

Le RPLPN travaille depuis plusieurs années à sensibiliser les citoyens de la MRC de Papineau à l’enjeu des claims miniers et du développement possible de mines de graphite, notamment en lien avec le projet Lomiko dans le secteur de Duhamel.

L’organisme qui représente plusieurs associations de propriétaires près des lacs demandait aux municipalités de les appuyer dans leurs démarches en adoptant une résolution. «On a approché les municipalités autour du projet Lomiko au début, indique Louis St-Hilaire, porte-parole du regroupement. On a agrandi le cercle par la suite.» Toute la MRC de Papineau a maintenant emboité le pas avec ce projet, ce qui sera positif pour l’avenir, espère M. St-Hilaire.

TIAM

L’objectif premier du regroupement est d’obtenir la protection des lacs en lien avec l’activité minière. Les MRC peuvent adopter dans leur schéma d’aménagement des Territoires incompatibles avec les activités minières (TIAM).

Ce sont des endroits où il sera interdit de faire ce genre d’activité. Toutefois, la MRC de Papineau et le gouvernement ne s’entendent pas sur ces TIAM. La MRC tente de protéger tous ses lacs complètement, alors que les règles du gouvernement prévoient une protection différente qui permettrait notamment de l’activité minière autour d’un lac où il n’y a pas au moins cinq résidences. Si bien que toutes les demandes de TIAM faite par la MRC ont été refusées.

Louis-St-Hilaire souhaite que cette unanimité lance un message clair au gouvernement. «Quand toute la population s’exprime comme ça, théoriquement le gouvernement devrait comprendre ça.»

La situation n’est pas propre à l’Outaouais. D’autres MRC sont aussi dans la même situation. «On continue de sensibiliser la population. C’est pas mal fait dans Papineau, mais il y a plein de territoire à sensibiliser, notamment les Laurentides.»

D’autres démarches seront prévues dans les prochaines semaines pour continuer de faire avancer le dossier, indique Louis St-Hilaire.

Bouger vite

Pour sa part, le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon, salue lui aussi ce travail de concertation de la part des municipalités et du regroupement. «C’est l’ensemble du territoire qui a des inquiétudes en lien avec ce dossier-là. Ça démontre l’importance d’adopter nos territoires incompatibles avec l’activité minière le plus rapidement possible.»

Ce dernier estime que le temps va commencer à manquer pour en arriver à une entente . Présentement, pendant le processus pour établir les TIAM, le gouvernement a suspendu l’octroi de nouveaux claims. Mais cette suspension ne sera pas éternelle.

«Il n’y a personne qui peut prendre de claim avec le territoire de la MRC présentement. Mais ce moratoire-là a une date d’échéance. Il faut s’entendre avant d’arriver là parce qu’on ne pourra pas le prolonger probablement. Et alors, on va venir mettre à risques l’ensemble du territoire.»

Le préfet entend aussi travailler avec les autres MRC qui ont fait des demandes au gouvernement dans le même style que celles de la MRC de Papineau. Il espère que l’unanimité du message envoyé par la MRC de Papineau va aider à faire comprendre l’importance de ce dossier au gouvernement.


 


La MRC Papineau prend position concernant l’industrie minière concernant l’industrie minière
Charlotte Leblanc-Haentjens
Mercredi 15 décembre 2021 

 

mardi 7 décembre 2021

Pas de Coupe dans la Route des Zingues

Pas de coupe dans la Route des Zingues !
 
Pas de coupe dans la Route des Zingues 
Yannick Boursier 
8 décembre 2021

La planification de la coupe d’arbres qui devait se faire sur un territoire touchant les Laurentides et l’Outaouais a été repoussée indéfiniment, ce qui assure une protection pour la route des Zingues.

Le ministère de la Forêt avait amorcé des démarches pour planifier de la coupe sur un territoire dans les Laurentides. Par contre, ce territoire entrait un peu dans l’Outaouais et le maire de Duhamel, David Pharand, avait fait une sortie affirmant ne pas avoir été consultée et que ce projet aurait des impacts sur la Route des zigues, des sentiers importants qui réunit l’Outaouais et les Laurentides.

Après avoir obtenu l’assurance d’être consulté pour la suite du dossier, le maire de Duhamel a reçu d’autres nouvelles dans les dernières semaines. «La réponse qu’on a reçue, c’est que la planification de la coupe a été rapportée à une date ultérieure sans préciser la date ultérieure.»

Deux facteurs expliqueraient cette situation. Dans un premier temps, l’accès au territoire serait très difficile et montagneux. De plus, on retrouve surtout de la pruche à cet endroit et le marché ne serait pas très favorable en ce moment pour ce type de bois, soutient M. Pharand. «On espère que le report va être très long.»

Poursuivre les démarches

Même si le ministère a indiqué qu’il reportait la planification de la coupe d’arbres à cet endroit, David Pharand entend garder un œil sur le dossier et s’assurer que les acquis obtenus dans les derniers mois ne soient pas oubliés.

Surtout qu’il y a eu un changement à la direction régionale si bien que ce n’est plus la même personne responsable du dossier. «On a écrit au nouveau directeur régional pour lui rappeler nos demandes et nos acquis. On avait quand même eu un engagement de la part de son prédécesseur.»

«Quand les Laurentides vont travailler près de notre zone, transporter le bois dans notre zone, on veut être impliqué», lance-t-il.