L’entreprise Nouveau monde graphite a obtenu l’autorisation de développer une mine à Saint-Michel-des-Saints par le biais d’un décret gouvernemental reçu en février.
Le site minier, dont l’exploitation commerciale devrait débuter en 2023, représente un projet de 350 M$. Son exploitation doit s’étendre sur une durée de 25 ans. Le graphite qui sortira de la fosse d’une longueur de 2,6 kilomètres servira à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques.
Selon le porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation (RPLPN), Louis St-Hilaire, dont l’organisation représente quelque 1000 riverains dans la région de la MRC de Papineau, ce projet vient confirmer que les régions de l’Outaouais, des Laurentides et de Lanaudière ont un véritable potentiel de «boom minier» dans le contexte où la stratégie d’électrification des transports du gouvernement du Québec est désormais bien établie.
«Le projet de Nouveau monde graphite, dans Lanaudière, est une porte ouverte pour développer le sud du Québec. Depuis que ce projet a été annoncé, le projet La Loutre, en Outaouais, a commencé à lever des fonds. C’est sûr qu’il va y avoir de l’activité dans la MRC de Papineau. Tout ce qui s’appelle graphite dans les derniers temps, les actions ont grimpé», lance M. St-Hilaire.
Le projet La Loutre, auquel fait référence M. St-Hilaire, c’est ce gisement de graphite en exploration depuis plusieurs années, propriété de l’entreprise Lomiko Metals. Le site sous la loupe de la minière est situé à proximité du lac Gagnon, entre les municipalités de Duhamel et Lac-des-Plages, dans la Petite-Nation.
M. St-Hilaire, qui souhaite que le gouvernement du Québec donne une plus grande latitude aux MRC afin qu’elles puissent elles-même sélectionner leurs territoires incompatibles avec les activités minières dans le but d’éviter que des mines à ciel ouvert soient aménagées dans des secteurs de villégiature, se dit inquiet de voir que Québec ait donné le feu vert à Nouveau monde graphite alors que les études environnementales n’ont même pas encore été complétées.
«Depuis un an, c’est difficile de parler d’autres choses que de la pandémie et de mobiliser la population. On ne regarde pas trop ce qui passe, mais pendant ce temps, les compagnies lèvent de l’argent et les projets avancent. La journée qu’une compagnie découvre un gisement aussi gros que Nouveau monde graphite, n’essayez pas d’arrêter ça. Nos inquiétudes ont augmenté parce qu’on voit que les projets peuvent être acceptés même si toutes les règles de l’environnement ne sont pas respectées, même si les problèmes d’acceptabilité sociale ne sont pas réglés et même si les communautés autochtones n’ont pas endossé le projet», déplore le porte-parole du RPLPN.
Exploration terminée pour Lomiko Metals
En
entrevue avec Le Droit, le président et directeur général de Lomiko
Metals, Paul Gill, a indiqué que l’étape du forage venait tout juste de
se terminer sur le site du projet La Loutre, après trois ans
d’exploration sur les 42 claims miniers qui s’étendent sur 25 kilomètres
carrés, entre Duhamel et Lac-des-Plages.
L’entreprise, dont le siège social est basé à Surrey, en Colombie-Britannique, prévoit maintenant préparer des études préliminaires sur les impacts environnementaux et économiques d’une éventuelle mine sur le site.
Selon M. Gill, il est prématuré d’affirmer que le projet La Loutre verra le jour éventuellement, même si Lomiko Metals a amassé depuis décembre dernier 2 M$ pour financer son chantier estimé à 200 M$ et que les forages ont permis de découvrir un potentiel exploitable de dizaines de millions de tonnes de graphite dans le sol.
«Les mines ne sont pas découvertes. Elles sont construites. Il y a tellement d’argent qui doit être investi et tellement d’étapes et d’études qui doivent être réalisées avant que ça se concrétise. C’est un processus difficile. Il n’y a aucune assurance que le projet va voir le jour. Le projet progresse pour obtenir un permis, mais je ne peux pas me prononcer davantage pour l’instant», a-t-il mentionné, tout en ajoutant que son entreprise allait s’assurer de consulter la communauté et d’obtenir l’acceptabilité sociale.
Un plus grand pouvoir aux MRC
Le préfet
de la MRC de Papineau et maire de Thurso, Benoît Lauzon, confirme que
des démarches sont toujours en cours pour tenter de convaincre le
ministre Jonatan Julien de modifier le règlement sur le TIAM.
En 2020, la MRC de Papineau a fait parvenir sa carte des TIAM au MERN, dans laquelle elle réclamait 10% de superficie supplémentaire de territoires à protéger par rapport à ce que le gouvernement permet en vertu des critères de la Loi sur les mines.
«Ce sont certains secteurs importants au niveau du tourisme ou de la villégiature qu’on souhaite voir faire partie des territoires incompatibles avec les activités minières. Des mines, on en veut sur notre territoire, mais pas n’importe où», explique M. Lauzon.
La carte proposée par la MRC a toutefois été rejetée par les fonctionnaires du MERN. Le dossier sera maintenant acheminé à l’Union des municipalités du Québec, confirme M. Lauzon, alors que d’autres Municipalités régionales de comtés réclament les mêmes changements au règlement.
«On est capable de bien protéger nos milieux urbains. On ne veut pas avoir deux classes de citoyens dans notre MRC. Nos villégiateurs ne sont pas des citoyens de deuxième ordre. Si on dit qu’il ne peut pas y avoir de mine à moins de 1000 mètres d’un périmètre urbain, ça doit être la même règle qui s’applique en zone de villégiature. C’est ce qu’on demande.»
Aucun commentaire:
Publier un commentaire