dimanche 14 juillet 2024

ACTIVITÉS MINIÈRES: Des villes des Laurentides s’unissent pour faire des consultations sur un projet

Oui à l'eau!
NON à la mine La Loutre de Lomiko !


Des villes des Laurentides s’unissent pour faire des consultations sur un projet 
Joe Bongiorno
13 juillet 2024
La Presse

Cinq municipalités situées à proximité d’un site proposé pour une mine de graphite ayant des liens avec le Pentagone ont créé une alliance pour accélérer les consultations publiques sur le projet. Elles souhaitent aussi faire pression sur le gouvernement provincial pour qu’il écoute ce que les habitants ont à dire.

Lorsque Lomiko Metals, une société minière basée à Surrey, en Colombie-Britannique, a annoncé son intention d’ouvrir une mine dans la région des Laurentides pour produire du graphite – l’un des minéraux essentiels les plus recherchés au monde et nécessaire à la fabrication de batteries de véhicules électriques – certains résidants vivant à proximité ont commencé à protester contre le projet, craignant les dommages potentiels à l’environnement.

Ils ont été encore plus contrariés lorsqu’ils ont appris que Lomiko avait reçu 11,4 millions du département de la Défense des États-Unis pour ce projet.

Depuis, les municipalités situées à proximité du site minier proposé – Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, Saint-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages – ont décidé de se charger de l’information du public.

Habituellement, les entreprises qui souhaitent construire de grands projets ont la responsabilité de tenir des consultations publiques et de s’assurer d’un niveau « d’acceptabilité sociale », a affirmé le maire de Duhamel, David Pharand, porte-parole de l’alliance.

Mais pas cette fois. M. Pharand a déclaré que l’alliance souhaite tenir des consultations au cours des prochains mois puis, d’ici 2026, lancer une sorte de vote, éventuellement un référendum, pour savoir exactement ce que les gens pensent du projet. Cependant, a dit M. Pharand, le gouvernement provincial doit convenir qu’un référendum ou un autre type de processus visant à recueillir l’opinion publique est une façon légitime de refléter l’acceptabilité sociale du projet.

Un « exemple à suivre »

Rodrigue Turgeon, co-responsable du programme national chez Mining Watch Canada, affirme que le niveau d’engagement des communautés si tôt dans le processus est « inhabituel » au pays, le qualifiant de « véritable exemple à suivre par d’autres municipalités ».

M. Turgeon, qui pratique également le droit de l’environnement et le droit minier, affirme qu’un référendum serait « sans précédent » pour le Québec, bien que courant en Amérique latine.

Louis Saint-Hilaire, président d’un groupe environnemental local, sera présent à la première séance d’information publique le 21 juillet comme l’un des intervenants opposés à la mine.

« Nous ne voulons pas avoir une gigantesque mine à ciel ouvert au milieu de tous ces lacs et de tous ces gens qui vivent autour », a-t-il soutenu, insistant sur le fait que peu de résidants soutiennent le projet, surtout après que Lomiko a annoncé en mai avoir reçu une subvention de 11,4 millions du Pentagone.

« Les gens sont furieux de cette situation. » ~ Louis Saint-Hilaire, président d’un groupe environnemental local

Le Pentagone a affirmé que le graphite de Lomiko renforcerait les chaînes d’approvisionnement énergétiques nord-américaines et serait utilisé pour des « applications de défense ».

Lomiko a indiqué qu’elle mènerait des études de faisabilité et métallurgiques au cours des cinq prochaines années et qu’elle serait soumise à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). L’entreprise prévoit de commencer la construction d’ici 2027.

Le graphite est un minéral clé pour la fabrication d’équipements militaires. Un rapport de 2023 du Centre d’études stratégiques de La Haye, un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité basé aux Pays-Bas, classe le graphite parmi les minéraux critiques dont la chaîne d’approvisionnement est menacée. Le rapport détaille que les armées européennes ont besoin de graphite pour fabriquer leurs avions de combat, leurs chars de combat, leurs sous-marins, leur artillerie et leurs munitions.

Des années avant une évaluation du BAPE

Dans un communiqué, Cindy Valence, directrice du développement durable de Lomiko, a déclaré à La Presse Canadienne que l’entreprise avait déjà rencontré « une multitude de parties prenantes » et qu’elle « suivrait tous les processus gouvernementaux en tant qu’opérateur responsable dans le secteur des minéraux critiques ».

L’entreprise continuera de partager les résultats des tests de qualité de l’eau avec la communauté et de solliciter les commentaires locaux sur d’autres questions, notamment l’accès routier, selon Mme Valence, qui a ajouté que la mine créera des emplois et aidera le Québec à atteindre ses objectifs stratégiques en matière de minéraux essentiels.

Selon le cabinet de la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, « il est important que les projets miniers qui se réalisent au Québec génèrent une acceptabilité sociale dans les communautés concernées ».

Dans un communiqué distinct, le ministère des Ressources naturelles a indiqué qu’il exige que les entreprises qui sollicitent des baux miniers reçoivent une autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement du Québec, un processus qui implique généralement la consultation du BAPE. « Afin de garantir l’intégration d’un projet minier dans son environnement d’accueil, les promoteurs sont fortement encouragés à mettre en place des mécanismes de dialogue avec les communautés très tôt dans le développement de leur projet », précise le ministère.

Cependant, selon M. Turgeon, il faudra peut-être des années avant que le BAPE réalise une évaluation d’impact, longtemps après que les sociétés minières ont commencé à promettre des emplois et à centrer le débat sur le développement économique au détriment des considérations environnementales.

De plus, ce qui définit l’acceptabilité sociale reste flou. « Il n’y a actuellement aucune ligne directrice spécifique dans la Loi sur les mines (du Québec) ni dans aucune autre loi au Québec, pour définir l’acceptabilité sociale », a expliqué M. Turgeon.

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Un projet minier soutenu par le Pentagone dans le collimateur de municipalités au Québec
13 juillet 2024

Cinq municipalités situées à proximité d'un site proposé pour une mine de graphite qui a des liens avec le Pentagone ont créé une alliance pour accélérer les consultations publiques concernant le projet. Elles souhaitent aussi faire pression sur le gouvernement provincial pour qu'il écoute ce que les habitants ont à dire.

Lorsque Lomiko Metals, une société minière basée à Surrey, en Colombie-Britannique, a annoncé son intention d'ouvrir une mine dans la région des Laurentides pour produire du graphite – nécessaire à la fabrication de batteries de véhicules électriques et l'un des minéraux essentiels les plus recherchés au monde –, certains résidents vivant à proximité ont commencé à protester contre le projet, craignant les dommages potentiels à l'environnement.

Ils ont été encore plus contrariés lorsqu'ils ont appris que Lomiko avait reçu 11,4 millions $ du ministère de la Défense des États-Unis pour ce projet.

Depuis, les municipalités situées à proximité du site minier proposé – Duhamel, Lac-Simon, Chénéville, Saint-Émile-de-Suffolk et Lac-des-Plages – ont décidé de se charger d'informer le public.

Habituellement, les entreprises qui souhaitent entreprendre de grands projets ont la responsabilité de tenir des consultations publiques et de s'assurer d'un niveau d'acceptabilité sociale, a affirmé le maire de Duhamel, David Pharand, porte-parole de l'alliance. Mais pas cette fois.

M. Pharand déclare que l'alliance souhaite tenir des consultations au cours des prochains mois puis, d'ici 2026, organiser une sorte de vote, éventuellement un référendum, afin de savoir exactement ce que les gens pensent du projet.

Cependant, dit M. Pharand, le gouvernement provincial doit convenir qu'un référendum ou un autre type de processus visant à recueillir l'opinion publique est une façon légitime de refléter l'acceptabilité sociale du projet.

Un exemple à suivre

Rodrigue Turgeon, coresponsable du programme national chez Mining Watch Canada, affirme que le niveau d'engagement des communautés si tôt dans le processus est inhabituel au pays, le qualifiant de véritable exemple à suivre par d'autres municipalités.

M. Turgeon, qui pratique également le droit de l'environnement et le droit minier, indique qu'un référendum serait sans précédent pour le Québec, bien que courant en Amérique latine.

Louis Saint-Hilaire, président d'un groupe environnemental local, sera présent à la première séance d'information publique le 21 juillet à titre d'intervenant opposé à la mine.

Nous ne voulons pas avoir une gigantesque mine à ciel ouvert au milieu de tous ces lacs et de tous ces gens qui vivent autour. ~ Louis Saint-Hilaire, porte-parole d'un groupe environnemental local


Louis Saint-Hilaire insiste sur le fait que peu de résidents soutiennent le projet, surtout après que Lomiko a annoncé en mai avoir reçu une subvention de 11,4 millions $ du Pentagone.

Les gens sont furieux de cette situation, soutient-il.

Le Pentagone a affirmé que le graphite de Lomiko renforcerait les chaînes d'approvisionnement énergétiques nord-américaines et serait utilisé pour des applications de défense.

Lomiko a déclaré qu'elle mènerait des études de faisabilité et des études métallurgiques au cours des cinq prochaines années et qu'elle serait soumise à un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). L'entreprise prévoit de commencer l'aménagement du site d'ici 2027.

Le graphite est un minéral clé pour la fabrication d'équipements militaires. Un rapport de 2023 du Centre d'études stratégiques de La Haye, un groupe de réflexion sur la défense et la sécurité basé aux Pays-Bas, classe le graphite parmi les minéraux critiques dont la chaîne d'approvisionnement est menacée.

Le rapport explique que les armées européennes ont besoin de graphite pour fabriquer leurs avions de combat, leurs chars de combat, leurs sous-marins, leur artillerie et leurs munitions.

Des années avant une évaluation du BAPE


Dans un communiqué, Cindy Valence, directrice du développement durable de Lomiko, a déclaré à La Presse canadienne que l'entreprise avait déjà rencontré une multitude de parties prenantes et qu'elle suivrait tous les processus gouvernementaux en tant qu'opérateur responsable dans le secteur des minéraux critiques.

L'entreprise continuera de partager les résultats des tests de qualité de l'eau avec la communauté et de solliciter des commentaires locaux sur d'autres questions, notamment l'accès routier, selon Mme Valence. Elle a ajouté que la mine créera des emplois et aidera le Québec à atteindre ses objectifs stratégiques en matière de minéraux essentiels.

Selon le cabinet de la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette Vézina, il est important que les projets miniers qui se réalisent au Québec génèrent une acceptabilité sociale dans les communautés concernées.

Dans un communiqué distinct, le ministère a indiqué qu'il exige que les entreprises qui sollicitent des baux miniers reçoivent une autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec, un processus qui implique généralement la consultation du BAPE.

Afin de garantir l'intégration d'un projet minier dans son environnement d'accueil, les promoteurs sont fortement encouragés à mettre en place des mécanismes de dialogue avec les communautés très tôt dans le développement de leur projet.

Une citation de Ministère des Ressources naturelles du Québec

Cependant, selon M. Turgeon, il faudra peut-être des années avant que le BAPEprocède à une évaluation d'impact, longtemps après que les sociétés minières ont commencé à promettre des emplois et à centrer le débat sur le développement économique au détriment des considérations environnementales.

De plus, ce qui définit l'acceptabilité sociale reste flou.

Il n'y a actuellement aucune ligne directrice spécifique dans la Loi sur les mines [du Québec], ni dans aucune autre loi au Québec, pour définir l'acceptabilité sociale, a expliqué M. Turgeon.





Quebec town leaders, residents unite to decide fate of mine with ties to Pentagon: Lomiko Metals Inc. received $11.4 million from U.S. government for mining project
Joe Bongiorno 
July 13, 2024
CBC

Five Quebec municipalities located by a proposed site for a graphite mine with ties to the Pentagon have created an alliance to accelerate public consultations on the project and pressure the provincial government to listen to what locals have to say.

When Lomiko Metals Inc., a mining company based in Surrey, B.C., announced plans for a mine in Quebec's Laurentians region to produce graphite — one of the world's most sought after minerals needed for manufacturing electric vehicle batteries — some residents living nearby began protesting the project, fearing the potential harm to the environment.

They got even more upset when they learned that Lomiko received $11.4 million from the United States Department of Defence for the project.

Since then, municipalities near the proposed mine site — Duhamel, Lac-Simon, Cheneville, St-Emile-de-Suffolk and Lac-des-Plages — have taken charge of informing the public.

"Usually companies that want to build major projects have the responsibility to hold public consultations and ensure a level of 'social acceptability,'" says Duhamel Mayor David Pharand, spokesperson for the alliance.

But not this time. Pharand said the alliance wants to hold consultations over the next few months and then, by 2026, launch a type of vote, possibly a referendum, to find out exactly what people think of the project. However, Pharand says, the provincial government must agree that a referendum or other type of process to gather public opinion is a legitimate way to reflect the project's social acceptability.

Rodrigue Turgeon, national program co-lead at Mining Watch Canada, says the level of engagement from the communities so early in the process is "unusual" in the country, calling it a "true example to be followed by other municipalities."

Turgeon, who also practises environmental and mining law, says a referendum would be "unprecedented" for Quebec, though common in Latin America.

Louis Saint-Hilaire, president of a local environmental group, will attend the first public information session on July 21 as one of the speakers opposing the mine.

"We don't want to have a gigantic open pit mine in the middle of all those lakes and all those people living around them," he said, insisting that few locals support the project, especially after Lomiko announced in May it received a grant of $11.4 million from the Pentagon.

"People are furious about this," he said.

The Pentagon has said Lomiko's graphite will bolster North American energy supply chains and be used for "defence applications."

Lomiko has said it will be conducting feasibility and metallurgical studies over the next five years and will be subject to a review by Quebec's environment consultations office, known as the BAPE.

It says it plans to begin construction by 2027.

Graphite is a key mineral for manufacturing military equipment. A 2023 report by The Hague Centre for Strategic Studies, a defence and security think tank based in the Netherlands, lists graphite as a critical mineral whose supply chain is under threat. The report said European militaries need graphite for fighter aircraft, battle tanks, submarines, artillery and ammunition.

In a statement, Lomiko chief sustainability officer Cindy Valence told The Canadian Press that the company has already met with "a multitude of stakeholders" and will "follow all government processes as a responsible operator in the critical minerals sector."

The company will continue to share the results of water quality testing with the community and seek local feedback on other issues including road access, according to Valence, who added that the mine will create jobs and help Quebec meet its critical minerals strategy objectives.

The office of Quebec Minister of Natural Resources Maïte Blanchette Vézina said, "it is important that the mining projects that go forward in Quebec generate social acceptability in the communities concerned."

In a separate statement, the Natural Resources Department said it requires companies seeking mining leases to receive authorization under Quebec's Environment Quality Act, a process that generally involves consulting the BAPE.

"To ensure that a mining project integrates into its host environment, developers are strongly encouraged to set up mechanisms for dialogue with communities very early on in the development of their project," the department said.

However, Turgeon says it can take years for the BAPE to make an impact assessment, long after mining companies have begun promising jobs and centring the debate on economic development at the expense of environmental considerations.

Furthermore, what defines social acceptability remains murky.

"There are no specific guidelines in the [Quebec] Mining Act, nor in any other laws in Quebec at the moment to define social acceptability," said Turgeon.

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