NON à la mine La Loutre de Lomiko !
12 septembre 2022
La Presse
« Les citoyens ici, ils n’en veulent pas, de mines, et ils n’en voudront jamais. Il faut que ça s’arrête », dénonce Gilles Charest, conseiller municipal de Lac-des-Plages.
À la mi-mai, Lomiko Metals a entamé une troisième phase d’exploration minière dans les montagnes de Lac-des-Plages, en Outaouais, à la recherche de graphite, un précieux minerai utilisé dans la fabrication de batteries de véhicules électriques. L’entreprise de la Colombie-Britannique doit creuser 120 trous de 150 mètres de profondeur d’ici la fin du mois d’octobre, afin d’évaluer le potentiel d’y établir une mine à ciel ouvert.
Le conseiller municipal Gilles Charest assure que plus de 90 % des citoyens s’opposent au projet minier qui pourrait voir le jour dans cette zone touristique et de villégiature.
C’est de l’argent mal investi par l’industrie minière si, après avoir dépensé des millions de dollars, elle se fait dire que l’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous. Personnellement, je trouve que ce n’est pas très honnête.
Gilles Charest, conseiller municipal de Lac-des-Plages
Les citoyens de Duhamel, le village voisin, sont aussi préoccupés par les travaux qui s’effectuent à 500 mètres à peine du lac Doré, un cours d’eau bordé de 90 résidences. C’est là que la mine pourrait voir le jour si les recherches de graphite s’avèrent concluantes.
« Les claims sont de plus en plus proches des habitations », dénonce David Pharand, maire de Duhamel. Lomiko Metals détient 76 claims sur une superficie de 4003 hectares comprenant une trentaine de lacs et de cours d’eau à Lac-des-Plages. En Outaouais, les titres miniers qui permettent de chercher des substances minières (claims) ont d’ailleurs triplé en seulement 18 mois, ajoute M. Pharand.
« Ça cause de plus en plus d’inconvénients et de problèmes de qualité de vie pour les citoyens », dit-il.
Dans sa municipalité, de nombreux résidants se plaignent du bruit causé par les forages exploratoires. M. Pharand a contacté Lomiko Metals à ce sujet, il y a quelques semaines. « L’entreprise nous dit que la machinerie ne dépasse pas 30 décibels, ce qui équivaut à une bonne pluie. Mais c’est comme s’il pleuvait constamment 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. À la longue, ça devient véritablement irritant », raconte-t-il.
Le maire demande au gouvernement de mieux contrôler les endroits où les claims sont accordés, pour éviter les « conflits d’usage » entre les citoyens et les entreprises. L’exploration et l’exploitation minières devraient être interdites à une certaine distance des lacs habités, ajoute-t-il.
Sur notre territoire, on a grosso modo 400 km2 de terres publiques. Ce qu’on prétend, c’est que les claims miniers auraient pu être mieux placés.
David Pharand, maire de Duhamel
Questionné à savoir pourquoi des forages exploratoires ont lieu dans une municipalité qui s’oppose à une mine, le cabinet de François Legault a affirmé que le Québec « a tout à gagner » à développer des technologies vertes et des sources alternatives d’énergie.
« Le premier ministre a été clair : il n’y a aucun projet minier qui va se faire sans qu’il y ait une acceptabilité sociale. L’acceptabilité sociale n’est pas seulement une condition gagnante, mais une condition fondamentale pour tout projet », a indiqué Ewan Sauves, attaché de presse de François Legault, sans toutefois évoquer l’exploration minière.
« Des relents de Far West »
Louis Saint-Hilaire, porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation (RPLPN), affirme que la plupart des maisons de Duhamel et de Lac-des-Plages sont des résidences permanentes, pas des chalets. « Les gens qui sont installés ici, c’est pour être loin du bruit, pour éviter la ville, pour vivre la vie de campagne, en forêt. Là, ce qu’ils voient arriver, c’est un parc industriel. Ça risque de devenir un paysage lunaire », explique-t-il.
Le regroupement de citoyens s’inquiète aussi pour la quantité de roc qui sera éventuellement exposée aux pluies. L’eau se déversera vers le lac des Plages et le lac Doré, affirme M. Saint-Hilaire. Le lac Simon, où la SEPAQ gère un important centre touristique, s’approvisionne du ruisseau Doré (qui s’approvisionne lui-même du lac Doré).
Le RPLPN souligne que le développement minier pourrait aussi avoir un impact sur 37 espèces animales et végétales sensibles, menacées ou vulnérables, dont l’habitat d’hiver de cerfs de Virginie.
Ugo Lapointe, cofondateur de la Coalition Québec meilleure mine, soutient que même si le gouvernement québécois veut accélérer la transition énergétique et, donc, accélérer l’exploitation minière, il faut mieux réfléchir à la façon d’accorder des claims miniers. « Notre Loi sur les mines a encore des relents de Far West », dit-il.
« Les claims miniers poussent comme des champignons dans les zones touristiques, dans les milieux naturels valorisés sans que les citoyens soient informés ou consultés. C’est fait de façon chaotique, sans planification. C’est un problème ! », dénonce-t-il.
Lorsque des claims sont accordés, les municipalités ne peuvent plus créer des aménagements comme des parcs régionaux, des aires protégées ou des projets récréotouristiques sur ces sites, explique M. Lapointe.
Tout le monde est d’accord pour développer intelligemment une filière minière au Québec, mais pas de la façon dont ça se fait actuellement […] Si on développe des autos électriques en détruisant nos milieux naturels, ce ne sera pas gagnant.
Ugo Lapointe, cofondateur de la Coalition Québec meilleure mine
Jointe par courriel, l’entreprise Lomiko Metals affirme être au fait des inquiétudes des citoyens. « Nous reconnaissons les préoccupations et le travail qui doit être fait pour arriver à un processus consensuel. Nous ne pouvons pas faire cela seuls », affirme Kim Darlington, porte-parole de l’entreprise.
L’entreprise canadienne affirme qu’elle a remis un dépliant à chacun des résidants du secteur, avec des coordonnées afin qu’ils puissent poser des questions ou porter plainte. « Nous répondons de manière proactive à toutes les préoccupations, et en ce qui concerne le bruit, nous avons des moniteurs qui nous fournissent des données […] À l’heure actuelle, nous ne contrevenons à aucune limitation de bruit. »
Lomiko Metals est convaincue qu’il est possible de développer le secteur minier « responsablement » à proximité de villages, de villes et d’habitations. « Nous espérons travailler avec les citoyens pour démystifier cette industrie et faire connaître les avantages pour la région », a poursuivi Mme Darlington.
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12 septembre 2022
Plusieurs municipalités opposées aux forages miniers en zone récréotouristique ne sont pas satisfaites de la réponse du premier ministre François Legault.
Interpellé sur cet enjeu la semaine dernière en point de presse, M. Legault avait indiquéqu'il n'y aurait pas d'exploitation minière sans acceptabilité sociale. Il a réitéré l'engagement de son parti à réduire les émissions de GES de 37,5 % d'ici 2030.
Lundi, les municipalités de Lac-des-Plages et Duhamel ont ajouté leurs voix à celles d’autres municipalités qui interpellent le gouvernement du Québec pour décréter un moratoire sur l’attribution de nouveaux claims miniers dans le sud de la province.
Un ajout qui ne constitue pas une surprise dans la mesure la MRC
de Papineau, dont elles font partie, s’était déjà prononcée pour un moratoire sur le développement minier, en août.Dans les faits, ça fait des années qu’on interpelle le gouvernement par des dépôts de mémoires et on n’a pas eu de réponses à ces mémoires
, regrette le maire de Duhamel, David Pharand, en entrevue à ICI Ottawa-Gatineau. Le dernier date de quelques mois qui s’est adressé au premier ministre pour s’assurer que le message soit bien entendu. Depuis des années, on souhaite principalement protéger notre activité économique, le récréotourisme, la villégiature. Il y a d’autres éléments dans le mémoire qui souhaite protéger l’agriculture et l’industrie forestière.
« Le danger qui nous guette, c’est l’arrivée de claims aux abords des lacs habités de notre région de l’Outaouais et maintenant, on constate que ce n’est pas juste l’Outaouais, mais bien le sud du Québec qui est affecté sérieusement par l’arrivée de ce que je qualifierai de boom minier, puisqu’en Outaouais, en 18 mois, les claims ont plus que triplé. »
Plusieurs municipalités demandent depuis plusieurs mois de réviser les orientations gouvernementales régissant les territoires incompatibles avec l’activité minière
au Québec.
Nous ne sommes pas satisfaits des récentes déclarations du premier ministre François Legault selon lesquelles il n’y aura pas de mines sans acceptabilité sociale
, se désole Gilles Charest, conseiller municipal et porte-parole du dossier pour la municipalité Lac-des-Plages, dans un communiqué de presse diffusé lundi. Ces déclarations ne règlent en rien le problème des claims et des forages miniers qui continuent de se multiplier sur nos territoires sans aucune évaluation environnementale ni consultation publique
.
Déjà des effets pour les résidents, selon le maire de Duhamel
Le maire de Duhamel David Pharand ajoute que les municipalités souhaitent que le premier ministre et tous les partis politiques se prononcent sur la nécessité d’un moratoire pour ne pas aggraver la situation
.
Nous leur demandons de s’engager à revoir les règles actuelles afin de protéger nos zones touristiques, les lacs et nos milieux naturels hautement valorisés
, dit-il. On juge qu’il faut arrêter le train qui est mal parti pour s’asseoir ensemble, avec les différents ministères, pour s’assurer que notre région reçoive cette activité minière avec une saine administration, une saine gestion. On ne peut pas se permettre, par exemple, que le lac d’Argile, qui est bien connu dans la région, puisse être claimé et présentement, c’est le cas du côté est. [...] On parle d’un lac habité.
Si les claims existants sont des droits acquis, reconnaît-il. Leurs effets se font déjà sentir, raconte le maire.
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