mercredi 24 août 2022

Claims miniers: Un moratoire demandé par la MRC de Papineau

NON à la mine La Loutre de Lomiko !  
 

Le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon

Claims miniers: Un moratoire demandé par la MRC de Papineau
Yannick Boursier
le 24 août 2022 
L'Info Petite Nation 

Dans un nouveau mémoire adopté lors du conseil des maires, la MRC de Papineau exige un moratoire complet sur les nouveaux claims miniers jusqu’à ce que la question des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM) soit résolue.

C’est le troisième mémoire que la MRC dépose à Québec dans ce dossier, mais pour la première fois, elle demande un moratoire complet sur l’octroi de nouveaux claims non seulement pour la MRC de Papineau, mais pour toutes les régions ayant de la villégiature.

«On demande un moratoire dans toutes les régions touristiques et de villégiature du Québec, indique le préfet, Benoit Lauzon. Je pense qu’ils en ont assez donné. Qu’ils prennent le temps de s’asseoir avec nous, qu’on adopte nos territoires incompatibles et après ça, ils travailleront.»

Le préfet souligne que l’aménagement du territoire est de compétence municipale. «On a la responsabilité sur l’aménagement du territoire. Mais on ne nous consulte pas. Les mines sont au-dessus de tout. Le gouvernement travaille avec eux et lets go entrer sur un territoire et faites ce que vous voulez. C’est nous, ça ne fonctionne pas.»

Mesures

Outre la demande de moratoire, la MRC revient avec ses demandes pour permettre la protection des terres agricoles et des lacs. Pour les terres agricoles, les règlements préservent seulement les terres agricoles dynamiques, ce qui permettrait des projets de mines sur d’autres terres zonées agricoles sans que les municipalités puissent l’empêcher.

En ce qui concerne les lacs, la MRC de Papineau souhaite une protection entière et surtout plus grande des lacs. Présentement, il peut y avoir une bande de protection de 600 mètres autour d’une concentration de villégiature alors que la même bande de protection peut être de 1000 mètres autour d’un périmètre d’urbanisation dans une municipalité.

Les secteurs de villégiatures sont donc moins bien protégés et plus à risques des nuisances, notamment des nuisances sonores et visuelles selon la MRC.

Dans ce nouveau mémoire, la MRC de Papineau fait aussi une demande pour que tous les projets miniers, quelle que soit la grosseur, soient assujettis à une évaluation et des consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). «Exiger une évaluation et des consultations du BAPE pour tous les projets miniers serait une bonne façon de favoriser l’acceptabilité sociale», indique la MRC dans son mémoire.

Économie versus environnement

Lors des sorties des citoyens ou de la MRC en lien avec l’exploitation minière, d’autres citoyens soulignent aussi l’impact économique et environnemental que l’extraction du carbone peut avoir pour le secteur. On sait que ce minerai sert pour les batteries électriques, entre autres, et c’est pourquoi il est recherché en ce moment.

Questionné à ce sujet, Benoit Lauzon réitère que la MRC de Papineau est prête à accueillir des mines. «On en veut des mines, mais à la bonne place.» Selon lui, en allant de l’avant avec les demandes de la MRC, il reste encore beaucoup d’endroits où il pourra y avoir de l’exploitation minière.

Il indique aussi qu’il faut bien analyser les dossiers et voir tous les impacts à court, moyen et long terme. «Quand ça va faire 10 ans et qu’il va avoir des trous partout, du minerai et des montagnes partout, plus un arbre en forêt parce que tout va être détruit, est-ce qu’on va être content de voir qu’on a eu un peu d’argent dans notre compte de banque?»




Développement minier: La MRC de Papineau demande un moratoire
Ani-Rose Deschatelets
le 18 août 2022 

Visée par plusieurs titres miniers et ciblée pour son potentiel d’exploitation du graphite, la MRC de Papineau demande à ce que les activités minières soient mieux encadrées dans ses municipalités, en raison de l'incompatibilité du secteur minier dans certaines parties du territoire.

C’est ce qu'ont étalé les maires des municipalités de la MRC dans un mémoire d’une quinzaine de pages adressé au gouvernement du Québec. Une autre lettre à cet effet avait d’ailleurs déjà été envoyée au premier ministre François Legault, le 15 juillet dernier.

«Nous, ce qu'on dit au gouvernement du Québec, c'est que ça prend un moratoire pour l'instant. On a assez donné de claims, des claims, il y en a partout», a martelé le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon, qui affirme ne pas être contre le développement minier, mais souhaite plutôt que tout soit fait correctement. «On le sait, avec l'électrification des transports et avec le graphite qu'on a sur notre territoire, c'est certain qu'on va en avoir des mines. Pourquoi ne pas l'encadrer et la mettre à la bonne place pour qu'elle ait une acceptabilité sociale? Ce qui est le plus important et c'est ce qu'on n'a pas présentement.»

Une coalition d’organismes locaux et nationaux a rendu publique jeudi une nouvelle carte qui met en lumière le boom de claims miniers dans le sud du Québec depuis 18 mois. Un claim est un droit d’exploration, a expliqué le président de l'Association des propriétaires du lac Gagnon et porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, Louis Saint-Hilaire. «Ça bloque le développement parce qu’un claim a priorité sur tout, a-t-il lancé. Et il n'y a à peu près pas de protection pour les milieux naturels. [...] Ça ne veut pas dire que c'est une mine. [...] Les gens qui réservent des endroits-là pensent qu'il y a le potentiel de mines et ils veulent faire de l'exploration et peut-être éventuellement développer un gisement.»

Le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon

Avec une hausse du nombre de claims de 211% en 18 mois, l’Outaouais se classe au deuxième derrière Lanaudière, qui ont enregistré une hausse des titres miniers de 408%, mais devant les Laurentides et la Mauricie, où les claims ont bondi de 71,2% et 49,1%, respectivement. Dans le sud du Québec, on parle de mines pour exploiter le graphite, explique M. St-Hilaire, une composante importante des batteries pour véhicules électriques. «Ce qui est en train de se produire, c'est que le sud du Québec est en train d'être bloqué. On parle beaucoup de zones protégées par le gouvernement. S'il y a un claim qui est déjà là, il a priorité. [...] Il faut arrêter de “claimer” comme ça à la vitesse de 200 % dans l'Outaouais en 18 mois. Parce que dans un autre 18 mois, on a de bonnes chances d'avoir un autre de 200%. [...] L'idée, ce n’est pas de ville, on ne veut pas de mines, c'est on veut pas des même n'importe où et renégocier les règles pour tenir compte des citoyens et de la protection de la nature.»




Revendications

Parmi les revendications et modifications législatives demandées par les maires de la MRC de Papineau dans le mémoire, notons la protection de l'ensemble des territoires agricoles, l’étendue du périmètre d’implantation d’une mine en territoire de villégiature de 600 à 1000 mètres, ainsi que l’obligation de tenir un BAPE, un bureau d'audiences publiques, à tous les projets de mine dans le sud-ouest du Québec. «On n'est pas une région minière. Nos citoyens ne connaissent pas ce genre d'industries là. [...] Présentement, s'il y a un BAPE ou pas [c'est déterminé] avec la quantité de minerais qui pourraient être extraits. Les [entreprises minières], quand elles déposent des projets, elles se tiennent juste en dessous de la barre, pour s'assurer qu'il n'est pas de BAPE, pouvoir aller plus rapidement et passer outre plein de mesures, lance-t-il. On se fait marcher sur les pieds, certains! Le ministre a beau dire qu'il y a plein de claims qui sont demandés au Québec, mais qu'il n'y a qu'un petit pourcentage de mines qui voit le jour, mais une [mine] à la mauvaise place, c'est une de trop qui vient détruire notre territoire.»  La MRC de Papineau déplore également la préséance de la Loi sur les mines sur les règlements municipaux d’urbanisme et la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, peut-on lire dans un communiqué. 

La MRC de Papineau souligne l’appui qu’elle reçoit des MRC limitrophes de régionales et souhaite que cet appui perdure, alors que les maires ne se sentent pas écoutés par Québec, peste M. Lauzon. On veut continuer à rester debout pour défendre les intérêts d'une population qui est extrêmement inquiète ici. Ça fait un an que le ministre a pris un engagement de venir nous voir ou seulement de nous appeler. Et il ne nous a pas encore appelés. [...] Aujourd'hui, on interpelle le premier ministre, car on dit que c'est trop important. Je ne veux pas qu'on sacrifie une région comme la MRC de Papineau ou il y a seulement 25 000 de population pour créer des emplois qui vont détruire une région. Je ne veux pas être le petit coin du Québec qui va être sacrifié pour pouvoir faire de l'électrification des transports. Il n'en est pas question.»

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