L’étude coordonnée par la direction de la gestion de la faune de l’Outaouais a pour objectif de vérifier si la ouananiche et le touladi, mieux connu sous le nom de truite grise, sont en compétition pour la même nourriture.
Les quatre plans d’eau à l’étude font tous partie du bassin versant de la rivière Petite-Nation dans lequel la ouananiche a été introduite par ensemencement au fil des ans.
Des rapports réalisés dans trois des quatre lacs visés par l’analyse du MFFP ont démontré dans les dernières années que les populations de touladis étaient en baisse. Selon la biologiste à la direction de la gestion de la faune en Outaouais, Julie Deschênes, la présence de plus en plus importante de la ouananiche, qui a un régime alimentaire similaire à celui du touladi, pourrait représenter une hypothèse à ce phénomène.
«À ce moment, les objectifs étaient différents et nous n’avions pas nécessairement toute l’information par rapport à ce que ça pourrait avoir comme impacts, explique cette dernière à propos de l’ensemencement de ouananiche qui a été faite à une certaine époque dans le bassin versant de la rivière Petite-Nation. C’est sûr que les connaissances changent au fil du temps. On se rend compte aujourd’hui qu’il y a peut-être une problématique d’alimentation. Il y a certains lacs à touladis qui ont une baisse d’abondance, mais qui ont aussi d’autres problèmes reliés à la croissance. La proie de prédilection de la ouananiche, c’est l’éperlan arc-en-ciel qui est aussi une proie que le touladi affectionne particulièrement parce que c’est un poisson qui est gras et qui procure beaucoup d’énergie. On sait qu’il pourrait y avoir une compétition, mais on veut voir si c’est un problème.»
«Situation critique» dans le lac Gagnon
Le lac Gagnon, à Duhamel, est le plan d’eau faisant partie de l’étude où la présence de la truite grise s’est la plus détériorée dans les dernières années. Un rapport sommaire réalisé en 2017 sur ce lac avait démontré des données inquiétantes, souligne Mme Deschênes.
«Le lac est tout près du seuil qui dit que la valeur de touladis n’est pas suffisante pour que la réglementation puisse à elle seule remettre sur pied la situation. Il faudrait soit fermer la pêche pour cette espèce, soit faire des ensemencements de repeuplements. C’est quand même assez critique comme situation, mais pour aller de l’avant avec ces solutions, il faut trouver le problème qui cause les baisses de population», affirme la biologiste.
La recherche qui s’amorce a aussi pour but «d’évaluer certains enjeux socioéconomiques liés à la pêche de ces deux espèces, notamment ce que les pêcheurs recherchent et leur degré de satisfaction», précise Mme Deschênes.
Collaboration des pêcheurs
Pour mener à terme son étude, la direction de la gestion de la faune de l’Outaouais postera des spécialistes du MFFP sur les lieux de mise à l’eau des différents lacs visés, ces prochaines semaines.
Ce dimanche 9 mai, à la marina du lac Simon, de 11h à 18h, les pêcheurs de ouananiches et de touladis sont invités à aller présenter leurs prises aux experts du ministère.
«Les spécialistes analyseront les poissons et prélèveront l’estomac et les os de l’oreille interne (otolithes) afin de déterminer leur âge et ce qu’ils ont mangé. Les pêcheurs seront également invités à remplir un questionnaire en ligne. À la suite des analyses du MFFP, les pêcheurs qui le souhaitent pourront recevoir de l’information sur leurs prises», explique le MFFP, dans un communiqué de presse.
Pour le lac Montjoie, dans la réserve faunique de Papineau-Labelle, les spécialistes du MFFP seront présents les samedis 15, 22 et 29 mai, de 11h à 18h.
Finalement, pour le lac des Sept Frères, il sera possible pour les pêcheurs d’aller présenter leurs prises aux intervenants du ministère les dimanches 16, 23 et 30 mai, de 11h à 18h.
Puisque l’étude se poursuivra jusqu’à la fin de la période de la pêche, en septembre, il faudra durant la période estivale «prélever la tête et les viscères de chaque ouananiche et de chaque touladi pêchés et les conserver au congélateur, dans des sacs hermétiques individuels, indiquant la date, le nom du lac et de l’espèce (touladi ou ouananiche)» et ensuite communiquer avec Mme Deschênes par courriel au julie.deschenes@mffp.gouv.qc.ca «pour convenir d’une méthode sécuritaire pour transmettre vos échantillons».
Les pêcheurs devront finalement remplir un questionnaire en ligne sur le site du MFFP.
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