dimanche 21 juillet 2024

ACTIVITÉS MINIÈRES: Citoyens de l’Outaouais Dénoncent par Centaines le Projet Minier La Loutre






Salle comble concernant un projet minier controversé en Outaouais
Plus de 325 citoyens ont cherché à comprendre l’intérêt soudain de Lomiko Metals pour cette région
Martin Jolicoeur
23 juillet 2024

La petite église centenaire du village de Duhamel, en Outaouais, peut accueillir tout au plus 200 personnes les soirs de messe de minuit. À 9 heures, dimanche matin, ils étaient pourtant plus de 325 à tenter de s’y entasser pour comprendre l’intérêt soudain de Lomiko Metals pour leur région.
«Nul n’avait imaginé qu’autant de personnes viendraient», a réagi le président du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, Louis St-Hilaire. Ce dernier avait été invité comme panéliste à prendre part à cette première de trois séances d’information organisées par les maires de la région.
«Il y avait tellement de gens que facilement une centaine de personnes sont restées à l’extérieur pour écouter ce qui se disait. Rester debout, dehors pendant trois heures, en pleine chaleur, devant des haut-parleurs sans image, fallait quand même le faire. Rien que ça démontre bien toute l’inquiétude que suscite ce projet dans la population.»
Connu sous le nom de «La Loutre», le projet de mine de graphite à ciel ouvert est mené par Lomiko Metals, une société cotée à la Bourse de Toronto et établie en Colombie-Britannique.
Avec le soutien financier (11,4 M$) du département américain de la Défense, elle prépare la construction d’une mine à environ une trentaine de kilomètres à l’ouest de Mont-Tremblant, dans les Laurentides. Elle serait comparable dans sa forme (à ciel ouvert) à celle de la Canadian Malartic, en Abitibi.
Des représentants des municipalités touchées (Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, Saint-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages), de la société minière et de groupes de défense de l’environnement étaient sur place pour répondre aux questions des citoyens, souvent émotifs devant les changements envisagés.
Le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon, n’a pas caché qu’il voyait difficilement comment une région vouée au développement récréotouristique pourrait intégrer une industrie minière sur son territoire sans heurts.
À terme, les maires de la région espèrent consulter les citoyens afin de mesurer leur degré d’acceptation de cette nouvelle orientation socio-économique pour leur région. Une tâche qui incombe d’ordinaire aux sociétés minières dans le cadre d’études préparatoires menant aux travaux du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Lors de sa dernière campagne électorale, François Legault avait promis qu’aucun projet minier n’irait de l’avant sans acceptabilité sociale dans les régions concernées. Son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a répété depuis le même message.
Si Lomiko réussi à obtenir l'aval du gouvernement malgré tout, la construction de la mine pourrait débuter aussi rapidement qu’à la fin de 2026.
Les deux prochaines séances d’information à ce sujet sont prévues pour le 25 août, à Chénéville, et le 15 septembre, à Saint-Émile-de-Suffolk.







Des citoyens de l’Outaouais dénoncent par centaines le Projet minier La Loutre
Maude Ouellet 
21 juillet 2024 

L’église de Duhamel en Outaouais débordait dimanche matin, mais les centaines de citoyens n’étaient pas là pour assister à la messe. Ils y étaient pour la première d’une série de séances publiques sur un projet de mine de graphite qui pourrait voir le jour près de chez eux : le projet La Loutre.

À l’extérieur, des dizaines de personnes écoutaient les échanges grâce à des haut-parleurs. Les représentants de l’entreprise Lomiko Metals, qui est derrière le projet, ont eu droit à un barrage de questions de résidents inquiets.

Faut montrer clairement que la population est en désaccord avec le projet minier qui veut s’installer à quelques kilomètres de nos lacs, lance Martin Sirois, un citoyen.

Ici, c’est une région de villégiature. Les gens viennent ici pour le calme et la tranquillité, et là on parlerait de bruit et de nuisances qui dureraient des années, ajoute-t-il.

Ses craintes et celles d’autres citoyens sur place sont montées d’un cran en juin dernier, quand l’entreprise de la Colombie-Britannique a annoncé qu’elle avait obtenu une aide financière de plus de 15 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral et de l’armée américaine.

Est-ce qu’ils vont nous rembourser notre maison?, se questionne quant à lui Laurent Begue, qui s’est installé dans la région l’an dernier, et qui craint que sa propriété perde de la valeur.

Ça ne me touche pas personnellement, parce que je ne suis pas à côté du lac Doré, mais j’ai beaucoup d’amis qui sont là, et je les [appuie] dans ça, indique Michel Piché, un autre citoyen.

Selon une carte qui figure dans une étude économique préliminaire de Lomiko, l’entreprise envisage d'aménager la mine à l’est du lac Doré, et à proximité des lacs Bélanger, Tallulah et du Petit lac vert.

Une rencontre en vue d’un BAPE

La rencontre publique était organisée par l’Alliance des municipalités Petite-Nation Nord, qui comprend des élus de Lac-des-Plages, Duhamel, Saint-Émile-de-Suffolk, Lac-Simon et Chénéville.

Le rendez-vous de dimanche se voulait une manière d’informer les résidents de la région pour mesurer l'acceptabilité sociale du projet minier, et ce, en vue des audiences du BAPE.

En 2022, le premier ministre François Legault a affirmé qu’il ne laisserait pas des compagnies minières s’installer où bon leur semblent sans l’accord des populations locales. Plusieurs élus de la Petite-Nation se demandent maintenant s’il tiendra parole.

Les prochaines séances d’information publiques sont prévues le 25 août à Chénéville et le 14 septembre à Saint-Émile-de-Suffolk.








Acceptabilité sociale: cinq villages de l'Outaouais prennent au mot François Legault: En attendant un BAPE, les élus inquiets par un projet de mine de graphite s'apprêtent à mesuer eux-mêmes l'acceptabilité sociale de leur population.
Martin Jolicoeur 
21 juillet 2024
Journal de Montreal
Les élus de cinq villages environnant un projet de mine de graphite, mené par Lomiko Metals avec l’aide du département de la Défense américaine, ont décidé de prendre au mot le gouvernement Legault et de se charger de mesurer eux-mêmes le degré d’acceptabilité sociale de leur population.
«Les citoyens venaient me voir en me disant avoir entendu des foreuses de l’autre côté du lac. Je n’étais pas du tout au courant, ce qui n’était pas normal, relate le maire de Duhamel, en Outaouais, David Pharand. C’est là, qu’ensemble, on a décidé de prendre le dossier en main.»
À compter de ce dimanche, les citoyens de la région (Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, St-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages) sont conviés à la première de trois séances d’information prévues sur le projet d'ici septembre. Un représentant des municipalités, de la société minière et de groupes de défense de l’environnement seront sur place pour présenter leur vision et répondre aux questions.
L'objectif, à terme : organiser une consultation référendaire afin de mesurer si, oui ou non, les ambitions de développement de Lomiko Metals sont acceptées par la population locale. Une tâche qui incombe d’ordinaire aux sociétés minières dans le cadre d’études préparatoires menant aux travaux du Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE).
Court-circuiter les procédures
«On pourrait bien sûr attendre que Lomiko s’en charge et présente, comme ailleurs, le résultats de ses travaux lors du BAPE, explique le maire Pharand. Mais au rythme où vont les choses, le BAPE n’aura pas lieu avant l’automne 2026.»
«Or, poursuit-il, ce n’est pas après trois autres années d’investissements de l’entreprise dans le projet qu’on pourra faire quoi que ce soit. C’est maintenant que les gens veulent savoir et comprendre. Être rassurés ou non. Dans trois ans d'ici, il risque d'être trop tard pour changer quoi que ce soit.»
Connu sous le nom de La Loutre, le projet de mine de graphite à ciel ouvert est situé en Outaouais, à une trentaine de kilomètres à l’ouest – à vol d’oiseau – de la municipalité de Mont-Tremblant, dans les Laurentides.
L'opposition citoyenne a grimpé d'un cran au début de juin, après que l’entreprise de Colombie-Britannique, eut confirmé l’obtention d’une subvention de 11,4 M$ du département américain de la Défense.
Les promesses de Legault
Lors de sa dernière campagne électorale, François Legault a promis qu’aucun projet minier n’irait de l’avant sans acceptabilité sociale dans les régions concernées. Son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a répété depuis le même message à maintes reprises.
Le hic, est qu’il n’existe pas au Québec de définition claire de ce qui constitue l’acceptabilité sociale d’une communauté pour un projet, souligne Julie Reid Forget, experte et consultante en ces matières. «On analyse les sols, on compte les oiseaux, et tout. Mais l’impact social d’un projet, lui, son acceptation ou son rejet par la communauté, n’est ni bien mesuré, ni bien défini».
Devant un tel flou, on s’en remet souvent au pouvoir discrétionnaire des gouvernements, déplore pour sa part le président du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, Louis St-Hilaire. «C’est totalement aléatoire. Les politiciens le savent et s’en servent allégrement (la notion d'acceptabilité sociale) pour faire croire tout et n’importe quoi (les éoliennes d’Hydro-Québec, l’usine de Northvolt sur la rive-sud, etc) à la population. C’est déplorable.»
Nouveau Monde Graphite
Ce dernier rappelle que dans le cas du projet de Nouveau Monde Graphite, à Saint-Michel-des-Saints, les porteurs du projet avaient – en guise de démonstration d’une prétendue acceptabilité sociale - présenté le résultat d’un sondage téléphonique (sur «ligne dure» seulement) effectué en plein de mois de novembre.
«C’était du n’importe quoi, décrié par le BAPE à l’époque, mais que le gouvernement Legault a tout de même fini par laisser passer par décret», relate à regret M. Saint-Hilaire.
salue au passage la démarche entreprise par les cinq municipalités de l’Outaouais dans ce dossier. Une démarche «aussi inusitée que courageuse» à ses yeux, qui, avec un peu de chance, permettra à la région d’éviter plusieurs dérives du passé. Outre le cas de Nouveau Monde Graphite, dans Lanaudière, celui de la mine Canadian Malartic, en Abitibi, vient immédiatement en tête.
C’est aussi, modestement, l’espoir des élus du coin, admet M. Pharand. Il espère que ces efforts permettront aux citoyens de mieux comprendre ce que Lomiko prépare, et au gouvernement de Québec, de mieux apprécier le degré d’acceptabilité ou de non acceptabilité sociale envers ce projet.
«Il sera intéressant de voir si M. Legault saura tenir sa parole, ajoute M. Saint-Hilaire. Dans l'éventualité où il est démontré qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale, est-ce que ce gouvernement osera empêcher -comme promis- que cette mine, financée par la Défense américaine, voit le jour sur notre territoire?»
FAITS SAILLANTS
Les trois séances d’information :

Le 21 juillet, à Duhamel
Le 25 août, à Chénéville
Le 15 septembre, à Saint-Émile-de-Suffolk

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dimanche à la paroisse Notre-Dame-du-Mont-Carmel à Duhamel pour en savoir davantage sur le projet minier La Loutre. (Chantallya Louis)

Les opposants du projet ne sont pas passés inaperçus lors de la rencontre.  (Chantallya Louis)

La cheffe de direction à Lomiko Metals, Belinda Labatte, présente à cette première séance d’information, a dû répondre à plusieurs dizaines de questions des citoyens dimanche. (Chantallya Louis)

Le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon, était présent à la réunion. (Chantallya Louis)

Le maire de Duhamel et co-porte-parole de l’Alliance, David Pharand comprend que l’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous pour la concrétisation de ce projet. (Chantallya Louis)

Pour Erica Feininger, la mise sur pied du projet minier La Loutre serait catastrophique à plusieurs égards.  (Chantallya Louis)

La résidente Evelyne St-Onge estime que son chalet familial près du lac Simon est en péril si jamais le projet minier La Loutre va de l'avant. (Chantallya Louis)

Les résidents de Duhamel et des environs étaient très attentifs aux propos des divers intervenants lors de la rencontre sur le projet minier La Loutre. (Chantallya Louis)


Projet minier la Loutre : «C’est le début de la fin, si on commence à exploiter l’Outaouais»
22 juillet 20241

L’émotion était sans aucun doute palpable, alors que plusieurs centaines de personnes s’étaient réunies, dimanche, à la paroisse Notre-Dame-du-Mont-Carmel à Duhamel pour une première séance d’information en ce qui concerne le projet minier La Loutre de Lomiko Metals.

Devant les nombreux citoyens mécontents, invités par l’Alliance des municipalités Petite-Nation Nord, les représentants de l’entreprise de Lomiko Metals ont présenté leur vision face à leur projet minier.

La cheffe de direction, Belinda Labatte, insiste : elle souhaite mettre en place un projet de «développement harmonieux». Toutefois, sa présentation n’a pas suffi pour convaincre la population présente.

«C’est notre refuge pour se sauver de la folie de la ville. C’est notre santé mentale qui vit ici», lance Evelyne St-Onge, la voix cassée et les larmes plein les yeux.

La résidente du lac Simon voit son chalet familial, construit par son grand-père de son vivant, en péril.

«Je trouvais que c’était une des rares places où c’est qu’il y avait encore un équilibre avec l’activité humaine et de nature», ajoute Evelyne St-Onge.

Même son de cloche chez Erica Feininger, une artiste qui a récemment adopté le lac Gagnon comme lieu de retraite depuis plus d’un an.

«J’ai déménagé de Montréal pour commencer ma retraite, et j’ai mis tous mes sous dans ma maison, et maintenant, je fais tout pour faire certain que l’environnement est protégé», dit-elle fermement.

«C’est le début de la fin, si on commence à exploiter l’Outaouais, soutient Erica Feininger. Il faut garder précieusement les régions de la planète qui ne sont pas exploitées».

Des élus se rangent derrière la population

L’Alliance des municipalités Petite-Nation

Nord, créée en décembre 2023 pour contrer le boom minier dans la région, regroupe les cinq municipalités avoisinantes du projet minier La Loutre, dont Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, St-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages.

Le maire de Duhamel et co-porte-parole de l’Alliance, David Pharand comprend que l’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous pour la concrétisation de ce projet.

«Mais c’est une perception. On veut, comme Alliance, passer à l’étape de consulter la population d’une façon démocratique avec un vote sur la question», dit David Pharand.

Toutefois, il assure se ranger derrière la volonté des citoyens de la région.

«Quand on regarde la vision qu’on s’est donnée pour le milieu, c’est difficile de concevoir l’implantation d’une industrie lourde», avance-t-il perplexe aux journalistes.

En effet, selon le maire, la municipalité de Duhamel à une richesse foncière importante.

«Nous sommes la troisième municipalité la plus riche de notre MRC. Je pense que l’arrivée d’une activité minière pourrait nuire à cette richesse».

Le préfet de la MRC de Papineau, Benoît Lauzon, est du même avis. «On va faire notre travail pour venir délimiter les territoires incompatibles avec l’activité minière», soutient-il.

«C’est important que le message de la communauté locale se rende à Québec», ajoute-t-il.

Cependant, il croit que la décision finale revient aux 50 000 résidents de la MRC.

«Il faut que notre député, Mathieu Lacombe, prenne le dossier en main et qu’il défende la population de son côté», défend-il.

Lors de la dernière élection au Québec qui a mené à l’élection du premier ministre François Legault, ce dernier avait promis qu’il n’y aurait aucun projet minier sans l’acceptabilité sociale des régions concernées.

Pourrait-il y avoir un compromis?

La cheffe de direction de Lomiko Metals, Belinda Labatte, présente à cette première séance d’information, devait répondre à plusieurs dizaines de questions des citoyens. Elle n’a toutefois pas échappé aux sifflements de désaccords de la salle pleine.

«J’ai remarqué qu’il n’y avait pas assez de temps pour expliquer tout le projet qui est dans l’étude préliminaire, admet-elle aux journalistes. J’ai remarqué aussi qu’il y a du travail à faire pour vraiment établir c’est quoi cette stratégie de minéraux critiques au Québec et comment on va travailler ensemble».

Alors que la journaliste du Droit lui a demandé s’il y avait possibilité de compromis pour un tel projet, sa réponse est restée évasive.

«J’ai toujours dit, dès le début, ce qu’on cherche, c’est un esprit ouvert pour avoir des conversations. Et je crois que la collaboration, avoir un comité de suivi, s’impliquer, ça, c’est ce qu’on cherche».

Néanmoins, Belinda Labatte soutient que des actions ont été prises afin de mettre la population en confiance face au projet La Loutre.

Par exemple, elle mentionne un programme de surveillance pour le bruit dans le forage, ou encore l’évaluation régulière de la qualité de l’eau.

L’Alliance a prévu deux autres séances d’informations publiques d’ici la fin de l’été. Une le 25 août dans le gymnase du Centre St-Félix-de-Valois à Chénéville et une autre le 15 septembre à St-Émile-de-Suffolk.

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dimanche 14 juillet 2024

ACTIVITÉS MINIÈRES: Des villes des Laurentides s’unissent pour faire des consultations sur un projet

Oui à l'eau!
NON à la mine La Loutre de Lomiko !


Des villes des Laurentides s’unissent pour faire des consultations sur un projet 
Joe Bongiorno
13 juillet 2024
La Presse

Cinq municipalités situées à proximité d’un site proposé pour une mine de graphite ayant des liens avec le Pentagone ont créé une alliance pour accélérer les consultations publiques sur le projet. Elles souhaitent aussi faire pression sur le gouvernement provincial pour qu’il écoute ce que les habitants ont à dire.

Lorsque Lomiko Metals, une société minière basée à Surrey, en Colombie-Britannique, a annoncé son intention d’ouvrir une mine dans la région des Laurentides pour produire du graphite – l’un des minéraux essentiels les plus recherchés au monde et nécessaire à la fabrication de batteries de véhicules électriques – certains résidants vivant à proximité ont commencé à protester contre le projet, craignant les dommages potentiels à l’environnement.

Ils ont été encore plus contrariés lorsqu’ils ont appris que Lomiko avait reçu 11,4 millions du département de la Défense des États-Unis pour ce projet.

Depuis, les municipalités situées à proximité du site minier proposé – Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, Saint-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages – ont décidé de se charger de l’information du public.

Habituellement, les entreprises qui souhaitent construire de grands projets ont la responsabilité de tenir des consultations publiques et de s’assurer d’un niveau « d’acceptabilité sociale », a affirmé le maire de Duhamel, David Pharand, porte-parole de l’alliance.

Mais pas cette fois. M. Pharand a déclaré que l’alliance souhaite tenir des consultations au cours des prochains mois puis, d’ici 2026, lancer une sorte de vote, éventuellement un référendum, pour savoir exactement ce que les gens pensent du projet. Cependant, a dit M. Pharand, le gouvernement provincial doit convenir qu’un référendum ou un autre type de processus visant à recueillir l’opinion publique est une façon légitime de refléter l’acceptabilité sociale du projet.

Un « exemple à suivre »

Rodrigue Turgeon, co-responsable du programme national chez Mining Watch Canada, affirme que le niveau d’engagement des communautés si tôt dans le processus est « inhabituel » au pays, le qualifiant de « véritable exemple à suivre par d’autres municipalités ».

M. Turgeon, qui pratique également le droit de l’environnement et le droit minier, affirme qu’un référendum serait « sans précédent » pour le Québec, bien que courant en Amérique latine.

Louis Saint-Hilaire, président d’un groupe environnemental local, sera présent à la première séance d’information publique le 21 juillet comme l’un des intervenants opposés à la mine.

« Nous ne voulons pas avoir une gigantesque mine à ciel ouvert au milieu de tous ces lacs et de tous ces gens qui vivent autour », a-t-il soutenu, insistant sur le fait que peu de résidants soutiennent le projet, surtout après que Lomiko a annoncé en mai avoir reçu une subvention de 11,4 millions du Pentagone.

« Les gens sont furieux de cette situation. » ~ Louis Saint-Hilaire, président d’un groupe environnemental local

Le Pentagone a affirmé que le graphite de Lomiko renforcerait les chaînes d’approvisionnement énergétiques nord-américaines et serait utilisé pour des « applications de défense ».

Lomiko a indiqué qu’elle mènerait des études de faisabilité et métallurgiques au cours des cinq prochaines années et qu’elle serait soumise à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). L’entreprise prévoit de commencer la construction d’ici 2027.

Le graphite est un minéral clé pour la fabrication d’équipements militaires. Un rapport de 2023 du Centre d’études stratégiques de La Haye, un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité basé aux Pays-Bas, classe le graphite parmi les minéraux critiques dont la chaîne d’approvisionnement est menacée. Le rapport détaille que les armées européennes ont besoin de graphite pour fabriquer leurs avions de combat, leurs chars de combat, leurs sous-marins, leur artillerie et leurs munitions.

Des années avant une évaluation du BAPE

Dans un communiqué, Cindy Valence, directrice du développement durable de Lomiko, a déclaré à La Presse Canadienne que l’entreprise avait déjà rencontré « une multitude de parties prenantes » et qu’elle « suivrait tous les processus gouvernementaux en tant qu’opérateur responsable dans le secteur des minéraux critiques ».

L’entreprise continuera de partager les résultats des tests de qualité de l’eau avec la communauté et de solliciter les commentaires locaux sur d’autres questions, notamment l’accès routier, selon Mme Valence, qui a ajouté que la mine créera des emplois et aidera le Québec à atteindre ses objectifs stratégiques en matière de minéraux essentiels.

Selon le cabinet de la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, « il est important que les projets miniers qui se réalisent au Québec génèrent une acceptabilité sociale dans les communautés concernées ».

Dans un communiqué distinct, le ministère des Ressources naturelles a indiqué qu’il exige que les entreprises qui sollicitent des baux miniers reçoivent une autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec, un processus qui implique généralement la consultation du BAPE. « Afin de garantir l’intégration d’un projet minier dans son environnement d’accueil, les promoteurs sont fortement encouragés à mettre en place des mécanismes de dialogue avec les communautés très tôt dans le développement de leur projet », précise le ministère.

Cependant, selon M. Turgeon, il faudra peut-être des années avant que le BAPE réalise une évaluation d’impact, longtemps après que les sociétés minières ont commencé à promettre des emplois et à centrer le débat sur le développement économique au détriment des considérations environnementales.

De plus, ce qui définit l’acceptabilité sociale reste flou. « Il n’y a actuellement aucune ligne directrice spécifique dans la Loi sur les mines (du Québec) ni dans aucune autre loi au Québec, pour définir l’acceptabilité sociale », a expliqué M. Turgeon.

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Un projet minier soutenu par le Pentagone dans le collimateur de municipalités au Québec
13 juillet 2024

Cinq municipalités situées à proximité d'un site proposé pour une mine de graphite qui a des liens avec le Pentagone ont créé une alliance pour accélérer les consultations publiques concernant le projet. Elles souhaitent aussi faire pression sur le gouvernement provincial pour qu'il écoute ce que les habitants ont à dire.

Lorsque Lomiko Metals, une société minière basée à Surrey, en Colombie-Britannique, a annoncé son intention d'ouvrir une mine dans la région des Laurentides pour produire du graphite – nécessaire à la fabrication de batteries de véhicules électriques et l'un des minéraux essentiels les plus recherchés au monde –, certains résidents vivant à proximité ont commencé à protester contre le projet, craignant les dommages potentiels à l'environnement.

Ils ont été encore plus contrariés lorsqu'ils ont appris que Lomiko avait reçu 11,4 millions $ du ministère de la Défense des États-Unis pour ce projet.

Depuis, les municipalités situées à proximité du site minier proposé – Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, Saint-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages – ont décidé de se charger d'informer le public.

Habituellement, les entreprises qui souhaitent entreprendre de grands projets ont la responsabilité de tenir des consultations publiques et de s'assurer d'un niveau d'acceptabilité sociale, a affirmé le maire de Duhamel, David Pharand, porte-parole de l'alliance. Mais pas cette fois.

M. Pharand déclare que l'alliance souhaite tenir des consultations au cours des prochains mois puis, d'ici 2026, organiser une sorte de vote, éventuellement un référendum, afin de savoir exactement ce que les gens pensent du projet.

Cependant, dit M. Pharand, le gouvernement provincial doit convenir qu'un référendum ou un autre type de processus visant à recueillir l'opinion publique est une façon légitime de refléter l'acceptabilité sociale du projet.

Un exemple à suivre

Rodrigue Turgeon, coresponsable du programme national chez Mining Watch Canada, affirme que le niveau d'engagement des communautés si tôt dans le processus est inhabituel au pays, le qualifiant de véritable exemple à suivre par d'autres municipalités.

M. Turgeon, qui pratique également le droit de l'environnement et le droit minier, indique qu'un référendum serait sans précédent pour le Québec, bien que courant en Amérique latine.

Louis Saint-Hilaire, président d'un groupe environnemental local, sera présent à la première séance d'information publique le 21 juillet à titre d'intervenant opposé à la mine.

Nous ne voulons pas avoir une gigantesque mine à ciel ouvert au milieu de tous ces lacs et de tous ces gens qui vivent autour. ~ Louis Saint-Hilaire, porte-parole d'un groupe environnemental local


Louis Saint-Hilaire insiste sur le fait que peu de résidents soutiennent le projet, surtout après que Lomiko a annoncé en mai avoir reçu une subvention de 11,4 millions $ du Pentagone.

Les gens sont furieux de cette situation, soutient-il.

Le Pentagone a affirmé que le graphite de Lomiko renforcerait les chaînes d'approvisionnement énergétiques nord-américaines et serait utilisé pour des applications de défense.

Lomiko a déclaré qu'elle mènerait des études de faisabilité et des études métallurgiques au cours des cinq prochaines années et qu'elle serait soumise à un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). L'entreprise prévoit de commencer l'aménagement du site d'ici 2027.

Le graphite est un minéral clé pour la fabrication d'équipements militaires. Un rapport de 2023 du Centre d'études stratégiques de La Haye, un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité basé aux Pays-Bas, classe le graphite parmi les minéraux critiques dont la chaîne d'approvisionnement est menacée.

Le rapport explique que les armées européennes ont besoin de graphite pour fabriquer leurs avions de combat, leurs chars de combat, leurs sous-marins, leur artillerie et leurs munitions.

Des années avant une évaluation du BAPE


Dans un communiqué, Cindy Valence, directrice du développement durable de Lomiko, a déclaré à La Presse canadienne que l'entreprise avait déjà rencontré une multitude de parties prenantes et qu'elle suivrait tous les processus gouvernementaux en tant qu'opérateur responsable dans le secteur des minéraux critiques.

L'entreprise continuera de partager les résultats des tests de qualité de l'eau avec la communauté et de solliciter des commentaires locaux sur d'autres questions, notamment l'accès routier, selon Mme Valence. Elle a ajouté que la mine créera des emplois et aidera le Québec à atteindre ses objectifs stratégiques en matière de minéraux essentiels.

Selon le cabinet de la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, il est important que les projets miniers qui se réalisent au Québec génèrent une acceptabilité sociale dans les communautés concernées.

Dans un communiqué distinct, le ministère a indiqué qu'il exige que les entreprises qui sollicitent des baux miniers reçoivent une autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec, un processus qui implique généralement la consultation du BAPE.

Afin de garantir l'intégration d'un projet minier dans son environnement d'accueil, les promoteurs sont fortement encouragés à mettre en place des mécanismes de dialogue avec les communautés très tôt dans le développement de leur projet.

Une citation de Ministère des Ressources naturelles du Québec

Cependant, selon M. Turgeon, il faudra peut-être des années avant que le BAPEprocède à une évaluation d'impact, longtemps après que les sociétés minières ont commencé à promettre des emplois et à centrer le débat sur le développement économique au détriment des considérations environnementales.

De plus, ce qui définit l'acceptabilité sociale reste flou.

Il n'y a actuellement aucune ligne directrice spécifique dans la Loi sur les mines [du Québec], ni dans aucune autre loi au Québec, pour définir l'acceptabilité sociale, a expliqué M. Turgeon.





Quebec town leaders, residents unite to decide fate of mine with ties to Pentagon: Lomiko Metals Inc. received $11.4 million from U.S. government for mining project
Joe Bongiorno 
July 13, 2024
CBC

Five Quebec municipalities located by a proposed site for a graphite mine with ties to the Pentagon have created an alliance to accelerate public consultations on the project and pressure the provincial government to listen to what locals have to say.

When Lomiko Metals Inc., a mining company based in Surrey, B.C., announced plans for a mine in Quebec's Laurentians region to produce graphite — one of the world's most sought after minerals needed for manufacturing electric vehicle batteries — some residents living nearby began protesting the project, fearing the potential harm to the environment.

They got even more upset when they learned that Lomiko received $11.4 million from the United States Department of Defence for the project.

Since then, municipalities near the proposed mine site — Duhamel, Lac-Simon, Cheneville, St-Emile-de-Suffolk and Lac-des-Plages — have taken charge of informing the public.

"Usually companies that want to build major projects have the responsibility to hold public consultations and ensure a level of 'social acceptability,'" says Duhamel Mayor David Pharand, spokesperson for the alliance.

But not this time. Pharand said the alliance wants to hold consultations over the next few months and then, by 2026, launch a type of vote, possibly a referendum, to find out exactly what people think of the project. However, Pharand says, the provincial government must agree that a referendum or other type of process to gather public opinion is a legitimate way to reflect the project's social acceptability.

Rodrigue Turgeon, national program co-lead at Mining Watch Canada, says the level of engagement from the communities so early in the process is "unusual" in the country, calling it a "true example to be followed by other municipalities."

Turgeon, who also practises environmental and mining law, says a referendum would be "unprecedented" for Quebec, though common in Latin America.

Louis Saint-Hilaire, president of a local environmental group, will attend the first public information session on July 21 as one of the speakers opposing the mine.

"We don't want to have a gigantic open pit mine in the middle of all those lakes and all those people living around them," he said, insisting that few locals support the project, especially after Lomiko announced in May it received a grant of $11.4 million from the Pentagon.

"People are furious about this," he said.

The Pentagon has said Lomiko's graphite will bolster North American energy supply chains and be used for "defence applications."

Lomiko has said it will be conducting feasibility and metallurgical studies over the next five years and will be subject to a review by Quebec's environment consultations office, known as the BAPE.

It says it plans to begin construction by 2027.

Graphite is a key mineral for manufacturing military equipment. A 2023 report by The Hague Centre for Strategic Studies, a defence and security think tank based in the Netherlands, lists graphite as a critical mineral whose supply chain is under threat. The report said European militaries need graphite for fighter aircraft, battle tanks, submarines, artillery and ammunition.

In a statement, Lomiko chief sustainability officer Cindy Valence told The Canadian Press that the company has already met with "a multitude of stakeholders" and will "follow all government processes as a responsible operator in the critical minerals sector."

The company will continue to share the results of water quality testing with the community and seek local feedback on other issues including road access, according to Valence, who added that the mine will create jobs and help Quebec meet its critical minerals strategy objectives.

The office of Quebec Minister of Natural Resources Maïte Blanchette Vézina said, "it is important that the mining projects that go forward in Quebec generate social acceptability in the communities concerned."

In a separate statement, the Natural Resources Department said it requires companies seeking mining leases to receive authorization under Quebec's Environment Quality Act, a process that generally involves consulting the BAPE.

"To ensure that a mining project integrates into its host environment, developers are strongly encouraged to set up mechanisms for dialogue with communities very early on in the development of their project," the department said.

However, Turgeon says it can take years for the BAPE to make an impact assessment, long after mining companies have begun promising jobs and centring the debate on economic development at the expense of environmental considerations.

Furthermore, what defines social acceptability remains murky.

"There are no specific guidelines in the [Quebec] Mining Act, nor in any other laws in Quebec at the moment to define social acceptability," said Turgeon.