Question: Les commerces de Cheneville et la petite Nation, fait-ils assez?
Les supermarchés à l'heure du recyclage
Stéphane Champagne
Le jeudi 02 août 2007
La Presse
Collaboration spéciale
C'est connu, les Nord-Américains créent beaucoup de déchets. Chaque Québécois en produirait en moyenne une demi-tonne par année. Imaginez alors un supermarché qui reçoit et produit chaque semaine des montagnes de nourriture périssable. C'est sans compter la masse de produits d'emballage utilisés.
Lentement, mais sûrement, les centaines de grandes surfaces en alimentation prennent le virage vert au Québec. Interpellé par le nombre de conteneurs à déchets qu'il envoyait chaque semaine à l'enfouissement, Serge Fleurent (photo), propriétaire d'un IGA Extra à Granby, a décidé de renverser la vapeur en misant sur le recyclage et la revalorisation des déchets. Résultat: depuis l'an passé, le supermarché recycle 89% de ses matières résiduelles.
Le IGA de M. Fleurent aurait été le premier au Québec à pousser aussi loin l'effort de recyclage. La démarche de Serge Fleurent en inspire d'ailleurs plusieurs, dit-il. L'épicier reçoit régulièrement la visite de propriétaires de supermarchés (toutes chaînes confondues) qui désirent suivre son exemple. Toutefois, le vrai pionnier à s'être doté d'une politique de recyclage serait le IGA de Victoriaville, berceau du mouvement vert au Québec.
Au supermarché de Granby, les habitudes des employés ont été chambardées. Fini l'époque de l'unique poubelle où tout était jeté. Différents bacs de recyclage ont été installés dans chaque département (boulangerie, fruits et légumes, prêt-à-manger, boucherie, etc.). Les résidus d'animaux (viande, os, gras), le papier, le plastique, le verre et le métal, mais aussi les huiles de cuisson, sont ainsi dorénavant récupérés au lieu de prendre la direction du conteneur à déchets.
La pièce de résistance demeure toutefois la récupération des fruits et légumes qui, à eux seuls, représentent facilement quelque 200 000 kg de déchets annuellement. Ils sont maintenant pris en charge par un agriculteur de Saint-Paul-d'Abbotsford dont la mission est de transformer cette orgie de déchets organiques en compost. Du compost qui sera éventuellement offert aux clients du IGA de Granby.
Étonnamment, les frais de 20 000$ encourus par Serge Fleurent (achat de bacs, salaires des consultants, etc.) pour la mise en place de ce programme de recyclage ont rapidement été amortis, simplement en réduisant la quantité de polystyrène (styromousse) et de pellicule plastique utilisée pour emballer, notamment, les fruits et les légumes.
Accessible
Recycler et revaloriser, à petite ou à grande échelle, est beaucoup plus à notre portée qu'on le croit, affirme le propriétaire du IGA de Granby. En 2006, lorsqu'il a embauché Émilie Robitaille, étudiante en géographie environnementale, et Isabelle Martin, une consultante de Sherbrooke, Serge Fleurent croyait qu'il allait récupérer seulement 25% de matières résiduelles. Les résultats obtenus dépassent largement ses attentes.
Le supermarché granbyen exhibe d'ailleurs devant son commerce une bannière annonçant qu'il a reçu l'attestation «Ici on recycle». Il s'agit d'une attestation de performance que l'organisme Recyc-Québec remet depuis 2003 aux industries, commerces ou institutions (ICI) qui mettent en valeur au moins 65% des matières résiduelles qui sont «valorisables». Cette initiative s'inscrit dans la foulée de la «Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008».
Même si certaines municipalités québécoises ont adopté des règlements favorisant le recyclage et la récupération chez les particuliers et au sein des entreprises sur leur territoire, il n'existe aucune obligation légale au Québec en matière de recyclage.
Ce qui expliquerait pourquoi seulement 54 manufacturiers, commerces ou institutions ont obtenu leur attestation «Ici on recycle» depuis 2003 dans l'ensemble de la province. Rappelons qu'il faut payer entre 100$ et 500$ (selon la taille et la nature de l'entreprise) pour obtenir une telle attestation. Encore faut-il prendre le temps de s'y inscrire.
Outre le IGA de Granby, deux supermarchés Metro (l'un à Sorel; l'autre à Sainte-Julienne) et deux épiceries indépendantes (Corneau-Cantin, de Chicoutimi, et La Manne, de Victoriaville) figurent sur la liste des 54 bons citoyens corporatifs qui ont obtenu l'attestation Recyc-Québec.
Autres initiatives
Selon les porte-parole des trois géants de l'alimentation, il n'y aurait pas d'autres supermarchés sur le point d'allonger cette liste. Toutefois, différentes initiatives moins connues du grand public sont mises de l'avant aux quatre coins de la province.
Les 89% de matières recyclées au IGA de Granby ne semblent pas impressionner Sophie McGreevy, de Loblaws. Selon la responsable des affaires corporatives, «c'est en moyenne 75% des matières qui sont détournées de l'enfouissement par l'application de nos programmes existants de réutilisation et recyclage dans les magasins de nos différentes bannières (Loblaws, Maxi, Provigo)». Par ailleurs, ajoute-t-elle, «certains magasins ont commencé à récupérer les matières organiques pour leur valorisation en compost».
Selon Marie-Claude Bacon, de Metro, un Super C a mis en branle un projet pilote qui vise à transformer en compost ses déchets organiques. Sinon, chaque supermarché de la famille Metro est tenu, dit-elle, de recycler le carton et le plastique, de même que la pellicule plastique utilisée sur les palettes de livraison. «Et on cherche actuellement à réduire les quantités d'emballages utilisés», explique la porte-parole de Metro.
Chez Sobeys, maison mère des IGA, on se félicite évidemment des initiatives des IGA de Granby et de Victoriaville. Mais aucun autre supermarché n'est sur le point de les rejoindre au panthéon du recyclage, affirme Anne-Hélène Lavoie, du service des communications. Toutefois, «la plupart des magasins prennent des initiatives», dit-elle.
Entre autres exemples, chaque supermarché de la bannière récupère les sacs plastique que les clients lui rapporte et les utilise pour en faire fabriquer de nouveaux. Sobeys peut également se targuer de compter depuis juin 2006 le supermarché le plus vert au pays. Il est situé à Saint-Pascal-de-Kamouraska et a été accrédité LEED, un standard américain en écoconstruction, dit Anne-Hélène Lavoie. Par ailleurs, Sobeys construira sous peu à Trois-Rivières un nouveau centre de distribution «vert» de 30 millions.
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