Algues bleues: pas de nouvelles mesures avant fin septembre
Caroline Touzin
Le jeudi 02 août 2007
La Presse
Québec
Aucune mesure coercitive ni aide financière ne seront ajoutées au plan de lutte contre les algues bleues du gouvernement québécois avant la tenue d'un «rendez-vous stratégique» auquel le premier ministre Jean Charest participera à la fin septembre, a prévenu la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp. Une «mesure de diversion», selon Greenpeace; une banalisation du problème, selon les partis d'opposition.
De retour de vacances, Mme Beauchamp a reconnu que la diffusion de la liste des 85 lacs aux prises avec une éclosion de cyanobactéries ait pu provoquer «un sentiment d'inquiétude». Elle mise sur une tournée des 11 régions touchées pour «mieux informer la population sur la portée de l'avis de mise en garde».
La ministre s'est défend d'avoir été alarmiste en publiant sur une même liste des mises en garde et des avis de santé publique. Ainsi, sur les 85 lacs de la liste, il y en a 13 pour lesquels le ministère de la Santé a émis un avis de santé publique. Le Ministère y a interdit la consommation d'eau, la baignade ou encore l'utilisation de l'eau pour se laver. Une façon de procéder «moins drastique» que l'an dernier, a ajouté Mme Beauchamp, alors que les 72 lacs mis sur la liste en 2006 avaient été immédiatement «fermés» par le Ministère.
À condition d'être vigilants, les riverains peuvent se baigner dans un lac pour lequel on a lancé une simple mise en garde, a précisé la ministre Beauchamp. Personne n'a été malade après s'être baigné dans un lac cet été, a-t-elle souligné. Autre point positif pour la ministre de l'Environnement: 100 000 arbres ont été plantés autour des lacs depuis l'annonce du plan d'action, en juin.
Cette mise au point était nécessaire, selon plusieurs groupes environnementaux. «La ministre a péché par excès de transparence. Les gens commencent à peine à comprendre ce qu'est une éclosion de cyanobactéries», a réagi le directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ), Philippe Bourke.
Greenpeace est moins enthousiaste. «Le ministère de l'Environnement connaît les causes du problème depuis des années. Il a des piles de rapports sur son bureau. Cette rencontre ne sera que du blabla au moment où le problème se fera moins sentir», a critiqué le porte-parole de Greenpeace, Éric Darier.
De nombreux groupes écologistes et spécialistes des cyanobactéries ont réclamé une réglementation plus sévère notamment pour décourager les agriculteurs d'épandre un surplus de lisier liquide, une importante source de phosphore à l'origine de la prolifération des algues bleues. Sans un «large consensus au Québec sur le type d'actions contraignantes à appliquer», le gouvernement ne compte pas sévir, a indiqué la ministre Beauchamp. Son gouvernement refuse d'ailleurs de montrer du doigt les agriculteurs, comme Greenpeace l'a fait plus tôt cette semaine.
L'opposition officielle estime qu'il faut dès maintenant renforcer la réglementation. «C'est assez l'ère des pamphlets, il faut aider les municipalités», a indiqué François Bonnardel, député adéquiste de Shefford. La chef du Parti québécois, Pauline Marois, se dit quant à elle déçue par la sortie de la ministre, qu'elle accuse de banaliser la situation. «Elle fait comme à son habitude: parle et ne propose aucune véritable solution», déplore-t-elle. Mme Marois ajoute que son parti rendra bientôt publiques ses propres recommandations pour freiner les algues bleues.
De son côté, l'ADQ suggère déjà de permettre aux municipalités d'emprunter pour financer la rénovation de fosses septiques déficientes. L'opposition officielle propose aussi de revoir l'autorisation de produits nettoyants contenant du phosphore. Les bandes riveraines imposées aux agriculteurs pour l'application d'engrais doivent aussi être reconsidérées, soutient M. Bonnardel.
Un règlement national sur l'imposition de bandes riveraines, un autre spécifique visant les bandes riveraines sur les terres agricoles, un meilleur contrôle des fosses septiques sont d'ailleurs quelques idées venues aux oreilles de la ministre ces dernières semaines. Aux abords de quelque 40 des 85 lacs touchés, le ministère de l'Environnement a noté une activité agricole. Depuis juin, Services Québec et le ministère de l'Environnement ont reçu 2000 appels ou demandes par courriel de citoyens sur la prolifération des algues bleues.
Avec la collaboration de Sébastien Rodrigue
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